Plusieurs travailleurs restent en poste après 65 ans, par nécessité ou par passion. Devraient-ils continuer de contribuer à leur régime enregistré d'épargne-retraite (REER) jusqu'à l'âge limite, soit 71 ans ?

La réponse varie en fonction de la situation de chacun. « Le REER est vraiment intéressant quand l'économie d'impôt est plus grande que l'impôt à payer au moment du retrait, signale David Truong, conseiller au Centre d'expertise de Banque Nationale Gestion privée 1859. C'est moins le cas si le revenu est le même. Mais ça reste avantageux d'avoir de l'argent qui croît à l'abri de l'impôt contrairement à de l'épargne non enregistrée. »

Pour un travailleur à faible revenu, investir dans le REER pourrait toutefois être beaucoup moins intéressant. « Il pourrait perdre son supplément de revenu garanti, car son revenu serait trop élevé lors du retrait du REER », selon M. Truong.

Fonds de travailleurs

Âgé de 63 ans, Guillermo Pieli a bien l'intention de contribuer jusqu'à 71 ans si sa santé lui permet de continuer de travailler. Arrivé d'Argentine en 1983, M. Pieli est enseignant, tout comme sa conjointe. Il bénéficie donc d'un bon régime de retraite, mais il place aussi de l'argent dans son REER depuis plus de 25 ans. Et pas n'importe où, dans les fonds de travailleurs uniquement.

« J'ai analysé les données dans un fichier Excel et j'ai compris que c'était vraiment avantageux, surtout avec les crédits d'impôt supplémentaires accordés par les gouvernements, note-t-il. J'aime aussi le fait que l'argent soit investi ici et avec un souci environnemental de plus en plus important. »

Les REER de fonds de travailleurs sont plus avantageux à l'approche de la retraite qu'au début de la carrière, selon M. Truong.

« Le rendement du Fonds de solidarité FTQ, par exemple, est plus bas que les autres fonds d'actions. Par contre, il donne droit à un crédit d'impôt additionnel. »

Après plusieurs années, un fonds d'actions standard est donc plus payant en raison des rendements.

Après 65 ans

Le crédit d'impôt supplémentaire n'est toutefois plus accessible après 65 ans, rappelle M. Truong. M. Pieli pourrait néanmoins continuer d'investir dans un fonds de travailleurs, mais il obtiendrait probablement de meilleurs rendements avec un fonds d'actions standard. Il pourrait aussi placer son argent dans un fonds moins risqué ou l'investir dans un compte d'épargne libre d'impôt (CELI).

Finalement, en continuant de travailler, M. Pieli pourra également reporter ses demandes de prestations au Régime de rentes du Québec (RRQ) et sa pension de la Sécurité de la vieillesse (PSV). Il pourra ainsi profiter de bonifications de 8,4 % et 6 % par an, respectivement. « Cela pourrait être désavantageux seulement si son revenu à la retraite est plus élevé que le seuil de récupération, explique M. Truong. À partir de 77 580 $, on perd 0,15 $ de PSV pour chaque dollar supplémentaire. On n'en reçoit plus du tout lorsque le revenu dépasse 125 696 $. »