Les futurs ingénieurs en région ressentent peu les effets de la commission Charbonneau. Les inscriptions dans les universités sont stables et, dans certains cas, à la hausse. L'enseignement de l'éthique a toutefois été renforcé.

L'onde de choc provoquée par les révélations à la commission Charbonneau ne semble pas atteindreles futurs ingénieurs en région. Si, comme tout le monde, ils sont préoccupés par les témoignages entendus, ils demeurent néanmoins confiants dans l'avenir. «À un moment, il y a eu un peu d'inquiétude, mais cela s'est résorbé rapidement, constate Patrik Doucet, doyen de la faculté de génie de l'Université de Sherbrooke. Les étudiants comprennent que cela ne concerne qu'une poignée d'individus.»

Partout, les inscriptions sont stables. À l'Université de Sherbrooke, elles sont même en hausse de 20%par rapport à 2012. L'offre de stages est par contre moins abondante que l'année dernière. «On n'attribue pas ce phénomène à la Commission, mais plutôt au ralentissement économique général, précise cependant Daniel Audet, directeur du module d'ingénierie de l'Université du Québec à Chicoutimi. Par exemple, au Saguenay, Rio Tinto Alcan vit des difficultés en raison de la baisse du prix de l'aluminium.»

Au contraire, en Abitibi-Témiscamingue, tout va pour le mieux. «Nos étudiants ne manquent pas de stages, et les finissants sont en grande demande, affirme Johanne Jean, rectrice de l'Université du Québec en Abitibi-Témiscamingue. Ils trouvent un emploi avant même d'avoir terminé leurs études. En fait, on n'en fournit pas suffisamment pour les besoins des industriels. Il faut dire qu'ici, l'activité économique est florissante.»

Révision de l'enseignement de l'éthique

L'influence de la commission Charbonneau se fait surtout sentir dans l'enseignement de l'éthique et de la déontologie. «Les professeurs qui enseignent les cours d'éthique de l'ingénierie se servent maintenant de la Commission comme exemple», dit Daniel Audet.

«Nous abordons les notions d'éthique et de déontologie tout au long du cursus, autant dans les cours magistraux que dans des activités pédagogiques plus concrètes, indique pour sa part Patrik Doucet. C'est une façon de montrer que l'éthique doit faire l'objet d'un souci constant. La Commission a renforcé l'importance que nous accordons au temps passé à discuter de ces choses avec nos étudiants. Nous tirons profit des manchettes pour rappeler aux futurs ingénieurs leurs responsabilités envers la population.»

La Confédération pour le rayonnement étudiant en ingénierie au Québec (CREIQ) préconise cette façon d'enseigner l'éthique, surtout à la lumière des résultats d'un sondage effectué en mai dernier auprès de 1136 étudiants en génie. Environ 45% des répondants ont affirmé ne pas se sentir bien outillés pour le marché du travail après avoir suivi le cours d'éthique à l'université qui, selon la majorité, est mal adapté à la situation actuelle des ingénieurs québécois.

«On est constamment confrontés à des problèmes éthiques, et il est pratiquement impossible de tout apprendre en un seul cours, croit Vincent Carignan, vice-président exécutif de la CREIQ. Il est beaucoup plus facile de faire passer le message de l'importance de l'éthique quand on en parle tout au long du programme d'études.»