Cultiver des fruits et des légumes biologiques est un exploit en soi. Imaginez à l'intérieur, 365 jours par année. Carline Louis-Charles et Dominique Roy veulent révolutionner la culture maraîchère biologique grâce à un système prometteur de jardins rotatifs intérieurs créé par un Québécois. Présentations.

QUI ?

Carline Louis-Charles et Dominique Roy misent gros depuis 10 mois. Ils cherchent la recette magique pour produire de la laitue biologique en utilisant le GiGrow, un système de jardins rotatifs intérieurs. Avec la méthode essais/erreurs, ils ont envoyé à ce jour 10 000 laitues au compostage. « Cette fois, on y est presque », expliquent les propriétaires de la PME Fruits et légumes des Trinités. Une forte grêle ayant détruit ses récoltes en 2015, le couple s'est juré de trouver une nouvelle façon de faire pousser des légumes. Il exploite actuellement 10 machines GiGrow dans un local de Saint-Pie-de-Bagot.

QUOI ?

Plus performant, moins polluant et beaucoup moins énergivore que la culture en serre, le GiGrow va changer la face de l'agriculture, promet Gilles Dumont, inventeur et détenteur des brevets mondiaux de ce système de jardin rotatif. Ressemblant à une turbine rotative dont l'intérieur est tapissé de végétaux, le GiGrow éclaire et émet suffisamment de chaleur grâce à une lumière au lithium fixée au coeur de la bête. Un système d'irrigation permet de nourrir les plans sans pertes ni résidus. Une machine peut produire 300 laitues à la fois.

QUEL EST LE DÉFI ?

Le GiGrow a notamment servi à faire pousser de la marijuana médicinale aux États-Unis. Au Québec, on l'utilisera pour la culture maraîchère. Le Conseil national de recherches Canada et l'Institut de technologie agroalimentaire de Saint-Hyacinthe ont été mis à contribution. Créer les bons substrats, arroser, nourrir et éclairer à la bonne fréquence sont autant de défis pour les jeunes entrepreneurs. « Nous allons être parmi les premiers, sinon les premiers, à maîtriser la culture de légumes feuilles biologiques avec un jardin rotatif », souligne Dominique Roy, élevé sur la terre familiale (depuis vendue) à Saint-Pie-de-Bagot. De 40 jours, il souhaite, sous peu, réduire la période de croissance à 30 jours.

FINANCEMENT DIFFICILE

Carline Louis-Charles, autrefois chez Bell et Desjardins, et Dominique Roy, ex-travailleur agricole sans diplôme, ont mis toutes leurs économies dans ce projet. Heureusement, leur ferme de 12 acres à Saint-Paul-d'Abbotsford leur permet d'arrondir les fins de mois. Le plus frustrant pour eux : ils n'ont pas droit à de l'aide financière des gouvernements pour leurs recherches en culture bio. « On se fait dire qu'on est trop petit. Pour que notre dossier soit considéré, et pas nécessairement accepté, il faudrait qu'on fasse faire un audit à 10 000 $ ! D'un autre côté, on est assez gros pour que l'UPA nous réclame presque 2000 $ en cotisation annuelle », fulmine l'agricultrice.

LA PROCHAINE ÉTAPE

Sur le point de maîtriser leur art, les deux agriculteurs portent attention ces temps-ci à la façon d'emballer et de vendre leur produit. Ils ont découvert une façon d'aider la laitue à se conserver deux semaines au frigo. L'été dernier, une commande de 400 laitues a viré au cauchemar. Faute de transport adéquat, les laitues sont arrivées flétries à destination. « Mais le client nous aime bien, explique Dominique Roy. Tellement qu'il voudrait commercialiser notre laitue sous sa marque maison. Il attend que nous soyons prêts. » « En tout cas, les gens qui viennent acheter notre laitue à la ferme en redemandent », se réjouit Carline Louis-Charles.

 PHOTO FOURNIE PAR GIGROW

« Le Conseil national de recherches Canada m'a dit que mon produit allait révolutionner l'agriculture », affirme Gilles Dumont.

Photo Stéphane Champagne, collaboration spéciale

Créer les bons substrats, arroser, nourrir et éclairer à la bonne fréquence sont autant de défis pour les jeunes entrepreneurs.