Bon, enfilons une paire de gants blancs pour la rédaction de cette critique. Car ce n’est vraiment pas évident d’analyser le premier gala de Star Académie, qui a été orchestré dans des circonstances covidiennes complexes et contraignantes. Le tout, sans aucun public pour applaudir (sur l’avant-bras ?).

Mais bon. Les embûches barrent aussi la route musicale des plus grands. Alors, décortiquons. Sur la scène des studios Mels, les jeunes paraissaient très nerveux, et plusieurs fausses notes ont résonné pendant ce gala compact de 2 h 12 min Normal, direz-vous, les concurrents débutent dans le métier. Oui et non. La majorité des 15 académiciens qui ont dormi dimanche soir dans le manoir de Waterloo cumulent déjà plusieurs années d’expérience dans le showbiz.

Par exemple, la Sherbrookoise Kristel Mongeau, 25 ans, une des plus solides de son groupe, a participé à Mix 4 et à La voix 6. Édouard Lagacé, 27 ans, a progressé jusqu’en demi-finale de La voix 6, en 2018. Audrey-Louise Beauséjour, 23 ans, a fait La cour des grands et L’école des fans à TVA, en plus de jouer dans une tonne de comédies musicales.

Camélia Zaki, 17 ans, a participé à La voix junior en 2016. Sarah-Maude Desgagné, 23 ans, chante dans le Montreal Gospel Choir. Marily Dorion, 26 ans, a collaboré avec Les Louanges, Hubert Lenoir et Jérôme 50, des artistes talentueux.

PHOTO JULIEN FAUGERE, FOURNIE PAR TVA

Marily Dorion

Vous avez probablement vu Yannick Bissonnette-Powell, 22 ans, aux auditions à l’aveugle de La voix ou à celles de Star Académie l’an dernier. Dans la nouvelle cohorte, il y a également Jérémy Plante, 25 ans, un ancien membre du groupe StepZone de MixMania 2, où il côtoyait alors Claudia Bouvette de la formation rivale, Les Glamies. Je danse, danse, et toi, tu chantes, chantes, hé, ho !

C’est un petit monde, le Québec. Et ça fait longtemps que les téléralités musicales ne servent plus à mettre au monde des Marie-Élaine Thibert ou des Marie-Mai. Le bassin de talent ne se renouvelle pas aussi rapidement que la diffusion de toutes ces émissions de chant. La preuve ? William Cloutier, le champion de Star Académie 2021, avait triomphé à MixMania 3 en 2012. Rien ne se perd, tout se recrée.

Et ce premier gala ? La chanson thème, Changer le monde, composée par Laurence Nerbonne et Marie-Élaine Thibault, accroche dès les premières notes.

Ver d’oreille garanti, qui s’accompagne encore d’une chorégraphie super simple à exécuter.

Le numéro de Daniel Bélanger a bien mis en valeur le riche catalogue de ce grand auteur-compositeur-interprète : Opium, La folie en quatre, Sortez-moi de moi, Les temps fous, Rêver mieux, Les deux printemps, un feu roulant de succès qui n’ont pas pris une ride.

Par contre, le décor de paysage lunaire faisait pic-pic avec ses fleurs en plastique qui sortaient de roches fabriquées en mottons de tissu. C’était pénible sur la rétine.

À l’animation, Marc Dupré, vraiment chic dans son smoking, s’en est mieux sorti que son camarade Patrice Michaud, qui a rangé son micro après une seule saison. L’expérience télévisuelle de Marc Dupré et ses nombreuses années sur scène l’ont bien servi. Par contre, il pourrait mettre la pédale douce sur les petits gags faciles. Ce n’est pas toujours nécessaire de « puncher » à chacune des interventions.

À repenser : la méthode de sélection confuse des profs, qui repêchaient leurs préférés après les prestations de chacun des trois groupes. Combien ? Comment ? Pourquoi ? Ça manquait de clarté.

TVA a choisi de remettre l’accent sur le volet téléréel de Star Académie en permettant aux abonnés de Vidéotron (Hélix, mobile) d’accéder aux caméras du manoir de Waterloo en tout temps. L’an passé, TVA voulait tellement se dissocier des éditions manufacturées par Julie Snyder et Stéphane Laporte que cet aspect avait été écarté, ce qui a été une erreur. Les fans, les vrais, en raffolent.

Oui, les recrues ont majoritairement poussé la note en anglais dimanche soir. C’est toujours comme ça quand les candidats défendent leur place, la production leur permet de sélectionner le morceau de leur choix, sans trop de restrictions. Mais Gregory Charles a été clair là-dessus : la chanson francophone résonnera plus fort pendant les 12 prochaines semaines.

Karl pris au piège

L’éviction de Karl Walcott de Big Brother Célébrités a été fâchante dimanche soir. L’acteur a été injustement puni parce qu’il a sauvé deux concurrents confinés (Eddy King et Stéphanie Harvey), qui avaient été placés sur le bloc de façon assez lâche, merci. Bref, l’attitude chevaleresque de Karl Walcott lui a été fatale.

C’est très chien. Mais c’est aussi ça, Big Brother. Des trahisons qui mettent en ta… et des éliminations crève-cœur. La stratégie du piège – le fameux « backdoor » – fonctionne quand des joueurs satellites comme Tranna Wintour et Pierre-Luc Cloutier ne réalisent pas que l’alliance des « cool kids » et des sportifs ne les gardera pas en place longtemps.

PHOTO FOURNIE PAR LA PRODUCTION

Karl Walcott

Oui, Karl Walcott a prononcé un discours guerrier qui a mal passé. Rendu là, pour essayer d’arracher les derniers votes, il n’avait plus rien à perdre. Karl a été loyal et transparent. Il a peut-être joué trop gros, trop vite, mais il n’a pas été hypocrite.

Dieu merci, c’est la plongeuse Lysanne Richard qui a hérité du titre de patronne de la semaine. Comme Lysanne ne gravite pas dans l’orbite de la clique dominante, ses mises en danger vont assurément secouer l’ordre établi.

Ses cibles devraient s’appeler Marc-Antoine, Hugo, Catherine ou Claudia. Il est plus que temps de semer la pagaille dans le noyau des populaires qui prend un peu trop ses aises. On se croirait dans Mean Girls.