Depuis l’entrée en ondes de la trépidante téléréalité Survivor Québec de Noovo, c’est vraiment bon, les campeurs de Sortez-moi d’ici ! à TVA n’inspirent plus aucune pitié. Zéro pis une barre, mais pas de chocolat, parce qu’elle aurait fondu, eh oui.

Ils dorment sur des lits en bois avec matelas, ils disposent d’un petit évier avec de l’eau courante et ils reçoivent souvent des récompenses comme un barbecue, un toutou (Pépé le singe !), des biscuits Ritz, un bol poké, de la pizza Salvatoré (qui commandite toutes les téléréalités du Québec, on dirait bien) ou du Coca-Cola.

De quoi se plaignent-ils, seigneur de la savane ?

Sortez-moi d’ici !, c’est le Club Med des îles Maldives en comparaison avec Survivor Québec, où les braves ne vivent que de noix de coco et d’eau tiède. Et de riz blanc, les jours de bombance.

Les membres des deux tribus dorment directement sur le sable de leur île ou sur une paillasse artisanale tressée en feuilles de palmier. Dans l’épisode de dimanche soir, des pluies diluviennes ont arrosé les deux camps – non protégés – de Tiyaga et de Kalooban, écourtant leurs nuits déjà agitées.

L’arrivée fracassante de Survivor sur nos écrans forcera assurément l’équipe de Sortez-moi d’ici ! à hausser la qualité et le niveau des défis qu’elle soumettra à ses vedettes dans la deuxième saison. Entre vous et moi, mesurer de l’eau dans un aquarium ou évaluer la longueur d’une liane du Dollarama, ça fait pic-pic en comparaison des jeux à obstacles géants de Survivor et son superbe décor tropicalo-rustique.

Maintenant qu’on a vu les gros labyrinthes et puzzles de Survivor, Sortez-moi d’ici ! ne peut plus faire peser des grains de café à ses concurrents ou leur demander de compter des poissons à l’aveugle. Trop simple, trop plate.

Dimanche soir, le contraste de valeur de production entre Sortez-moi d’ici ! et Survivor frappait fort dans nos téléviseurs. Pendant que l’équipe orange fusionnée glissait sur une « banane mouillée géante », qui semblait avoir été déroulée sur un terrain de camping de Lanaudière, les survivants de Noovo s’empilaient sur d’immenses structures érigées en pleine mer turquoise.

Aussi, Sortez-moi d’ici ! privilégie davantage l’entraide, l’humour et la camaraderie depuis quelques semaines. On ne sent pas que les campeurs ont le couteau entre les dents pour gagner ce concours de brousse, qui finit par devenir répétitif. À l’épreuve de boustifaille de reins et de cervelles, l’ex-patineuse Marianne St-Gelais a abandonné très (trop ?) rapidement. C’était décevant.

PHOTO TIRÉE DE LA PAGE FACEBOOK DE SORTEZ-MOI D’ICI !

Marianne St-Gelais dans Sortez-moi d’ici !

La téléréalité d’aventure de TVA mise sur l’aspect ludique de ce camping sauvage au Costa Rica, et les interventions des deux animateurs, Alexandre Barrette et Jean-Philippe Dion, s’inscrivent dans ce courant comico-empathique.

À la fin de l’épreuve, les deux copilotes ont même dévalé la pente savonneuse du « Slip’N Slide » pour aboutir dans un jeu de quilles humain. C’était très rigolo, j’avoue.

La plus grande force de Sortez-moi d’ici !, qui se conclut le 14 mai, demeure ses participants, qui se montrent vulnérables, drôles et attachants. Qui aurait cru que Nathalie Simard, la révélation de ce premier chapitre, ferait un retour à la télé aussi fracassant ? Bien aimé également découvrir le chef Jean-Michel Leblond, la comédienne Livia Martin, le danseur Rahmane Belkebiche et le bon DFrançois Marquis.

À Survivor, pas de place à la rigolade, et c’est parfait comme ça. La compétition est féroce et personne ne déconne. Les joueurs grattent, fouillent, complotent, courent, nagent et se battent pour éviter que leur flamme ne s’éteigne aux conseils du soir.

Les épisodes compacts renferment de nombreux revirements, dont une élimination surprise chez Kalooban dimanche, que le principal intéressé n’avait pas vue venir. Oups. Déjà cinq personnes ont été évincées en deux semaines, pas le temps de niaiser, ça roule comme une gigantesque boule sur un parcours à obstacles.

PHOTO TIRÉE DE LA PAGE FACEBOOK DE SURVIVOR QUÉBEC

Patrice Bélanger

Aux commandes de Survivor, ça paraît que Patrice Bélanger a englouti les 44 saisons de la version américaine. Il connaît toutes les subtilités de la joute et ne se gêne pas pour décocher des flèches aux tribus trop confiantes. Il décrit les épreuves comme un René Lecavalier de la jungle philippine. Et il garde un bras de distance avec les candidats, ce qui est nécessaire à Survivor.

Maintenant, qui réussira à casser le duo des deux « frères » – ou des deux gourous – Christophe et Jean Junior de la tribu Tiyaga ? Plus capable de les voir se comporter en maîtres de l’univers. Sortez-les de là, vraiment.

Toujours chez les jaunes, j’aime Sandrine et Marika et j’espère que Joël et Johannie, les exclus de l’alliance majoritaire, ne passeront pas dans le tordeur contrôlé par l’omniscient JJ, dont les métaphores de hockey nous gazent autant qu’une bombe lacrymogène dans une manifestation. Également, que fait Kimberly de ses journées ? On ne le voit jamais dans les épisodes, jamais, jamais.

Du côté de Kalooban, Denis, Karine et Maryse s’avèrent de féroces compétiteurs, tandis que Nicolas et Justine ont des cibles tracées dans le dos.

Un mot à la production, en terminant. Pouvez-vous arrêter de divulgâcher la tournure des évènements dans les courts segments insérés avant les pauses publicitaires ? C’est pénible et fâchant. Comme manger du riz blanc avec des ustensiles en coquillage.