Le nombre d'étudiants inscrits dans les programmes de génie minier au Québec s'accroît spectaculairement depuis les 10 dernières années.

Il n'y a pas si longtemps, le génie minier était boudé par les aspirants ingénieurs. Et les départements de génie minier peinaient à recruter des professeurs. Aujourd'hui, on se bouscule pour entrer à la mine.

«En 2002, le programme de premier cycle en génie des mines de Polytechnique comptait en tout et pour tout 10 étudiants, se souvient Louise Millette, directrice du département de génies civil, géologique et minier. Dix étudiants pour les quatre niveaux de premier cycle. Aujourd'hui, il y en a 98!»

Même regain d'intérêt à la Faculté d'ingénierie de McGill. «Il y avait à peine 32 inscrits en génie des mines en 2002, constate Hani Mitri, professeur au département de génie minier. Nous en avons 140 cette année pour les 4 niveaux du premier cycle.»

Selon Roussos Dimitrakopoulos, titulaire de la Chaire de recherche du Canada sur la ressource minérale renouvelable à McGill, on compte 40 nouveaux inscrits cette année.

Le rythme se maintient

«Le rythme des cinq dernières années se maintient. Et ça vient de partout. Nous avons des étudiants américains qui obtiennent de solides diplômes pour une fraction du prix qu'il leur en coûterait aux États-Unis. Nous avons des jeunes gens du Pakistan, du Sri Lanka, d'Indonésie, etc. Ça n'atteint pas le niveau des inscrits en génie électrique et électronique [120 cette année] mais nous sommes en pleine croissance.»

Et pourquoi diable cet engouement subit pour les profondeurs telluriques? «La réponse est évidente, répond Louise Millette. La relance mondiale du secteur des métaux fait que des tas de mines anciennes redémarrent parce que le prix du minerai est à la hausse et que ça vaut à nouveau le coût d'extraire. Et, on le voit au Québec, les gisements déjà identifiés passent massivement à la phase exploitation. Il faut des ingénieurs.»

Mais, selon Mme Millette, il y a une autre raison qui mène les jeunes au génie minier ces dernières années. «Il y a cinq ou six ans, les compagnies minières et leurs associations professionnelles se plaignaient d'une pénurie de jeunes ingénieurs spécialisés. Elles se demandaient pourquoi les taux d'inscription stagnaient. Nous, les universitaires, leur avons fourni une réponse.»

Cette réponse est que, pour les jeunes, les mines projetaient une image semblable à celle que l'on retrouve dans le roman Germinal, d'Émile Zola. «Des lieux sales et dangereux, du travail de bras, bref rien pour attirer nos jeunes matheux», explique-t-elle.

L'industrie a donc mis des moyens en oeuvre (publicités, visites à l'université, salons des mines dans les grandes villes) pour faire connaître le secteur minier aux jeunes scientifiques. On voit aujourd'hui le résultat.

Première année à Rouyn

Depuis quatre ans, l'Université du Québec en Abitibi-Témiscamingue (UQAT) offre la première année de génie minier. Ces cours sont donnés conjointement avec l'École Polytechnique de Montréal.

«Nous attirons des jeunes de la région qui ont obtenu leur DEC en technologie minière, explique Bruno Bussière, responsable du programme à l'UQAT. Ils ont un emploi, ils aiment le milieu et se disent qu'eux aussi peuvent devenir ingénieurs et se voir confier des mandats encore plus stimulants. Notre programme sert de passerelle entre leur DEC et leur seconde année de bac à Poly.» Cette année, deux personnes sont inscrites à cette première année de baccalauréat en génie minier.

De plus, 15 étudiants sont actuellement en train de faire leur maîtrise en génie minéral ou leur doctorat en sciences environnementales à l'UQAT. Il s'agit, là encore, d'un programme conjoint avec Polytechnique Montréal.

«Mais dans notre planification à moyen terme, nous prévoyons développer et offrir notre propre programme de deuxième cycle d'ici cinq ou sept ans», précise Bruno Bussière.