Une télésérie qui dérive d’un jeu vidéo post-apocalyptique de la console PlayStation 3 ? Euh, non merci. Zéro intérêt pour ça.

Je préférerais m’arracher les ongles d’orteil au tournevis – et à froid – plutôt que de me farcir un truc de geek mal adapté.

Preuve n62 qu’il faut combattre les préjugés ? J’ai adoré The Last of Us, la dernière superproduction de HBO qui allie des éléments des séries The Walking Dead et Station Eleven, ainsi que des films Children of Men et A Quiet Place.

Au compte-gouttes, Crave et Super Écran libèrent les épisodes, les dimanches à 21 h, en français et en anglais. La première heure – la seule disponible actuellement – intègre habilement les séquences d’action pure à de l’émotion vibrante.

Visuellement, c’est époustouflant et cela n’a rien de surprenant : le créateur de The Last of Us a aussi accouché de la superbe minisérie catastrophe Tchernobyl. C’est brun, c’est sale, c’est rugueux, mais c’est fucking bon, comme disent les jeunes yo sur TikTok.

Note de service aux anxieux de la COVID-19 et des virus en général : passez votre tour pour The Last of Us. C’est hyper angoissant comme émission et assez proche de la crise sanitaire mondiale dont nous émergeons à peine.

Et nul besoin d’avoir tâté du jeu vidéo initial pour embarquer à fond dans cette histoire glauque, qui démarre officiellement en 2003, en Indonésie. Un champignon rare y infecte des humains et les transforme en zombies. La contamination se propage à une vitesse folle. Aucun vaccin n’endigue cette maladie. Aucun médicament ne la guérit. Seule une bombe larguée sur Jakarta sauverait l’humanité du désastre.

Vingt ans plus tard, donc en 2023, la vie sur Terre a quasiment été anéantie et il ne subsiste que quelques zones de quarantaine où les humains n’ont pas attrapé ce champignon mortel. Comme dans The Handmaid’s Tale, un gouvernement totalitaire s’assure que personne ne sorte des cités-bunkers, où des miliciens abattent les récalcitrants qui défient le couvre-feu. Woups.

Dans cet univers dévasté, nous suivons le courageux Joel (Pedro Pascal, vu dans The Mandalorian), un travailleur de la construction qui habite dans la zone de quarantaine de Boston, réduite à un tas d’édifices en ruine.

PHOTO FOURNIE PAR HBO

Joel (Pedro Pascal) et Ellie (Bella Ramsey)

Joel s’adonne au trafic de cigarettes et de pilules. C’est un bum sympathique, vaillant, qui flirte avec le mouvement de résistance (les Fireflies). Avec sa partenaire Tess (Anna Torv de Mindhunter), Joel hérite d’une mission délicate et dangereuse, celle de ramener l’adolescente Ellie (Bella Ramsey de Game of Thrones), 14 ans, à une faction de rebelles ayant de nobles intentions.

En échange, Joel recevra une batterie électrique et un véhicule pour partir à la recherche de son frère Tommy, disparu quelque part au Wyoming. L’adolescente Ellie, baveuse et insoumise, est cruciale dans The Last of Us, vous le comprendrez rapidement.

On s’entend : ce type de récit de zombies, de fin du monde et de pays ravagés par une pandémie a été fabriqué plusieurs fois. Celui-ci renferme moins de viscères et plus de cœur.

Zone de réconfort

Si vous préférez une série moins stressante, plus douce, allez-y avec À propos d’Antoine, en ligne sur le Club illico de Vidéotron depuis jeudi.

C’est charmant, drôle et émouvant. Ça fait du bien de voir à la télé des personnages guidés par de bonnes intentions, qui s’apprivoisent et construisent des relations saines et bienveillantes.

Comédie dramatique touchante, À propos d’Antoine a été inspirée de l’histoire d’amour 100 % réelle entre l’humoriste Cathleen Rouleau et le patron de ComédiHa !, Sylvain Parent-Bédard.

Dans le premier des 10 épisodes de 30 minutes, la Montréalaise Julie (Cathleen Rouleau, qui joue son propre rôle) emménage à Québec chez son copain Marc (Claude Legault), le président très occupé d’une société de divertissement.

Pour Julie, vivre avec Marc signifie aussi vivre dans une maison cacophonique où tourbillonnent la mère TDAH de Marc (Micheline Bernard), les deux frères de Marc (campés par Sylvain Marcel et Hugues Frenette) ainsi que les deux enfants de Marc, Georges (Édouard-B. Larocque) et Antoine (Antoine Parent-Bédard).

Antoine, du titre de l’émission, est un ado de 15 ans polyhandicapé, autiste non verbal, épileptique et déficient intellectuel. Antoine porte une couche, se déplace en fauteuil roulant et ne s’exprime que par des sons et des cris. Pour Julie, qui sort d’une relation de type long fleuve tranquille, c’est un gros, gros choc.

Mais contrairement à ce que l’on peut imaginer, À propos d’Antoine ne raconte pas l’intégration acrimonieuse d’une belle-mère à une famille reconstituée au bord de l’éclatement. Les personnages de cette sitcom d’autofiction, malgré leurs maladresses, s’aiment fort et veulent le bien de l’un et de l’autre.

D’ailleurs, c’est aussi rafraîchissant de voir une ex-conjointe (Fanny Mallette) qui n’est pas une pimbêche ou une sociopathe, merci.

Évidemment, le quotidien atypique de ce clan provoque des moments qui oscillent entre le cocasse et le poignant. Derrière la caméra, le doué réalisateur Podz a su bien doser les effets de style, qui n’empiètent jamais sur ce récit rempli de tendresse.

Vraiment, on regarde À propos d’Antoine, on rit et on se dit : oui, ça existe encore, du monde qui a le cœur à la bonne place.