En mars 2014, soit 20 mois avant Taxelco, le chauffeur de taxi Christian Roy achète une Tesla modèle S85 - « un modèle de base », dit-il. Six mois plus tôt, cet indépendant avait entendu parler du premier taxi Tesla, mis en circulation à Oslo, en Norvège.

« J'ai calculé que cela me coûterait cinq fois moins cher de rouler à l'électrique. » - Christian Roy, chauffeur de taxi

Trois ans plus tard, le bilan se confirme. Les coûts reliés au véhicule représentent de 1,5 à 3,0 cents du kilomètre, contre 15 à 18 ¢/km s'il était resté à l'essence.

À cette performance s'ajoute la garantie de huit ans avec kilométrage illimité, offerte par Tesla sur le bloc moteur et la batterie. « Une garantie phénoménale pour un taxi ! », s'exclame-t-il. Dans son cas, M. Roy évalue qu'il est couvert pour 500 000 kilomètres.

Au total, Christian Roy réalise 8000 $ d'économies par an. C'est autant d'argent qu'il pourrait garder dans ses poches, sauf que... Uber est arrivé. L'arrivée de la plateforme américaine a engendré des pertes de revenus de l'ordre de 3000 à 5000 $ par an pour son activité.

CHAUFFEUR GEEK

Si Christian Roy s'est intéressé à la propulsion électrique, c'est avant tout parce que le chauffeur indépendant est un passionné de nouvelles technologies. Très actif sur les réseaux sociaux, il est suivi par 11 100 abonnés sur Instagram (instagram.com/teslataxi). Il a aussi été le premier chauffeur à se procurer un GPS au Québec, à une époque où sa profession demeurait encore réservée sur le sujet. « On n'en trouvait même pas encore en magasin, se rappelle-t-il, mais j'avais compris que je pouvais être plus efficace en l'utilisant. »

Cet avant-gardiste n'est pas surpris que seuls six taxis indépendants soient passés à l'électrique au Québec. « Certains ont peut-être attendu de voir si je me plantais, avance-t-il. Mais maintenant qu'Uber a débarqué, ça fait peur à tout le monde d'investir. »

Christian Roy rêve désormais que les taxis indépendants du Québec luttent à armes égales avec Uber et Téo Taxi. « Une application mobile qui permet de voir les véhicules en temps réel, c'est ça que les gens veulent ! clame-t-il. Ça ne devrait pas être obsolète d'appeler un taxi. » Mais comment se payer une telle application ? Christian Roy a son idée sur la question : « Maintenant que le gouvernement du Québec nous a mis Uber dans les pattes, qu'il nous fournisse une application mobile équivalente ! »

L'EXPANSION ESPÉRÉE DE TÉO TAXI

À l'autre bout de l'autoroute 20, le géant du taxi vert Taxelco, propriétaire de Téo Taxi, n'atteindra pas son objectif affiché il y a deux ans de faire circuler 1000 taxis électriques dans les rues de Montréal pour le 375e anniversaire de la ville. L'entreprise y exploite 124 véhicules électriques, sur un parc total de plus d'un millier de taxis.

« Ce n'est pas vraiment une déception, nuance Thierry St-Cyr, chef des infrastructures, projets spéciaux et affaires publiques chez Taxelco. Nous sommes partis de rien. Et nous avons atteint le maximum prévu par la dérogation accordée par le ministère des Transports du Québec. »

Cependant, Taxelco s'attend à bénéficier d'ici quelques jours de changements réglementaires qui pourraient lui permettre d'atteindre les 300 taxis électriques en fin d'année. Il resterait à l'entreprise à obtenir une autorisation de dépasser le périmètre de Montréal, où son projet-pilote est circonscrit.

L'an passé, Taxelco projetait une expansion à Québec en juin 2017. Là aussi, l'entreprise a pris du retard sur ses ambitions.

« Notre volonté est d'abord de démontrer que notre modèle fonctionne à Montréal. » - Thierry St-Cyr, chef des infrastructures, projets spéciaux et affaires publiques chez Taxelco

« Une fois optimisé et éprouvé, nous l'emmènerons à Québec, entre autres, dès que ce sera possible. Mais ce sera serré pour y parvenir cette année », estime Thierry St-Cyr. Avec Québec, ce sont prioritairement des villes américaines qui sont dans le viseur de Taxelco, confie M. St-Cyr.