Troisième ville du Québec pour la population avec 440 000 citoyens, Laval a aussi la particularité de comporter une zone agricole dynamique couvrant 29 % de son territoire. Mais ce jardin à deux pas de l'agglomération urbaine reste méconnu. Une situation que souhaite changer l'administration municipale et, surtout, les producteurs agricoles.

Agriculteur établi depuis 1972 sur le boulevard Sainte-Rose à Laval, Gilles Lacroix est également président de la section locale de l'Union des producteurs agricoles (UPA) depuis 31 ans. Il est l'image type des agriculteurs que l'on retrouve majoritairement sur le territoire puisque sur les 120 entreprises présentes, la majorité se spécialise dans la production maraîchère et une cinquantaine comptent un stand à la ferme. 

« Nous cultivons près de 75 sortes de légumes que nous vendons chez nous à notre kiosque des Ancêtres », affirme Gilles Lacroix. Même si les affaires sont bonnes, le producteur estime qu'elles pourraient être encore meilleures si plus de citoyens qui passent devant chez lui soir et matin s'arrêtaient pour n'acheter ne serait-ce qu'un légume. « Je pourrais cultiver plus si la demande était là. C'est difficile de comprendre pourquoi nous sommes ignorés de la part d'une partie de nos citoyens », estime-t-il.

Affiche, meilleure signalisation, plan de communication, rénovation des stands pour être plus attrayants sont parmi les solutions qui sont actuellement à l'étude. D'ailleurs, la Ville de Laval a fait de l'achat local une de ses priorités lors de l'adoption de son plan de développement de sa zone agricole.

« On retrouve un bon nombre de kiosques qui peuvent desservir 25 000 à 50 000 personnes à moins de 10 km, mais les gens n'en sont pas toujours conscients. C'est à nous de faire connaître cette richesse. » - Stéphane Lalande, commissaire agroalimentaire pour la Ville de Laval

AIDER LA RELÈVE À PRENDRE SA PLACE

L'achat de proximité n'est pas la seule préoccupation des acteurs de ce secteur. La perpétuation des activités est également un enjeu de taille, surtout que l'âge moyen des producteurs est de 53 ans. Par chance, 78 % des entreprises ont désigné une relève potentielle, mais rien n'est gagné pour autant. « C'est un petit miracle que la plupart des producteurs aient une relève sur notre territoire, mais il faut leur donner une chance de s'établir », explique Gilles Lacroix qui, à 72 ans, a lui-même deux relèves désignées, mais qui n'ont pas encore totalement intégré les rangs.

Le prix élevé et le morcellement des terres figurent parmi les principaux freins à l'établissement des nouveaux venus. Stéphane Lalande explique que la Ville veut augmenter son pourcentage de terres cultivées, car même si 7053 hectares sont en zone agricole, seulement 51 % de ces terres sont réellement cultivées. « On veut augmenter ce chiffre de 10 % », affirme M. Lalande. Pour y arriver, l'administration travaille à mettre en oeuvre un remembrement de lots morcelés. « Certaines terres ont été morcelées à outrance. Certaines ont même jusqu'à 1400 propriétaires. Ce que l'on veut, c'est acquérir ces terres pour ensuite les louer ou les vendre pour qu'elles retrouvent leur vocation agricole. On veut aussi récupérer certaines terres qui sont en friche. »

Autre solution mise de l'avant pour aider l'établissement de jeunes producteurs, la création d'une banque de terres qui fera l'inventaire des terres agricoles à vendre ou à louer. « C'est une sorte de maillage entre cédants et repreneurs », dit Stéphane Lalande.

Même si le développement urbain a pris de l'ampleur, il n'en demeure pas moins que l'agriculture a été à l'origine du développement de l'île Jésus. Pour les autorités municipales et Gilles Lacroix, le dynamisme agricole est bien vivant et doit demeurer un pilier, même si parfois il faut le rappeler aux citoyens.