Chers amis, c’est le temps de voter ! Chers amis, je vous demande d’applaudir le Caméléon ! Chers amis, c’est comme ça que ça se termine !

Après trois mois de compétition, où l’animateur Guillaume Lemay-Thivierge a dû prononcer 83 fois les mots « chers amis », l’énergique Caméléon a agrippé – grosse surprise ! – le Masque d’or de Chanteurs masqués en se déhanchant sur I’m Too Sexy de Right Said Fred. Et seul le juge-enquêteur Sam Breton a découvert qui se dissimulait dans le costume vert du reptile : l’humoriste Michel Courtemanche.

Ce n’est pas la voix de Michel Courtemanche (correcte, sans plus) qui l’a fait triompher, mais ses mouvements comiques, son habile façon d’interagir avec la foule et sa bonne humeur contagieuse. Un coup de bassin à la fois, le Caméléon, un mime de métier, ne l’oublions pas, a charmé les spectateurs.

PHOTO TIRÉE DE LA PAGE FACEBOOK DE L’ÉMISSION

C’est l’humoriste Michel Courtemanche qui se trouvait dans le costume du Caméléon.

Car les trois autres finalistes de l’émission-canon de TVA possédaient de plus beaux instruments vocaux que le Caméléon, il faut le dire. Ma préférée, Mutante Rita, cachait nulle autre que la grande Marie Denise Pelletier, qui a bluffé les quatre détectives au balcon, qui pensaient plutôt à Brigitte Boisjoli, Jeanick Fournier ou France D’Amour dans ce rôle de femme au foyer d’une pièce de Michel Tremblay qui aurait vécu dans Stranger Things.

Michel Courtemanche a également éclipsé Mario Pelchat, coach à La voix, qui a enfilé le costume du Loup aux yeux perçants. Dans un vrai combat de chant, où les voix ne passent pas au tamis électronique, jamais Michel Courtemanche, 58 ans, n’aurait envoyé au tapis Marie Denise Pelletier ou Mario Pelchat, voyons donc.

La tête de Lion camouflait celle de Rita Baga, qui a été épatante sur My Heart Will Go On de Céline Dion, accompagnée d’une harpiste aux tatouages tribaux. Anouk Meunier a été plus perspicace que ses camarades, qui entendaient Marc-André Fortin ou Anthony Kavanagh plutôt que la drag queen et animatrice.

Après Wilfred LeBouthillier et Marie-Élaine Thibert (saison 1) et Véronique Claveau (saison 2), Michel Courtemanche devient ainsi le premier « non-chanteur » à s’inscrire au tableau d’honneur de l’émission la plus regardée de la télé québécoise.

Du côté de Révolution, de magnifiques numéros ont illuminé nos écrans : le métro ludique de Jordan et Santiago, la pluie salissante de Sébastien Leroux, la plateforme triangulaire de Sean Wathen ainsi que l’horloge géante de Gabrielle Boudreau. Avec des notes respectives de 95 et 94, ce fut très serré, Gabrielle et Sébastien, deux danseurs contemporains, ont progressé à l’étape ultime. La révolution de Sébastien, où il se pliait en deux dans les airs, a été aussi spectaculaire que celle de Gabrielle, qui a précisément exécuté un grand écart au-dessus des aiguilles de l’immense cadran déposé sur la scène circulaire.

PHOTO OSA IMAGES, FOURNIE PAR LA PRODUCTION

Gabrielle Boudreau est la gagnante de Révolution.

La dernière prestation de Gabrielle Boudreau, sur la pièce Hypersensible de Cat Loris, lui a valu le titre de championne de la cinquième saison de Révolution. C’est la première fois qu’une femme – et qu’une soliste – remporte la bourse de 100 000 $. Les quatre premiers chapitres de Révolution ont été dominés par des paires ou des groupes.

Elle a été touchante, originale, vulnérable et brillante, Gabrielle Boudreau, 22 ans, originaire de Petit-Rocher, au Nouveau-Brunswick. Son numéro de la semaine dernière sur les violences sexuelles a été le plus puissant de cette édition.

À L’heure de vérité d’Occupation double, big, la lauréate Mia Bleu-Voua, la moitié du duo Simialoès, a résumé un automne complet de téléréalité en une phrase punchée, ne renfermant aucun mot en anglais, un exploit pour elle : « personne ne s’est vraiment mouillé », a-t-elle philosophé à la fin d’un épisode bilan tranquille, à l’image d’une saison calme et gentille.

« Je me suis baigné, moi », a répliqué le restaurateur Antoine Meunier, le seul concurrent qui a brassé la cage et émis des opinions un brin controversées en Andalousie. Adios, bâtons de popsicle au parfum, film The Notebook et flattage de cuisses.

Cette Heure de vérité a failli être explosive quand Lara et Vincent, les intouchables d’OD, ont appris devant les caméras que le Québec, dixit Philippe Fehmiu à Loft Story, les détestait. Ça me fait chier, genre, j’ai le goût de crisser mon camp, a grommelé le charpentier-menuisier Vincent, champion du concours de mollets.

La colère des fans, la punition infligée par le public aux quatre candidats ayant expulsé les chouchous Marie-Andrée et Anthony, il y avait là du matériel à bisbille corrosive, voire un gigantesque délirium. Mais non. Les participants ont eux-mêmes tout désamorcé en se répétant qu’ils s’adoraient, qu’ils avaient décanté, qu’ils étaient en paix avec tout ça. Pardon ?

C’est Marie-Andrée et Anthony (les « victimes » du jeu) qui ont même dû rassurer Lara et Vincent – alias le « golden couple » – à propos de la campagne de haine qui les cible sur les réseaux sociaux. Les tourtereaux fusionnels n’ont pratiquement plus ouvert la bouche de la soirée. Mathieu P. et Rébecca ont davantage été épargnés par la grogne populaire.

Quant à Simon D’Onofrio et Mia Bleu-Voua, ils ont été adorables et super sympathiques. Le couple gagnant a obtenu 60 % du vote des téléspectateurs, loin devant Lara et Vincent (27 %) et Rébecca et Mathieu P. (13 %). Au scrutin du candidat coup de cœur, remporté par l’infirmière acadienne Céline, Anthony et Marie-Andrée se sont classés respectivement aux deuxième et troisième rangs, ce qui indique que leur victoire, s’ils avaient été repêchés pour le voyage final aux Maldives, était quasi assurée.

Marie-Andrée, reine des déliriums, l’a répété : « on est super sereins avec cette décision-là ». Eux peut-être. Pas leurs admirateurs, qui, genre, n’ont pas « enjoy » ce moment « extra cringe », gros.