OK, allons-y avec une critique éclair de la nouvelle minisérie Chouchou de Noovo. C’est joué avec finesse. C’est écrit avec les nuances nécessaires. C’est bouleversant avec juste assez de touches humoristiques pour abaisser la tension. Et, surtout, c’est hyper confrontant.

Parce que l’auteur Simon Boulerice y explore le lien interdit qui se tisse entre une prof de cinquième secondaire, interprétée avec maestria par Évelyne Brochu, et son élève de 17 ans, campé par un Lévi Doré à la fois arrogant et vulnérable.

Chouchou, qui démarre le mercredi 14 septembre à 20 h, condamne d’emblée cette relation amoureuse illégale. Aucune ambiguïté là-dessus. La première image de la série montre d’ailleurs l’arrestation de l’enseignante de 37 ans ainsi que l’interrogatoire que subit son jeune amant. Puis, l’histoire – inspirée de celle de l’Américaine Mary Kay Letourneau – recule de deux mois et expose, avec subtilité et sensibilité, comment les deux personnages principaux ont lentement glissé dans cette romance toxique.

Chouchou évolue toujours dans des zones de gris, et c’est ce qui nous place dans une position morale très inconfortable. La professeure Chanelle Chouinard, dite Chouchou (Évelyne Brochu), n’est pas une vilaine prédatrice. Elle coule des jours heureux avec son mari Jeff (Steve Laplante), propriétaire d’une épicerie, et leurs deux enfants. Chouchou adore ses élèves, son métier et son vélo. Elle anime même un club de lecture à l’heure du lunch.

Le jour où Sandrick (Lévi Doré) débarque dans sa classe de français, une valve s’ouvre et le tourbillon emportera Chanelle. Cet adolescent curieux, baveux, sensible et charmant la trouble énormément. Mais pourquoi ?

Évidemment, Chanelle ne saute pas sur Sandrick dans les premières secondes. Leur liaison s’amorce en douceur, et parfois contre leur volonté, ce qui est encore plus retors, dans un sens. Ce serait si facile de condamner cette femme agresseuse et de prendre en pitié sa victime mineure. Mais non, Simon Boulerice évoque les nombreuses facettes de cette affaire aussi complexe que discutable.

D’abord, Sandrick provient d’un foyer brisé et défavorisé. Sa mère inadéquate Patricia (Sophie Cadieux) vit de l’aide sociale et elle pourrit l’atmosphère de leur logement crade. Élevée dans la violence, Patricia l’alcoolique poquée aime son fils, mais très, très mal.

Dans les bras de Chanelle, Sandrick retrouve, en quelque sorte, le réconfort que sa maman ne lui a pas offert. De son côté, Chanelle renoue avec le sentiment d’être désirée. Les deux se réparent de la pire manière qui soit, on s’entend. Et les deux en souffrent.

L’intrigue que Simon Boulerice (Six degrés) déplie sur huit épisodes d’une heure nous fait éprouver de l’empathie, oui, pour la victime (Sandrick), mais aussi pour celle en position d’autorité qui commet les gestes répréhensibles (Chanelle).

On n’excuse pas le comportement de cette prof qui perd pied et bascule, mais on comprend pourquoi elle a été aspirée dans cette spirale destructrice.

Autour du noyau principal, Simon Boulerice greffe des personnages secondaires truculents, dont la sœur de Chouchou, Cindy (Pascale Renaud-Hébert), une aspirante toiletteuse de chiens peu ambitieuse et accro à sa vapoteuse. Josée Deschênes enfile les vêtements semi-chics de Sandra Malo, une ancienne belle-sœur à la langue bien pendue qui dispute un héritage de 75 000 $ à Patricia, la mère de Sandrick.

Ne vous attendez pas à d’immenses rebondissements dans Chouchou. Il s’agit d’un drame psychologique qui s’infiltre sournoisement dans nos salons, avec quelques notes comiques à la M’entends-tu ?. Si toutes les nouveautés atteignent ce calibre, cette rentrée s’annonce bien palpitante.

Mme Catastrophe ?

La catastrophe tant redoutée par certains camarades chroniqueurs n’a pas forcé le CRTC à débrancher RDI, vendredi après-midi. La députée conservatrice sortante d’Iberville, Claire Samson, a participé à l’émission Mordus de campagne de Sébastien Bovet sans débordement ni sortie fracassante.

Mme Samson a même été bonne joueuse avec ses quatre collègues panélistes et a conclu l’émission en provoquant un gros éclat de rire sur le plateau.

Bref, la vieille tour brune ne s’est pas écroulée avec l’entrée en ondes de Claire Samson, qui a été pertinente et plus posée que pendant ses Zoom enfumés.

L’image que nous avions de cette ex-caquiste avait été façonnée, en grande partie, par les caricatures de Marc Labrèche à l’émission Cette année-là de Télé-Québec. Or, Claire Samson n’est pas une « coucou », contrairement à d’autres militants qui gravitent autour du Parti conservateur du Québec. Mme Samson a connu une brillante carrière de gestionnaire en télévision, notamment à TVA, TQS et Radio-Canada, avant de sauter dans l’arène politique.

D’ailleurs, Claire Samson a également inauguré lundi la première émission de La journée (est encore jeune) sur les ondes du 95,1 FM et, encore là, rien de déplacé à signaler. Même l’animateur Jean-Philippe Wauthier a paru étonné par le calme et le pragmatisme de cette politicienne de 67 ans. Si vous aimiez la chroniqueuse Louise Cousineau dans nos pages, dites-vous que Claire Samson, qui est une de ses grandes amies, lui ressemble beaucoup.