Michael Connelly s’est toujours collé à la réalité pour écrire ses romans, s’inspirant des détectives – et des avocats – qu’il côtoie depuis des années pour créer ses personnages.

Mais l’inspectrice Renée Ballard a ceci de particulier qu’elle est directement inspirée de l’enquêtrice à la section des homicides du Los Angeles Police Department (LAPD) Mitzi Roberts (que le LA Times avait d’ailleurs interviewée dans un article fort intéressant en 2019). Et c’est sans doute cette authenticité qui fait de l’héroïne l’un des personnages les plus marquants de la littérature policière en ce moment.

Dans ce quatrième titre la mettant en scène, l’inspectrice enquête sur deux affaires, l’une l’entraînant sur la piste de deux violeurs en série, surnommés les « hommes de minuit », et l’autre sur un meurtre lié à un cas jamais résolu sur lequel avait travaillé Harry Bosch.

C’est ainsi que celui-ci réapparaît au côté de Renée Ballard. Malgré ses soucis de santé, l’inspecteur à la retraite n’est jamais loin, toujours prêt à couvrir ses arrières – même s’il n’est pas toujours d’accord avec les risques qu’elle prend. Et des risques, elle en prend plus d’un dans cette histoire, ainsi qu’un grand nombre de libertés qui lui valent de sérieux ennuis avec ses supérieurs, mais qui mènent à des scènes magistrales, terrifiantes et hautement angoissantes.

Avec Renée Ballard, on retrouve, 30 ans plus tard, la fougue, la ténacité et le caractère frondeur d’un jeune Harry Bosch – et tout le génie de l’écrivain américain qui nous guide ici avec autant d’intensité dans les rues obscures de Los Angeles qu’au cœur de la crise que vivent les forces de l’ordre. Car en ce début d’année 2021, où se déroule l’intrigue, ça va mal, très mal au sein du LAPD. « Après George Floyd et vu qu’on patauge dans la COVID-19, le définancement de la police et le reste... Plus personne ne bosse [...] Tout le monde s’en fout. Les crimes augmentent, mais les arrestations diminuent et des tas de gens laissent tomber », dit Renée Ballard à Harry Bosch.

Cette incursion au cœur de la désillusion et du désengagement qui règnent parmi les rangs du LAPD est tout aussi passionnante que le portrait de cette ville mythique, transformée par la pandémie, qui se dessine parallèlement à l’enquête. Et retrouver une héroïne forte et inspirante au côté d’une figure iconique du polar est tout simplement une formule gagnante. Alors qu’un cinquième polar avec Renée Ballard et Harry Bosch est déjà paru en anglais (Desert Star), espérons seulement que la traduction future aura droit à une relecture plus poussée que celle qui a laissé de nombreuses coquilles dans Les ténèbres et la nuit.

Les ténèbres et la nuit

Les ténèbres et la nuit

Calmann-Lévy

414 pages

8/10