Je regarde tellement de télé dans une année que j’en oublie de grands bouts. Pas parce que c’est mauvais ou désagréable. Juste parce que le disque dur, trop rempli, déborde.

Un exemple concret récent ? La première saison de Doute raisonnable, que j’ai engloutie d’une traite en octobre 2021, sur l’Extra de Tou.TV.

Comment ce thriller policier finissait déjà ? Gros trou de mémoire. C’était qui le meurtrier de Simona Clark (Karelle Tremblay) avec qui la policière Alice Martin-Sommer (Julie Perreault) partait en taxi dans le dernier épisode ? Aucun souvenir.

C’est crucial de le savoir, car Doute raisonnable 2 reprend les ondes de Radio-Canada le lundi 9 janvier à 21 h dans une formule plus efficace, plus haletante et plus compacte. J’avais aimé la première saison, j’ai préféré la deuxième. Du moins, selon les deux épisodes (sur un total de dix) que j’ai visionnés lundi.

Alors, voici le résumé éclair. Le maniaque de Doute raisonnable s’appelle Henri Nelson (Tobie Pelletier). Les yeux verts, le sapin « sent-bon » accroché au rétroviseur, les parties clandestines de poker à l’hôtel Gaïa, c’est lui, le fou à Henri Nelson. Et Alice est tombée dans un trou, non, elle est tombée entre les griffes du psychopathe, c’est-à-dire un VUS noir qui a été repeint et qui fonce vers la Rive-Sud.

C’est là qu’on est rendus, pour paraphraser RBO à l’époque du faux feuilleton Zizanie.

Cette deuxième saison de Doute raisonnable repart sur de nouvelles bases, à commencer par l’équipe de création. La scénariste Danielle Dansereau a été remplacée par Annabelle Poisson, Pierre-Marc Drouin et Geneviève Simard, tandis que le réalisateur Claude Desrosiers, occupé sur Fragments, a été relevé par Jean-Philippe Duval (Toute la vie, À cœur battant).

Également, le Groupe d’intervention sur les crimes à caractère sexuel (GICCS) emménage dans de nouveaux locaux, dans un vrai poste de police (enfin !) et non dans un loft bizarre.

Tant qu’à passer le balai, exit Pascal Alario (David Boutin) à la tête du GICCS, c’est le commandant Alex Dorcely (Benz Antoine) qui dirige aujourd’hui cette cellule spécialisée.

Le personnage d’Abigaëlle, joué par Nadia Essadiqi, alias l’artiste La Bronze, a été rayé du scénario. Il faut dire que l’actrice n’a pas aidé sa cause en publiant sur Instagram, en janvier dernier, une photo d’elle en uniforme policier de Doute raisonnable avec la mention ACAB, qui signifie « all cops are bastards », tous les policiers sont des salauds. Julie Perreault, la société de production de Fabienne Larouche ainsi que Radio-Canada avaient dû se dissocier publiquement de cette photo douteuse et peu raisonnable, en effet.

Autre rôle sacrifié : celui de Jo (Charli Arcouette). L’intrigue de Doute raisonnable 2 se resserre autour des deux héros, Alice et son collègue Fred (Marc-André Grondin), papa d’une fillette de 5 ans dans la série. Lucie Robert (Kathleen Fortin) demeure présente et la recrue débrouillarde Charline (Gabrielle Poulin B.) complète l’escouade.

Maintenant, peut-on embarquer dans Doute raisonnable 2 sans avoir vu les dix premiers épisodes ? Oui, c’est possible, mais il risque de vous manquer des références importantes. Sachez que les retours en arrière montrent l’agression qu’a subie Alice quand elle avait 13 ans.

Aussi, l’arme que porte Alice dans le taxi infernal appartient à son camarade Fred. Car Alice avait été suspendue à la fin de la première saison et son pistolet de service avait été confisqué.

La première enquête de Doute raisonnable 2 concerne l’attaque d’une veuve de 75 ans, Pierrette Granger (Louise Turcot), en plein jour, dans sa propre maison. La dame a été séquestrée et son coffre-fort, vidé. C’est l’homme de ménage Mathieu (Jacques Lussier) qui a retrouvé Pierrette nue, cachée dans un placard, complètement terrorisée.

Comme l’homme de ménage possède la clé de la résidence, il tombe automatiquement sur la liste des personnes d’intérêt. Également, il se gèle aux benzos et aux opioïdes. Et il sait que sa cliente est riche. C’est louche.

La police soupçonne aussi le neveu de Mme Granger, campé par Roc Lafortune, d’avoir voulu se venger d’une querelle qui l’a privé d’un gros héritage. Ce neveu étrange – et amateur de collages érotiques inspirés de Gustave Courbet – réserve quelques surprises aux téléspectateurs.

Évidemment, Doute raisonnable, c’est Alice qui ouvre sa pièce secrète, qui revêt ses costumes coquins et qui commence son deuxième emploi de « cam girl ». Un de ses clients, un prof d’université interprété par Jean L’Italien, la poussera involontairement sur une histoire de pédophilie qui impliquera des prostituées.

Plus tard dans la saison, Doute raisonnable explorera le viol conjugal de même qu’une agression dans l’univers du monde burlesque. Deux films troublants déposés sur le web clandestin (dark web) mobiliseront aussi le GICCS.

Après deux épisodes de Doute raisonnable, on a le goût de se jeter sur la suite, ce qui n’était pas nécessairement le cas de la première saison, plus cérébrale, je dirais. Radio-Canada croit beaucoup au potentiel de Doute raisonnable et a déjà commandé une troisième saison. Comprendre : vous pouvez vous immerger dans cet univers glauque sans que personne ne tire la plogue avant la vraie fin (allô, Hôtel à TVA !).