Après avoir bénéficié de circonstances exceptionnelles l'an passé, le Port de Montréal compte enfoncer le clou en 2015 grâce au développement de trafics tournés vers les nouveaux pays émergents.

Le Port de Montréal vient de connaître une année record. Le trafic a été dopé par le conflit de travail qui a opposé les débardeurs des ports de la côte ouest des États-Unis aux compagnies maritimes durant neuf mois, congestionnant l'ensemble de ces ports. «Les importateurs-exportateurs ont détourné les cargos vers les ports de la côte Est», explique Daniel Olivier, directeur de la veille stratégique et de l'innovation au Port de Montréal.

Si l'impact exact de ces redirections reste difficile à quantifier, le port a enregistré en 2014 une hausse de 4,2% de son activité de manutention de conteneurs, pour un total de 1,4 million de conteneurs équivalents 20 pieds. Le transport de conteneurs est le premier sous-secteur du port en volume, devant le vrac solide et le vrac liquide.

Continuer sur la lancée

Et malgré la résolution du conflit de travail à la fin du mois de février, l'impact devrait continuer de se faire sentir au Port de Montréal, qui envisage une croissance de son trafic de conteneurs de l'ordre de 3,5 à 4,0% en 2015. En effet, «cela prendra des semaines aux ports américains pour rattraper leurs retards et manutentionner les conteneurs restés empilés sur les quais», souligne Daniel Olivier. De plus, frustrés et échaudés par le conflit, 40% des importateurs-exportateurs qui avaient dérouté leurs cargos vers la côte Est pourraient continuer de privilégier ces ports à long terme, indique une étude menée par le magazine American Shipper au début de l'année. Les entreprises pourraient même relocaliser leurs centres de distribution sur la côte Est, précise l'étude.

Et Montréal possède un atout de taille pour continuer à accueillir ces cargos. «Nous opérons notre propre réseau ferroviaire, précise Daniel Olivier, ce qui nous rend très compétitifs pour la fluidité des opérations, car les conteneurs sont directement transférés sur les convois ferroviaires.» Or, les ports américains ne permettent généralement pas aux lignes ferroviaires d'avoir accès aux quais, indique M. Olivier.

Nouveaux marchés en vue

En plus de ces trafics venus d'Asie, le Port de Montréal mise sur le développement de lignes maritimes avec les nouveaux pays émergents. Le développement économique des pays du MINT (Mexique, Indonésie, Nigeria, Turquie) est une bonne nouvelle pour l'administration portuaire. «Ce sont des marchés géographiquement plus proches de nous que l'Asie», note Daniel Olivier.

Le Port de Montréal compte mettre à profit ses relations historiques avec les ports européens pour développer ces marchés prometteurs. «Nos services maritimes sont très axés sur l'Europe, avec des rotations fixes hebdomadaires», indique M. Olivier. Le Port de Montréal peut ainsi profiter de nouveaux services grâce à ses accords passés avec certains ports, comme celui d'Anvers, en Belgique, le deuxième port d'Europe et le plus important pour le commerce entre l'Europe et l'Afrique. «Une telle plateforme de transbordement est une belle occasion pour nous de pénétrer le marché africain», se félicite Daniel Olivier.

Un investissement prometteur

Cette croissance vers l'Europe et l'Afrique sera encouragée par le futur terminal à conteneurs Viau. Doté d'une capacité de 600 000 conteneurs, ce terminal portera la capacité totale du Port de Montréal à 2,1 millions de conteneurs.

Ce terminal permettra à Termont de manutentionner le fret de la ligne maritime suisse Mediterranean Shipping Company (MSC), deuxième société mondiale pour le transport de conteneurs après Maersk. MSC hausse présentement son trafic avec la Méditerranée, souligne Daniel Olivier. Cette tendance pourrait être appelée à croître avec la perspective de la mise en oeuvre de l'accord de libre-échange entre le Canada et l'Europe.