La PME lavalloise Metalium réalise le plus gros de son activité en fournissant des plaques et des poutres d'acier aux chantiers navals et aux grands projets d'infrastructures. Son président Donald Albert s'inquiète de l'absence de contenu québécois minimum sur les commandes gouvernementales aux chantiers navals, qui représentent une partie importante de son activité.

COMMANDES D'ENVERGURE

Metalium, qui vend uniquement au Québec, bénéficie présentement des grands chantiers d'infrastructures, dont les projets du pont Champlain et de l'échangeur Turcot. L'entreprise de 147 employés fournit aussi Alstom dans le cadre du contrat de fournitures des nouvelles voitures du métro de Montréal. Et elle travaille régulièrement avec les chantiers navals tels que Chantiers Davie à Lévis et de plus petits en Gaspésie. « Ce sont des commandes d'envergure, qui demandent des technologies nouvelles et qui créent des emplois spécialisés, explique Donald Albert. Et ces contrats nous font acquérir des connaissances qui nous permettent de solliciter de nouveaux clients par la suite. »

DAVANTAGE DE CONTENU QUÉBÉCOIS

Donald Albert est agacé de voir des commandes gouvernementales échapper aux chantiers navals québécois. Le récent appel d'offres du Groupe CTMA pour construire son prochain navire de croisière aurait dû exiger un contenu québécois de 50 %, pointe-t-il. De son côté, CTMA affirme respecter la politique gouvernementale en demandant 30 %.

Le président de Metalium enfonce le clou. « Comment compte-t-on vendre ailleurs les bateaux fabriqués ici si on ne les achète pas nous-mêmes ? C'est comme si j'étais GM et que j'avais une Mercedes dans mon entrée. Encourageons notre industrie avant d'encourager ceux d'autres pays, à compétence et qualité égales. »

UN BEAU PROJET OU DES MIETTES ?

La récente annonce du gouvernement fédéral de confier pour 7 milliards de dollars de travaux à trois chantiers navals pourrait le rassurer, mais... « On ne connaît pas encore la partie du contrat confiée à Chantiers Davie, relève Donald Albert. On espère que ce sera juste et équitable, et qu'il n'y aura pas seulement une porte de cabine à faire. »

Espère-t-il que Metalium profite de ce programme ? « Oui, mais si c'est un compétiteur qui l'obtient, il sera occupé, et je serai disponible pour d'autres projets, rétorque le président de l'entreprise. L'important est que cela pousse les entrepreneurs du Québec à être plus performants. »

NOUVELLE USINE EN VUE

À propos de performance, Metalium investit 27 millions pour ouvrir une nouvelle usine sur la Rive-Sud, à Beloeil. L'entreprise familiale entend ainsi rationaliser sa production de matériaux en acier. La firme fondée dans les années 70 par les familles Albert et Leroux a depuis implanté un total de neuf usines : sept au Québec et deux au Nouveau-Brunswick. Mais le temps est venu de rassembler certaines installations. « Au fil des années, en grandissant, nous avons spécialisé nos usines par produits, explique Donald Albert. Cela nous cause aujourd'hui des frais élevés de transfert : une même commande peut concerner plusieurs usines. »