Après avoir terminé un baccalauréat en biologie spécialisé en toxicologie de l'environnement et une maîtrise, Andrée-Anne Lacasse a décroché il y a quelques mois le poste de technicienne environnement chez North American Lithium, à La Corne, en Abitibi. La mine (anciennement Québec Lithium) vient de recommencer ses opérations après le rachat du projet par Jien International l'an dernier. Elle a accepté de raconter à La Presse ses défis du quotidien.

Qu'est-ce qui vous motive chaque matin ?

Le projet est vraiment stimulant parce qu'il servira à produire du carbonate de lithium utilisé entre autres dans la fabrication de batteries de véhicules électriques. J'ai toujours voulu travailler en environnement pour régler des problématiques, alors ça me motive de savoir que ce qu'on produit aidera à réduire notre dépendance aux hydrocarbures dans les transports.

En quoi votre maîtrise vous aide-t-elle au quotidien ?

Je suis une fille de terrain et je savais que je ne passerais pas ma vie dans un laboratoire, mais j'ai fait ma maîtrise pour apprendre une nouvelle façon de voir les choses et de régler des problématiques. Lorsque j'ai découvert ce projet minier, je me suis dit que ce serait une belle place pour évoluer sur le terrain et pour me pencher sur de nouveaux enjeux parce que c'est un projet novateur. Il y a seulement deux gisements de spodumène, la roche à partir de laquelle on extrait le lithium, au Canada.

Quel est votre rôle dans la mine ?

Je m'occupe de faire les échantillonnages dans les différents bassins d'observation où l'eau s'accumule sur le site et je les envoie au laboratoire pour l'analyse. S'il y a quelque chose, je fais le suivi et j'effectue les changements nécessaires. La mine est en redémarrage aussi, alors c'est moi qui supervise ces travaux du point de vue de l'environnement. Par exemple, on doit remonter le niveau de la digue autour du parc à résidus, alors je m'assure qu'on suit les normes. Si quelque chose se passe sur le terrain concernant l'environnement, c'est moi aussi que les gars appellent.

Quel est votre plus grand défi au quotidien ?

Conscientiser les travailleurs de l'importance de préserver l'environnement. Je dois toujours expliquer pourquoi on fait telle chose et l'impact de leurs actions. Ce n'est pas dans les moeurs de tout le monde et ça fait beaucoup de choses à expliquer.

Y a-t-il de la place pour innover ?

Oui, chaque jour, on doit le faire. Beaucoup de nouveaux investissements en équipements ont été faits à la mine, alors il y a toujours de nouvelles réalités. Je discute chaque matin des problèmes rencontrés avec les gars et on trouve des solutions.

Comment se déroule votre travail dans ce milieu d'hommes ?

Sur le terrain, je suis pas mal la seule femme et au début, j'avais peur de la réaction des gars. J'arrive dans l'industrie minière, j'ai un rôle de cadre et je leur dis comment faire leurs affaires ! J'ai été surprise, mais ça se passe super bien ! Ils sont gentils et très respectueux. Par contre, aux rencontres chaque matin, il y a des ingénieurs, des gens de la santé et sécurité et on est presque à parité. Il y a de plus en plus de femmes dans l'industrie. C'est bon, parce qu'on ne voit pas les choses de la même façon que les gars et on a d'autres idées.