L'élection de Donald Trump a eu l'effet inattendu de fouetter les promoteurs américains de l'électrification des transports et le Québec a tout intérêt à peser aussi sur l'accélérateur. « Il faut accélérer nos programmes, comme aux États-Unis », affirme Alexandre Taillefer.

Celui qui dirige aussi Téo taxi dévoilera aujourd'hui, à Montréal, en présence d'une centaine de décideurs, d'universitaires et d'industriels du transport, les grandes lignes du plan d'affaires de cette grappe à laquelle se grefferont « une trentaine d'entreprises » qui gravitent d'une manière ou d'une autre autour de l'industrie du transport.

« Nous nous mettons en marche, assure-t-il. Nous allons bientôt embaucher un PDG et ouvrir un bureau avec quatre ou cinq employés. »

Québec injectera 4,4 millions sur cinq ans dans la nouvelle grappe industrielle du transport électrique afin de favoriser l'émergence de projets verts et durables.

« On peut se réjouir de l'implication financière du gouvernement Couillard, qui mesure l'importance d'encourager la mobilité durable dans le secteur des transports », indique Alexandre Taillefer.

« Nous disposerons d'un budget d'exploitation de 1,2 million par année. Ça nous permettra d'analyser des projets et de favoriser leur développement. Le secteur privé fera sa part, en allongeant le tiers des sommes consacrées par le gouvernement pour réduire la consommation de carburant. » - Alexandre Taillefer

ACCÉLÉRER L'ÉLECTRIFICATION

Chose certaine, le Québec se doit « d'accélérer ses programmes » d'électrification des transports, plaide l'entrepreneur montréalais, « comme c'est le cas aux États-Unis ».

« On observe chez nos voisins américains une accélération des projets verts, et ce, malgré l'arrivée au pouvoir du président Donald Trump, précise-t-il. C'est comme si son élection et sa volonté de relâcher les normes de consommation de pétrole avaient donné un coup de semonce à cette industrie. »

« Au Québec, pour faire rouler nos véhicules de transport, on importe pour 11 milliards de dollars de carburant diesel par année. L'industrie du transport est le secteur d'activité où il y a eu le moins de progrès d'accomplis pour réduire la production des gaz à effet de serre. Il faut s'y attaquer avec vigueur, et dès maintenant ! », dit Alexandre Taillefer.

DES SECTEURS CIBLÉS

Il semble déjà acquis, à la lueur de ses propos, que la grappe industrielle concentrera ses efforts dans trois secteurs névralgiques, soit les transports en commun, le camionnage et la livraison commerciale.

« Il s'agit maintenant de développer des marchés de niche, convient le président du comité. Actuellement, il y a encore très peu d'acteurs, au Québec, dans la fabrication de matériel roulant électrique. Mais il y a tellement de potentiel et d'avenues à explorer ! »

Il semble également évident, à ses yeux, que « ce n'est pas dans la voiture électrique personnelle » que la grappe pourra se déployer dans l'avenir, en tenant compte du fait que les constructeurs québécois ne pourraient rivaliser à armes égales avec des fabricants ayant les reins beaucoup plus solides.

Un fait demeure : Alexandre Taillefer - qui consacre le gros de ses énergies depuis quelques années à faire la promotion des véhicules verts - est en mission.

« On veut du concret, insiste-t-il. Ce ne sera pas du pelletage de nuages ! »

Il ajoute : « Il y a encore bien des éléments à définir avant de mettre de l'avant notre plan tactique, mais nous avons identifié nos objectifs afin de cerner les chantiers porteurs. »

L'homme d'affaires insiste d'ailleurs sur l'importance d'établir un « bon dialogue » avec les partenaires de la grappe. Il cite la Caisse de dépôt et placement du Québec, Transition énergétique du Québec (TEQ), l'Institut du véhicule innovant (IVI), Innovation en énergies électriques (InnoVÉÉ).

Et quel sera le rôle de la grappe ?

« On sera un lobby regroupant des entreprises du transport et on s'assurera que tout le monde se parle et coordonne ses actions d'une même voix. »