Et vous, comment regardez-vous votre télé ?

Avec mes yeux, duh ! En l’allumant ! En me plaçant devant l’écran !

Ah ah, OK, très drôle mes petits Peter MacLeod des pauvres. Vous comprenez très bien le sens de la question. Comme Chrishell et Christine dans Selling Sunset, il y a deux factions qui s’opposent chez les gros consommateurs de télé : écran géant ou ordinateur portable ?

Les plus jeunes — on se calme sur l’âgisme, merci – privilégient la technique du laptop au lit, à la façon de Simon et Jean-Pascal dans Entre deux draps. Les plus vieux — bonsoir, tout le monde — préfèrent tout ce qui mesure plus de 43 pouces en diagonale. Le bonheur, quoi. Que dis-je, l’extase, la félicité !

Pourquoi se tordre le cou et s’aggraver la scoliose devant un vieux MacBook Air de 13 pouces — avec un son pourri — quand on peut contempler un mur de couleurs du futur et d’images en ultra supra-haute définition, en plus d’entendre des répliques aussi fortes et claires qu’un concert de Rammstein au parc Jean-Drapeau ?

Une série flamboyante comme House of the Dragon, c’est conçu pour un téléviseur incurvé de salon. Pas pour un ordinateur, encore moins pour un iPhone (au secours) ou un iPad (moins grave). On ne laisse pas bébé dragon dans un petit coin, quand même.

Perso, je veux voir les pores de peau de Gino Chouinard à Salut bonjour. Je veux m’assurer qu’aucun cheveu ne tombe dans les plats que mitonne Ricardo. Et je veux compter chacune des gouttelettes de sueur qui perlent sur le front des joueurs de tennis des Internationaux des États-Unis. Parenthèse : j’aime toujours autant Yvan Ponton et Hélène Pelletier à RDS.

Cette chronique d’étiquette et de bienséance télévisuelle aborde maintenant un autre dossier-choc, qui divise les couples sur le sofa sectionnel. Peut-on tricher et prendre de l’avance dans une télésérie que l’on a entamée avec sa douce moitié ? La réponse est : non, voyons donc, seigneur du bon Dieu ! C’est quasiment de l’adultère.

Vous vous êtes engagés dans ce projet à deux, vous le terminez à deux. Point barre. Pas de visionnage en cachette, à moins que l’un des membres du duo donne son consentement ou mette fin à la relation télévisuelle. C’est plate, je te laisse à ton Breaking Bad, bye, bonne chance.

Selon une étude réalisée par Netflix, 46 % des téléphages trompent leurs conjoints en dévorant en solo — et en secret — Manifest, Virgin River ou The Sandman. La majorité se sent zéro coupable et multiplie même les infractions (insérez ici un bruit de respiration dans un sac en papier brun). De grâce, si vous sautez la clôture, apprenez au moins à ne pas divulgâcher.

Sujet suivant, très brûlant. Quoi faire avec un partenaire qui s’endort systématiquement après la 12e minute d’un marathon de Stranger Things et qui se réveille en sursaut : hein, quoi, on est rendus où dans l’histoire ? Faut-il être clément envers cette personne et lui permettre de rembobiner la cassette plusieurs fois par heure ?

Mon dicton : « You snooze, you lose ». Tu t’assoupis, tu en paies le prix. Pas de pitié ici, tu rattraperas le récit sur wiki. La télé, c’est un sport de contact. Comme Olivia Pope dans Scandal, je suis un mercenaire du petit écran. J’avance sans me retourner. Je fonce sans m’arrêter. Et je parle avec autorité. De façon. Saccadée.

Enchaînons avec ce délicat dilemme : comment se comporter dans un visionnement de groupe comme, par exemple, le déroulement du tapis rouge d’Occupation double ? Le genre de télé-évènement Sancerre et Saint-Hubert où la cacophonie ambiante surpasse le chaos des salles d’essayage chez Zara. Faut le faire.

Alors, doit-on demander aux invités de baisser le volume ? Peut-on réellement empêcher une personne de hurler quand un charpentier-menuisier va dire à une coiffeuse qu’il est son homme à « tout fer plat » ? Désolé, on ne peut rien contrôler dans cette situation. Il faut embrasser cette anarchie arrosée de Bulles de nuit. Et bonsoir la police du bruit.

Pour conserver l’harmonie télé dans nos foyers, toujours demander à l’autre sa bénédiction avant d’effacer une émission de l’enregistreur numérique. Bébé, es-tu à jour dans tes Housewives parce que là, il faut libérer de l’espace pour Top modèles, merci. C’est la base : on n’annule aucun enregistrement avant d’obtenir un accord verbal ou écrit.

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Alors, on conserve ou on efface les épisodes de Real Houswives ? Demandez à votre douce moitié avant.

La télécommande illustre parfaitement la dynamique de pouvoir qui s’installe au sein d’un couple. La personne qui l’agrippe doit a) en faire un usage responsable, b) ne pas imposer son autorité comme Ceaușescu dans la Roumanie de 1977 et c) apprendre à partager. Aussi simple que ça.

Dernier truc pour vivre cette rentrée télé de manière zen : les soirs d’élimination de téléréalité, ne fouinez pas sur Twitter si vous ne pouvez pas regarder votre émission préférée en direct. C’est certain que vous allez apprendre des révélations fâchantes.

Non, il ne s’agit pas d’un divulgâcheur. C’est un banal résultat, comme celui de la dernière partie du Canadien de Montréal, et personne n’attend au lendemain avant de commenter. Un but de Nick Suzuki ou un flirt de Jenny, ça fait partie du domaine public, les amis.