Après nous avoir entraînés l’an passé dans le massif enneigé du Vercors au fil d’un récit glaçant, Niko Tackian fait désormais pointer la boussole vers une île reculée et trompeusement paradisiaque. Là, échouent ceux ayant confié à une mystérieuse entreprise le soin d’effacer toute trace de leur vie actuelle pour en redémarrer une autre.

Il suffit d’avaler la pilule noire (coucou Matrix) et plouf, on se réveille sous les cocotiers d’un village quasi déserté. Yohan, écrivain en perdition, choisit ainsi de repartir de zéro, se retrouvant affublé d’un nouveau nom et d’un rôle à jouer, celui de « détective ». Mais l’île providentielle s’avère rapidement pestilentielle, avec ses habitants peu amènes, l’absence de voies de sortie et la sensation d’être constamment épié. Surtout, la mort plane sur chaque sentier.

Tout comme le protagoniste, on brûle de démasquer les tenanciers de cette île-prison et leurs sombres desseins, cette interrogation menant jusqu’au dernier chapitre, servie par une écriture plutôt digeste. Mais le lecteur trouvera (tout comme le protagoniste, bis repetita) quelques obstacles dans la quête de la vérité, comme des personnages fricotant avec le stéréotype, peinant à se démarquer, mais aussi des airs de déjà-vu/déjà-lu. Respire renvoie explicitement à des œuvres notoires (Moby Dick, L’île du docteur Moreau), et d’autres plus confidentielles, à tout le moins dans la culture francophone (L’île de Felsenbourg). On discerne la fascination de l’auteur pour le cadre insulaire et sa portée symbolique, mais les spectres omniprésents de Shutter Island et de Squid Game nous donnent l’impression de marcher dans des traces de pas déjà formées dans le sable.

Respire

Respire

Calmann Lévy

300 pages

5/10