Verrouillez les portes. Replacez le petit bout de bois dans la « craque » de la porte-patio. Et vissez des barreaux métalliques aux fenêtres du sous-sol.

Ah oui, gardez aussi le cellulaire à portée de main pour composer le 911 en cas de bruit sourd dans la cuisine.

C’est le genre de réaction paranoïaque que déclenche le visionnement de l’angoissante docusérie La traque de Radio-Canada, qui détaille les crimes du maniaque cagoulé Septimus Neverson, auteur d’une série de terrifiants braquages à domicile entre 2006 et 2009.

Le premier épisode d’une série de cinq jouera le samedi 13 novembre à 20 h. Pour les boulimiques, l’Extra de Tou.tv offrira les trois premières heures de La traque en rafale à partir du 13 novembre.

De retour à Septimus Neverson, aussi connu sous le nom de David Munroe, 58 ans ; il a été la bête noire des policiers de Montréal pendant pratiquement une décennie.

En pleine nuit, il a pénétré dans 13 maisons de Montréal et de Laval, ligoté leurs occupants, volé bijoux et argent, assassiné froidement l’artiste-peintre Jacques Sénécal et pris en otage un garçon de 10 ans en lui pointant un revolver sur la tempe.

Le tout avec un sang-froid glaçant. Ce psychopathe au regard démoniaque amenait parfois ses victimes au guichet automatique, pour les reconduire ensuite tranquillement à la maison. Il ne commettait aucune erreur. Il portait toujours des gants et un masque.

Il raffinait ses techniques, attachant même son arme avec une corde pour la récupérer si jamais il l’échappait dans une altercation. Les gens qu’il terrorisait ne voyaient que ses yeux noirs, deux petites fentes malicieuses.

PHOTO FOURNIE PAT RADIO-CANADA

Frank Iheanyi Dike, une autre victime de David Munroe, témoigne dans la série La traque.

La traque, une grande investigation menée par le collègue Patrick Lagacé, ne s’inspire pas des true crime à la Making a Murderer, où des revirements catapultent l’histoire dans des directions inattendues. Le dossier de Septimus Neverson a été classé et jugé en janvier 2020, après un interminable procès. Le meurtrier croupira en prison pour au moins 25 ans.

La grande qualité de La traque, fabriquée par la même équipe que Le dernier soir, de Monic Néron, c’est de lever le voile sur les méthodes d’enquête des corps policiers qui ont tenté de capturer Septimus Neverson avec pratiquement aucun indice concret.

Après la première vague de crimes commis entre mai et octobre 2006 dans l’Ouest-de-l’Île, les sergents-détectives ne disposaient que d’un portrait-robot et d’une photo floue de l’agresseur, prise dans un guichet automatique. Leur enquête piétinait gravement avant de tomber au neutre.

Car Neverson a pris une pause de trois ans pour finalement récidiver en 2009 en suivant le même mode opératoire. Introduction par effraction en se faufilant par une fenêtre, cagoule, arme de poing, attache-câbles pour les victimes, vols et disparition dans la nuit.

Deux trucs anodins ont trahi Septimus Nerveson. Le fil de laine de l’un de ses gants noirs et une échelle. Comment et pourquoi ? À vous de le découvrir. Armés de ces deux minces pistes, les flics ont réussi à remonter jusqu’à un informateur anonyme qui « avait des choses à dire », pour paraphraser Jean-René Dufort dans Infoman.

La traque réunit de nombreux témoignages de patrouilleurs, d’enquêteurs et même d’un profileur, en plus de visiter des victimes encore traumatisées par les actes violents de Neverson. On se croirait dans le poste de District 31, mais en vrai.

Mention spéciale à la réalisation d’André St-Pierre (Deuxième chance), très léchée, jamais voyeuse. Une approche à pas feutrés, qui frappe aussi fort qu’une démarche plus frontale, disons.

Se glisser (encore) Entre deux draps !

Je l’ai déjà écrit et je le redis : j’adore la comédie Entre deux draps sur Noovo, qui passe les mercredis à 19 h 30. L’écriture des sketchs (par un collectif d’auteurs) respire la modernité et ça nous change des séries au ton plus traditionnel. Je peux me repasser certaines séquences trois fois en rigolant tout autant.

PHOTO FOURNIE PAR NOOVO

Guillaume Girard et Karine Gonthier-Hyndman dans la série Entre deux draps

Mon couple préféré demeure celui des parents débordés Marco et Virginie (Guillaume Girard et Karine Gonthier-Hyndman) suivi de très près par JP et Simon (Simon Pigeon et Antoine Pilon), de même qu’Antoine et Lydia (Pier-Luc Funk et Virginie Ranger-Beauregard).

L’ajout du couple de Jean-Pierre et Carole (Martin Drainville et Micheline Bernard), soit les parents de Thomas (Mathieu Pepper), permet de ratisser encore plus large dans les générations. Ils sont formidables.

Bien aimé également l’apparition du père de Marie-Ève (Bénédicte Décary), joué par Rémy Girard, de même que les visions de Lise (Guylaine Tremblay), l’ex-femme de Luc (François Papineau). C’est mon bonbon de la semaine.