Mesdames, enfilez vos talons hauts blancs achetés chez Aldo. Messieurs, épilez vos aisselles mouillées et vos torses sculptés. C’est l’heure de visiter nos amigos gringos et gringas de L’île de l’amour à TVA, toujours à deux doigts d’une congestion cérébrale quand ils reçoivent un texto sur leur appareil mobile Vidéotron.

Nos futurs influenceurs Sunwing ont déposé haltères et égos à Las Terrenas, en République dominicaine, à la recherche du Saint Graal dans la jungle touffue du célibat : la bonne « vibe ». Comment décrire cet état de douce félicité, souvent bercé par deux ou trois canettes de Beach Day Every Day ? La vibe se vibe, la gang. Elle ne se décrit pas avec des mots. C’est un flow qui se vit « live là ». Un genre d’aura plus Marky Mark que Beach Boys. C’est chill pour vous ?

Parfait. Une bonne affaire de réglée. Parce que sans bonne vibe, sérieux, à quoi serviraient tous ces jolis signes en néon, ces bouteilles de Ruffino qui poppent et ces coussins aux accents vitaminés ? À rien du tout. Et ce serait aussi triste que la pauvre Rubie, mannequin et auteure de 23 ans, qui a subi une série de petites humiliations depuis lundi soir.

En même temps, bienvenue à L’île de l’amour, paradis du pectoral galbé et du faux cil recourbé. Ce concept de téléréalité anglaise impose aux (ferblantier, esthéticienne ou étudiante en psycho) de se mettre en couple dès les premières minutes de l’émission.

La sélection amoureuse, basée uniquement sur le physique des participants — la vibe viendra plus tard, n’ayez crainte —, se déroule devant de petits cœurs découpés dans du styromousse, puis collés sur la terrasse de l’immense villa. Oui, tous ces jeunes vingtenaires de Mascouche ou de Candiac défilent en maillot de bain aux couleurs de cocos de Pâques.

C’est ça, L’île de l’amour. Ce n’est pas un show aspirationnel de Chantal Lacroix. Il y a de la diversité ethnique chez les concurrents, bien sûr. Mais pas de diversité corporelle. Depuis quelques saisons, Occupation double sur Noovo essaie de casser ce moule bronzé et découpé. Reste que les célibataires qui gagnent les condos dans le 450 entrent presque tous dans un type de physique standard, tandis que les Jenny, plus voluptueuses, se font revirer comme des crêpes chez Cora.

PHOTO TIRÉE DE LA PAGE FACEBOOK DE L’ÉMISSION

On ne peut pas dire qu’il y a beaucoup de diversité corporelle dans L’île de l’amour.

De retour sur L’île de l’amour, les premiers épisodes renferment déjà plus de revirements, de mots-clics ironico-comiques et de tatouages en espagnol que l’an passé. C’est mieux huilé, comme une peau cuivrée exposée aux rayons UV. Et enfin, l’horaire de diffusion se suit de façon limpide : du lundi au jeudi à 21 h, sur les ondes de TVA.

Le succès de ces téléréalités Cupidon repose sur la qualité de ses personnages. Des gens dégourdis comme William, le courtier immobilier de 20 ans aux yeux perçants, ou Amanda, la joviale préposée aux bénéficiaires de 20 ans, sont hyper payants à la caméra. Heureusement qu’ils forment un triangle avec Samuel, le conseiller en mode de 23 ans, parce que les autres intrigues du cœur battent plus faiblement que la tonitruante musique d’ambiance de type « boutique de chaussures du Carrefour Laval à la fin des années 90 ».

À la narration, Mehdi Bousaidan relève le moindre petit malaise ou détail de décoration, comme nous à la maison. C’est super, l’autodérision, c’est rigolo. Mais l’humoriste pourrait laisser vivre quelques inconforts plutôt que de systématiquement les désamorcer.

Quant à l’animatrice Naadei Lyonnais, elle paraissait beaucoup plus détendue et agile que l’an dernier. On la sent toutefois détachée des insulaires, tandis qu’un Jay Du Temple, par exemple, s’implique à fond dans Occupation double. Comme si Naadei, égérie de la diversité, n’approuvait pas à 100 % les stéréotypes qui échouent sur les plages dorées de sa belle île aux naufragés.

Enfin, du nouveau Serge Boucher !

Chacune des séries pondues par Serge Boucher s’avère un évènement télévisuel très attendu par ses fans. Il y a eu Aveux, Apparences, Feux, Fragile et il y aura Fragments la saison prochaine sur l’Extra de Tou.tv.

L’intrigue, nourrie aux secrets du passé, s’annonce comme du Serge Boucher pur jus avec de lourdes remises en question et un effet domino qui bouscule l’existence de tous les personnages.

PHOTO HUGO-SÉBASTIEN AUBERT, ARCHIVES LA PRESSE

James Hyndman incarne le personnage de François Bibeau dans la nouvelle série de Serge Boucher, Fragments.

L’histoire, maintenant. Plus de 30 après avoir coupé les ponts, pour une raison que l’on ne divulgâchera pas ici, François Bibeau (James Hyndman) croise par hasard Marlène Cormier (Céline Bonnier), directrice d’une chaire de recherche à Concordia.

François, papa de deux enfants d’âge adulte, et Marlène formaient, avec deux autres amis, le célèbre quatuor de Victoriaville, inséparable entre la fin du secondaire et le cégep.

La rencontre fortuite entre François et Marlène en 2022, au centre-ville de Montréal, fera ressurgir un paquet de souvenirs enfouis.

Pour rajouter au mystère, une ancienne membre du quatuor (Camille Felton) est morte trop jeune en faisant jurer à Marlène de s’occuper de son fils Tomas (Félix-Antoine Duval). De son côté, Marlène a gardé contact avec l’auteur Paul-André (René Richard Cyr), qui vit depuis 30 ans avec Renaud (Luc Guérin), un autre copain de la bande de Victo.

À l’époque, François en pinçait pour Marlène et Paul-André trippait sur François. Bref, il y a un tas de non-dits dans leurs relations. Le réalisateur Claude Desrosiers se vissera derrière la caméra de Fragments pour les dix épisodes d’une heure. Le tournage démarre lundi. La série alternera entre le passé et le présent à la façon de Feux. La distribution réunit aussi Irdens Exantus, Schelby Jean-Baptiste, Carla Turcotte, Maxime Gibeault et Dominique Leduc.

En entrevue, Serge Boucher parle de Fragments comme d’une « chronique philosophique intimiste ». « La série célèbre la vie, l’amour, le désir, le cul, le bonheur et la mort. C’est une série sur la guérison », note Serge Boucher. Qui a hâte de voir Fragments ? Moi ! Et pas juste des morceaux, la série au complet.