Ancien champion cycliste, Louis Garneau a fondé l'entreprise qui porte son nom en 1983.

Dans le monde du vélo et du ski de fond, la compétition a atteint des niveaux records.

Nous parlons bien sûr de la compétition pour l'innovation. «Je n'ai jamais vu un marché aussi exigeant que cette année, en 2014-2015, exprime Louis Garneau. Il y a une révolution du détail, une révolution du produit. Il faut avoir les yeux en face des trous.»

Innovation de haut niveau? Pour se maintenir dans le peloton de tête, voici le programme d'entraînement.

Se mesurer aux meilleurs

«Il faut avoir des yeux tout le tour de la tête, il faut regarder ce que les autres font et il faut avoir la volonté de faire mieux, énumère Louis Garneau. On appelle ça du bench [étalonnage].

«Il faut aller dans les foires commerciales, fouiller sur l'internet, constater l'évolution. Si on ne regarde pas ailleurs, on risque d'inventer ce qui existe déjà.»

On ne doit pas quitter les meneurs des yeux.

S'entourer de passionnés

«Ça prend des pratiquants pour inventer des choses intelligentes. Avant, on pouvait faire des produits un peu plus généraux. Aujourd'hui, c'est extrêmement pointu.»

À défaut de spécialistes, il faut des passionnés.

«Tous les designers chez nous pratiquent le vélo. Ce sont tous de vrais purs et durs, ce qui n'était peut-être pas nécessaire à nos débuts. Il faut même que les graphistes et ceux qui conçoivent l'emballage baignent dans la culture du vélo pour apporter les bonnes couleurs et les bonnes formes. Je parle ici d'innovation de très haut niveau.»

Créer des lieux inspirants

«Vous allez rire, mais on a chez nous un local qui s'appelle la salle de création. C'est en réalité une salle de réunion, mais qui est décorée avec des oeuvres d'art, des sculptures éclectiques, des meubles de toutes les époques. Ils envoient un signe que l'innovation est importante chez nous.»

Placer l'innovation au centre de sa mission

«Je suis inscrit dans cette catégorie de course, de compétition d'affaires, et ce sont les plus innovateurs qui vont réussir. Être innovateur, ce n'est pas seulement dans le produit, c'est dans la façon de faire, d'administrer, de penser. Il faut mettre l'innovation dans sa mission d'entreprise.»

Le message est d'autant plus clair qu'il est inscrit sur les murs.

«Condamné à innover est quelque chose que j'écris dans mon usine et je le partage avec toute mon équipe.»

S'allier à son contraire

Le leader doit s'entourer d'une équipe polyvalente: des grimpeurs, des rouleurs, des sprinteurs. «Moi, je suis un créatif, alors je veux m'entourer d'administrateurs et combler mes lacunes. Les entrepreneurs dirigeants qui sont plus administrateurs doivent découvrir les talents dans leur organisation et faire de la place aux créatifs.

«Je crois que c'est le mélange et l'équilibre des talents dans une boîte qui fait qu'une organisation sera capable d'innover sans avoir l'impression de mourir à chaque fois. Le plus bel exemple est le Cirque du Soleil. Je ne pense pas que ce soient des clowns qui font l'administration.»

Concentrer ses forces

«Il faut identifier ses forces, être capable de savoir ce qu'on est véritablement. J'ai abandonné plusieurs lignes - des vêtements d'enfants, des gilets de hockey, des vêtements de yoga. Nous sommes revenus à ce que nous faisions à nos débuts dans le garage, mais avec un plus gros chiffre d'affaires: cyclisme et ski de fond.»

Son conseil: «Revenez à votre ADN de départ, à ce que vous êtes véritablement. Dans un marché fou de l'innovation, on doit parfois reculer et revenir à ce dans quoi on était les meilleurs.»

Rester jeune (ou s'entourer de jeunes)

«Pour innover, il faut être drôlement ouvert d'esprit, et plus on vieillit, plus c'est difficile. En vieillissant, on devient plus conservateur.»

On doit s'entourer de jeunes, conjuguer l'expérience et l'audace.

«Les jeunes, c'est mon gros défi ces temps-ci. Mes fils William et Édouard sont entrés dans l'organisation et ce sont peut-être les deux personnes qui me challengent le plus à l'heure actuelle.»

Il peut se rassurer. Brassens chantait (à peu près): «Qu'on ait 20 ans, qu'on soit grand-père, quand on est bon, on est bon.»