Alors, c’est bon, le thriller policier surnaturel Lac-Noir, offert ce jeudi sur le Club illico de Vidéotron ? Je répondrais : noui. Ce n’est pas génial ni mauvais. Juste correct et moyen.

Du moins dans les deux épisodes sur un total de huit que j’ai vus mercredi. C’est décevant, car tous les ingrédients d’un suspense captivant s’y côtoient : un village forestier à la Twin Peaks, un camp de vacances à la Vendredi 13 – ou même à la Jérémie, pour les amourettes –, des rumeurs de satanisme, une vieille dame à demi sénile qui sert d’oracle, un curé clairvoyant, des pentacles en bois comme dans Servant d’Apple TV+, cette recette éprouvée titille tout fan de séries de genre.

À l’écran, Lac-Noir souffre de la construction boiteuse de son récit. Par exemple, le premier épisode débute avec une scène super forte impliquant un policier en détresse (Marc Fournier), qui en découd avec une (information effacée pour préserver le punch). C’est gore, angoissant et accrocheur. Et puis ? Et puis, plus rien. L’histoire reprend à propos du charmant village de Lac-Noir, dans le fond des Laurentides, et ne parle presque plus de cet enquêteur, qui a sûrement perdu beaucoup de sang. Partez ici une jolie musique country.

En fait, on se doute bien que les habitants de Lac-Noir, derrière leurs sourires froids, cachent un truc très sombre. Du genre : ils vénèrent le diable dans une clairière les soirs de pleine lune. Le problème ? Les auteurs Martin Girard et Charles Dionne ne distillent pas assez d’indices pour nous hameçonner. C’est trop lent. Surtout pour une minisérie qui ne dure que huit heures.

Et tant qu’à fabriquer une série d’horreur, pourquoi ne pas l’embrasser à fond ? Lac-Noir conduit avec le pied sur le frein, on dirait. Peut-être que les six épisodes suivants nous aspireront dans un vortex de peur, faudra voir.

Lac-Noir démarre avec l’arrivée au village d’une nouvelle policière de la SQ, Valérie (Mélissa Désormeaux-Poulin). Cette patrouilleuse a vécu un évènement traumatisant à Montréal (flic tourmenté : coché !) et fuit dans les bois avec son fils Dave (Anthony Therrien des Bracelets rouges).

Au minuscule poste de la SQ, non sans rappeler celui de 5e rang, Valérie enquête avec le chef de police Adrien (Stéphane Demers). Ah oui. Valérie remplace pour l’été l’ancien partenaire d’Adrien, soit le fameux policier en détresse (Marc Fournier) qui prononce deux mots dans la séquence d’ouverture avant de disparaître.

Le vieux routier Adrien est gentil et affable, ce qui le propulse tout en haut de la liste des personnes louches (double vie : coché !). Quelqu’un de trop avenant dissimule nécessairement des secrets tordus, c’est connu.

Pilier du village, Adrien connaît chacun des habitants par leur prénom. Sa sœur Maryse (Louise Cardinal) exploite une colonie de vacances, dont l’ouverture approche. Malgré ses airs de carte postale de villégiature bucolique, Lac-Noir abrite une galaxie de personnages bizarres. Il y a les frères Provost (Alexandre Castonguay et Étienne Lou), deux rednecks qui s’amusent à tirer du fusil dans leur cour à scrap. Il y a l’ermite herboriste (Victor Andrés Trelles Turgeon) qui pose des pièges à ours dans la forêt. Il y a le boucher Eddy (Normand D’Amour), qui manie le couteau avec une aisance remarquable. Et il y a le maire Conrad (Andreas Apergis), qui possède la moitié de Lac-Noir.

Un secret inquiétant lie la petite communauté de Lac-Noir. Un truc bizarre connu de tout le monde, mais dont on ne discute pas en public. Mais de quoi s’agit-il ?

C’est à la policière Valérie, l’étrangère du village, que reviendra la tâche d’élucider le mystère. Le curé itinérant de Lac-Noir la met sur une piste intéressante, mais lui aussi s’évanouit dans la nature. Il ne reste que la mère du policier disparu qui semble voir clair. Sauf que personne ne croit une vieille dame placée en institution qui dort au pied d’un mur de crucifix.

Malgré son départ cahoteux, j’ai le goût de voir la suite de Lac-Noir. Parce que les deux acteurs principaux, Stéphane Demers et Mélissa Désormeaux-Poulin, y livrent d’excellentes performances. Parce que l’écoute en rafale aplanit sûrement les bogues du scénario qui nous auraient fait décrocher si Lac-Noir jouait à la petite semaine.

Et parce qu’une série qui s’attaque aux démons et à l’occultisme, ça me parle autant que le contenu d’un cellulaire dans District 31.