Le premier des six nouveaux épisodes de La petite vie s’appellera « L’absence » et expliquera pourquoi la matriarche de la famille Paré, la belle Jacqueline (Serge Thériault), n’apparaît pas dans la résurrection de cette sitcom culte.

Non, Moman n’a pas été tuée. Non, aucun autre acteur n’enfilera la jaquette et le bonnet de cette ménagère passionnée de dinde et d’Evan Joanness. Le créateur de La petite vie, Claude Meunier, l’a presque juré mercredi lors d’une conférence de presse ultrabondée, qui a réuni les plus grosses pointures du showbiz québécois.

Sans être physiquement présente, « Moman sera là dans nos cœurs et dans nos têtes », affirme Claude Meunier. Mais de quelle façon ? Voici l’hypothèse la plus plausible, qui n’a pas été confirmée ou démentie par la production, je le précise.

Moman serait partie acheter des cigarettes au dépanneur (même si elle ne fume pas, bonjour l’absurde), ou elle aurait quitté la maison pour faire sa commande à l’épicerie et ne serait jamais revenue.

Ainsi, Moman reste présente dans le scénario et alimente des intrigues sans se pointer dans le décor rétro. Ça fonctionne très bien sur papier.

Nous dégusterons les six nouvelles demi-heures de la cuvée 2023 de La petite vie – un bon château Ragoût ! – à l’automne sur l’Extra de Tou.tv, juste à temps pour célébrer les 30 ans de cette comédie classique de la télé québécoise.

Le cas de Serge Thériault, qui souffre d’une grave dépression, demeure délicat pour Claude Meunier. Serge Thériault, c’est la moitié de La petite vie, c’est la moitié de Ding et Dong et c’est une délicate histoire de santé mentale.

PHOTO ROBERT MAILLOUX, ARCHIVES LA PRESSE

Serge Thériault et Claude Meunier dans La petite vie, en 1998

On sent Claude Meunier mal à l’aise de parler de son ancien complice de scène. Claude Meunier a récemment contacté Serge Thériault pour lui offrir de reprendre sa Jacqueline, et Serge, qui s’est complètement retiré de la vie publique, a décliné.

« Serge ne peut pas être là. Je ne veux pas parler de Serge, ce sera à lui de le faire. Mais c’est triste que Serge ne soit pas là et lui aussi trouve ça triste. La vie continue, la famille continue », rappelle Claude Meunier, qui paraissait agacé par les questions sur l’absence de son camarade.

« Je ne veux pas rentrer là-dedans. Je ne veux pas commenter le documentaire [Dehors Serge dehors] par respect pour Serge. C’est complexe et compliqué de parler de ça », poursuit l’interprète de Popa.

Les personnages La petite vie de 2023 auront tous vieilli de 30 ans et aucun couple mythique de la série n’a éclaté.

Rénald (Marc Labrèche), dit Pinson, a pris sa retraite de la caisse populaire, tandis que Lison (Josée Deschênes), alias Creton, a décroché un emploi secondaire, soit une petite carrière de publicitaire. Josée Deschênes a récemment appris que des jeunes, qui ont découvert cet univers flyé avec les reprises du samedi soir, utilisent l’expression « cretoner » quand ils s’habillent de la même couleur de la tête aux pieds.

Notre bonne Thérèse (Diane Lavallée) a sombré dans la spiritualité et son mari menteur Réjean (Marc Messier) « sort d’une drôle de place », dixit Claude Meunier. Même chose pour la contestataire et célibataire Caro (Guylaine Tremblay), qui « revient de loin ».

Quant à Rod (Bernard Fortin), il reste le Rod Stewart des pauvres de la famille Paré, mais en plus vieux, et Pogo (Rémy Girard) n’est toujours pas le pogo le plus dégelé de la boîte. Ancien placier au Forum, Pogo vit encore avec Linda (Sylvie Potvin), une copine d’enfance de Jacqueline.

La cuisine vintage des Paré, les costumes colorés, le piano du générique d’ouverture, tout ressemblera à la version originale de La petite vie sauf les perruques, qui auront grisonné. « La série a un côté intemporel au dixième degré. C’est aussi drôle que ça l’était », note Marc Messier, alias Réjean Pinard, qui parle de lui à la troisième personne du singulier quand il discute avec Ti-Mé.

PHOTO ÉRIC MYRE, FOURNIE PAR RADIO-CANADA

Hormis Serge Thériault et Michel Côté, tous les comédiens de la série originale de La petite vie seront présents dans les nouveaux épisodes de la série culte.

Avec la metteuse en scène Josée Fortier et le réalisateur Pierre Séguin, tous deux membres de la cellule de création originale de La petite vie, la méthode de fabrication des épisodes restera collée sur celle des sitcoms américaines.

À la mi-avril, les acteurs joueront – dans l’ordre – leurs textes à deux reprises, devant deux auditoires différents dans les studios Grandé, à Montréal. Quatre caméras capteront les scènes, de même que les rires du public, et les meilleurs bouts resteront au montage.

Des invités spéciaux, qui n’ont pas été dévoilés, pimenteront les nouvelles demi-heures. Jean-Lou, l’homosexuel flamboyant joué par Michel Côté, ne reviendra pas dans la sitcom.

À l’époque, Claude Meunier employait les mots fif et fifi dans les sketchs mettant en vedette Jean-Lou et son copain M. Bricole (Gilles Renaud), ce qui ne passerait plus aujourd’hui, admet-il.

Radio-Canada n’a jamais supprimé de gags dans les textes de La petite vie, sauf une réplique où le comédien Alexis Martin, déguisé en curé, chantait que le seigneur était son Grand Marnier.

À propos de l’épisode qui a été temporairement retiré en raison du « blackface » de Normand Brathwaite, Claude Meunier « pense que ç’a été une tempête dans un verre d’eau ».

Et oui, on peut encore dire pâté chinois en 2023, et c’est peut-être cette année que Thérèse réussira son premier vrai steak-blé d’Inde-patates !