Après la radio, la télé et plusieurs Album du peuple, l’univers foisonnant et décalé de François Pérusse débarque sur scène. Résultat : un étourdissant condensé de l’univers éclaté du prolifique humoriste.

PHOTO DOMINICK GRAVEL, LA PRESSE

Aucun son n’émane des comédiens. Les acteurs reprennent plutôt la recette du succès d’Ariel Charest en faisant du lipsync, pendant qu’une trame sonore préenregistrée par François Pérusse s’échappe des haut-parleurs. Leur performance est convaincante, surtout quand on connaît la vitesse du débit de paroles de l’humoriste. On salue également leurs capacités cardiovasculaires. Qu’ils soient en train d’exécuter des danses chorégraphiées, de monter et descendre des marches, de revenir des coulisses après un rapide changement de costumes ou tout simplement de s’échanger la réplique, ils n’apparaissent jamais fatigués.

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Bien qu’on n’ait entendu qu’une poignée d’éclats de rire durant le spectacle, le public, particulièrement attentif, a semblé apprécier cette incursion dans le royaume pérussien. La foule a réservé un accueil chaleureux à certains sketchs et personnages désormais cultes, dont Jean-Charles, cet ami jovialiste, légèrement agaçant, prêt à tout pour aider ses proches, interprété par Joseph Martin. L’animateur de radio communautaire Louis-Paul Fafard Allard, le gars qui magasine un ski-doo et Tata Boutlamine ont également suscité des applaudissements approbateurs.

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La mise en scène du spectacle est signée Guillaume Lambert, qui regardait attentivement le résultat final, parmi les festivaliers, lorsque notre photographe est passé sur l’esplanade. Outre des sketchs, le spectacle comprend quelques chansons humoristiques tirées du répertoire de Pérusse, dont Mon prof de gym (sur l’air du ver d’oreille Pump Up the Jam de Technotronic), Brouillard sur le cimetière, Mon p’tit chien et Snack-bar chez Raymond, avec chapeaux de cowboy, costume de hot-dog et veste de jeans avec franges.

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Pas besoin d’avoir écouté chacun des 16 Album du peuple des centaines de fois ou d’avoir suivi attentivement la carrière radiophonique et télévisuelle de François Pérusse pour apprécier la proposition du festival Juste pour rire. La preuve ? Même si on manquait crûment de références sur certains extraits (contrairement à plusieurs spectateurs qui récitaient chaque réplique mot pour mot) et qu’on peinait parfois à suivre (faute de fil conducteur clair), on n’a jamais décroché. À voir le nombre d’enfants enthousiastes dans l’auditoire, on constate que l’œuvre de l’humoriste transcende les générations.

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Les textes de François Pérusse avaient déjà été portés au petit écran (Le JourNul, Pérusse Cité), mais ils n’avaient encore jamais fait l’objet d’une adaptation scénique en bonne et due forme. D’après notre chronomètre, Les 20 minutes du peuple s’étirent sur 24 minutes et 20 secondes, soit l’équivalent d’une douzaine de capsules de 2 minutes. On sort du spectacle légèrement étourdi, mais satisfait d’avoir renoué avec Mona et plusieurs autres héros comiques qui accompagnaient nos longs trajets d’auto en famille quand on était petit.

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Pour tuer le temps en attendant le début du spectacle, au lieu de subir les envolées vocales rarement justes des passants dans l’espace karaoké, vous pouvez empoigner votre téléphone intelligent – et vos écouteurs – pour réaliser le « parcours ludique » thématique François Pérusse. Plutôt simplistes, les questions n’interpelleront aucun adulte, mais pour chaque bonne réponse, vous entendrez un extrait du répertoire de Pérusse qui saura raviver de beaux souvenirs et, surtout, vous faire oublier les festivaliers qui massacrent Zombie des Cranberries, La tribu de Dana de Manau ou Barbie Girl d’Aqua.

Le spectacle Les 20 minutes du peuple est offert à la Place Loto-Québec jusqu’à samedi. Trois représentations par soir : 19 h, 20 h et 21 h 30. C’est gratuit.