Les problèmes de santé psychologique au travail ont connu une hausse importante au cours de la dernière décennie. Selon Statistiques Canada, plus de 3,4 millions de Canadiens souffrent d'épuisement professionnel. Et selon l'Association canadienne pour la santé mentale, un employé sur vingt est atteint de dépression.

Le nombre de réclamations pour des prestations d'invalidité reliées à des problèmes de santé mentale, en particulier la dépression, est la catégorie dont la croissance connaît la hausse la plus rapide au Canada, selon une étude canadienne. Devant l'ampleur du phénomène, les employeurs n'ont plus le choix d'agir. Mais que faire?

En matière de santé mentale au travail, l'un des plus grands problèmes est celui des préjugés et de la stigmatisation des personnes atteintes, explique Diane Champagne, CRHA et conseillère principale chez Mercer. Autre problème: les troubles de santé psychologique des employés ne sont pas nécessairement diagnostiqués.

«Les gens ont des signes avant-coureurs, mais l'employeur ne les détecte pas, dit-elle. Il est important que les gestionnaires soient mieux formés pour détecter ces signes avant-coureurs, mais il faut aussi les sensibiliser pour réduire cet aspect de stigmatisation, pour prôner le respect en milieu de travail et mieux prévenir les conflits.»

Autonomie et reconnaissance

Selon Diane Champagne, plusieurs facteurs reliés au travail contribuent aux problèmes de santé psychologique des employés. Mais l'un des premiers déterminants, selon plusieurs chercheurs, est relié au déséquilibre entre exigences et autonomie.

«Plus on exige d'un employé et moins on lui donne d'autonomie pour effectuer ses tâches, plus on risque de voir apparaître de la détresse psychologique», dit-elle.

Avoir une certaine latitude décisionnelle est importante pour un employé. «Quand on donne un grand contrôle au travailleur sur son environnement de travail immédiat, on lui donne de liberté et on lui permet de s'autodéterminer, d'ordonner ses tâches. Sa santé psychologique sera meilleure», dit Éric Gosselin, professeur titulaire en psychologie du travail et des organisations à l'Université du Québec en Outaouais.

L'autre grande lacune que l'on constate en milieu de travail est le manque de reconnaissance au quotidien en regard des efforts consentis, selon Diane Champagne.

«On a parfois des programmes de reconnaissance pour les gens qui se démarquent, par exemple sur le plan des ventes, mais en arrière-plan, il y a des gens qui font beaucoup d'efforts et qui ne sont pas toujours valorisés ou reconnus, dit-elle. Il faut avoir des programmes de reconnaissance en milieu de travail, pas seulement pour l'employé du mois, mais qui reconnaissent les efforts et les actions au quotidien.»

D'autres éléments de stress pour les employés sont à surveiller: la surcharge de travail, les problèmes de conciliation travail-vie personnelle, et les conflits non résolus en milieu de travail.

Style de gestion

De façon générale, le meilleur style de gestion pour diminuer les risques de maladies psychologiques des employés est celui qui favorise la participation des employés aux décisions, dans le but de les valoriser et de leur permettre d'avoir un sentiment de compétence.

«L'environnement de travail ne doit pas seulement être exempt de risques, il faut que ce soit un élément de bien-être dans la vie d'un individu, dit Éric Gosselin. On doit tenter d'offrir un environnement de travail qui apporte un soutien social, tant de la part des superviseurs que des collègues, avec un bon climat et de bonnes relations.»

Par ailleurs, les programmes de promotion des saines habitudes de vie, comme l'exercice ou la saine alimentation, ont également un impact positif sur la santé mentale des employés, croit Diane Champagne.