Les musiciens de l’OSM et leur nouveau directeur musical, Rafael Payare, amorcent vendredi une tournée européenne faite d’excitation, de retrouvailles, mais aussi d’un franc désir de conquête.

Cette tournée de cinq villes commence à Zagreb, avant de se poursuivre à Budapest, Vienne, Bruxelles et Londres. Comme je l’ai fait en mars 2019, j’aurai le bonheur d’accompagner la formation pour la seconde moitié de la tournée afin de vous faire vivre cette aventure par une série de chroniques.

La vie de tournée est une chose. La vie de tournée d’un orchestre de 97 musiciens en est une autre. Les sujets ne manqueront pas.

J’ai évidemment très hâte de voir comment les mélomanes de ces villes vont accueillir Rafael Payare, dont le nom a peu de résonance en Europe. « C’est vrai que pour le moment, il n’est pas connu, m’a confié Madeleine Careau, cheffe de la direction de l’OSM. C’est nous qui allons le faire découvrir. C’est un défi, mais je dois dire qu’une fois que les gens le voient diriger, ils l’adoptent. »

Rafael Payare quitte Montréal avec un nombre impressionnant d’œuvres sous le bras (voir le site de l’OSM) qui constituent les divers programmes qui seront offerts.

PHOTO SARAH MONGEAU-BIRKETT, LA PRESSE

Madeleine Careau, cheffe de la direction de l’OSM

C’est un travail ardu qui doit être fait en amont. On ne peut pas imposer une œuvre qui a été jouée la saison précédente. Il y a une foule de détails qu’il faut prendre en considération.

Madeleine Careau, cheffe de la direction de l’OSM

Les orchestres établissent souvent des programmes en fonction de thèmes. Il y a aussi la présence des solistes qui tournent beaucoup dans le monde. Bref, les contraintes sont nombreuses. « Il faut arriver avec un choix d’œuvres et créer des programmes adaptés aux besoins des salles », ajoute Madeleine Careau.

Fort de la solide réputation de son orchestre, Rafael Payare tentera de séduire le public européen avec trois solistes de haut calibre. D’abord le Montréalais Bruce Liu, lauréat du Concours international de piano Chopin, en 2021, qui offrira Rhapsodie sur un thème de Paganini de Rachmaninov, une œuvre que le public québécois a pu entendre lors de la dernière Virée classique.

« C’est rare qu’un artiste comme lui puisse se produire dans une ville comme Vienne, dit Madeleine Careau. Il est talentueux, mais il doit encore bâtir sa renommée. C’est une chance inouïe pour lui. »

Le violoniste Augustin Hadelich va retrouver l’OSM à Bruxelles pour interpréter le Concerto no 5 pour violon en la majeur de Mozart. Quant au pianiste islandais Víkingur Ólafsson, il accompagnera pour la première fois l’OSM à Zagreb, Budapest et Londres pour y donner le Concerto pour piano en sol majeur de Ravel (présenté le 12 octobre dernier à la Maison symphonique).

Bref, j’ai peu de craintes quant au succès que devraient connaître Rafael Payare et l’OSM (le chef a récemment mis le public de la Corée du Sud dans sa poche). Cela dit, en bonne gestionnaire, Madeleine Careau nourrit quelques inquiétudes, notamment en ce qui a trait à Londres, une ville où l’offre musicale est abondante.

« Ces villes, comme partout ailleurs, vivent une récession. On n’a pas senti ça en Corée du Sud. Tout est atrocement cher, mais les gens ne semblent pas freinés. En Europe, c’est autre chose. Et puis, il y a Londres où nous ne sommes pas allés depuis une quarantaine d’années. Nous sommes le premier orchestre étranger qui va se produire au South Bank Centre depuis la pandémie. Est-ce que les gens vont se déplacer pour aller au concert ? »

Rafael Payare s’est déjà produit à Londres alors qu’il était à la tête de l’Orchestre de l’Ulster. Mais pour que son nom résonne fort dans la ville de Charles III, il faut y aller sur une base régulière. Plusieurs orchestres sont rattachés à la ville, en plus de tous ceux qui y sont invités. Ça fait beaucoup de chefs qui défilent derrière les pupitres.

Il faut savoir que cette tournée a été établie avant la pandémie et qu’elle devait se faire avec Kent Nagano. Après l’arrivée de Rafael Payare, on a refait l’itinéraire de la tournée qui devait s’amorcer en Russie. Le conflit avec l’Ukraine a tout fait basculer.

Vous vous doutez bien qu’une telle opération ne peut se faire sans une aide financière supplémentaire. Ce ne sont pas les revenus aux guichets qui vont permettre à 97 musiciens de se produire dans cinq villes. « C’est impossible de faire ça sans un appui, dit Madeleine Careau. Sinon, il faudrait vendre chaque billet environ 1000 $. Nous avons la chance de pouvoir compter sur la Fondation de l’OSM, qui a comme mission de faire rayonner l’orchestre à l’international. L’argent qu’elle nous offre chaque année nous permet de faire des tournées, de filmer nos concerts et d’enregistrer des disques. Bref, de projeter l’OSM ailleurs dans le monde. »

Avant de quitter Madeleine Careau, qui conservait un calme olympien malgré l’ampleur de ce projet, j’ai voulu connaître ses attentes personnelles. « Mon objectif est de maintenir la réputation de l’OSM à l’international. Peu d’orchestres voyagent comme on le fait. Il ne faut pas oublier que lorsque nous nous produisons dans ces villes, on devient une sorte d’ambassadeur. Notre présence fait parler de Montréal, du Québec et du Canada. »

Je vous retrouve donc dimanche alors que l’OSM se produira dans la cité de Mozart pour une série de deux concerts différents. Plein de moments exaltants en perspective !

Tournée Europe 2022 de l’OSM

  • 21 octobre — Zagreb, Varostlav Lisinski Hall
  • 22 octobre — Budapest, Müpa
  • 23 octobre — Vienne, Konzerthaus
  • 24 octobre — Vienne, Konzerthaus
  • 27 octobre — Bruxelles, Palais des Beaux-Arts
  • 28 octobre — Londres, Royal Festival Hall (South Bank Center)
Consultez le site de l’OSM