Septembre 1992, le Canadien Pacifique mettait à pied les 900 derniers employés de ses ateliers, les Shop Angus. L'an prochain s'entamera sur le site la seconde phase d'un ambitieux projet totalisant 370 millions (excluant les améliorations locatives) visant à transformer ce secteur en misant sur l'emploi et le développement durable. Quatre mots pour comprendre.

Travailler

Dès le, départ, le développement du Technopôle Angus a été axé sur l'emploi. La première phase a permis d'en créer 2300. La seconde devrait en ajouter au moins 1500. «Nous ne voulons pas d'entreprises polluantes ou qui prennent une grande surface en créant peu d'emplois, précise d'emblée Christian Yaccarini, président et chef de la direction de la Société de développement Angus. Nous attirons des entreprises de différents secteurs.» Plusieurs d'entre elles sont en croissance et cherchent de l'espace pour se développer.

Actuellement, tous les bâtiments commerciaux sont pleins. «Nous allons probablement commencer la construction d'un édifice relativement peu loué, en nous disant que nous avons 15 mois pour trouver preneur, note M. Yaccarini. Ce sera plus facile d'y arriver parce que ce sera tangible.»

Actuellement, plusieurs entreprises seraient intéressées, mais l'incertitude concernant la date de livraison les fait hésiter. La construction de l'ensemble des bâtiments devrait s'étaler sur sept à dix ans.

Habiter

Plusieurs résidences se trouvent à proximité du secteur, mais de nouvelles habitations sont néanmoins prévues dans la seconde phase. Le Technopôle Angus est d'ailleurs à mijoter un programme pour attirer les jeunes familles. «Celles avec un revenu de ménage entre 80 000$ et 120 000$ sont actuellement incapables d'acheter une première résidence dans le quartier parce que les prix sont trop élevés», constate M. Yaccarini.

L'organisation est donc en train de créer un fonds résidentiel qui investira pour aider les premiers acheteurs. «Il fournirait une partie de l'hypothèque, explique M. Yaccarini. Par exemple, les gens pourraient acheter une résidence de 300 000$ et nous investirions 60 000$. Il leur resterait donc 240 000$ à payer. Ils nous rembourseraient, plus la plus-value, lors de la vente.»

Les détails restent cependant à ficeler. Ils devraient être connus d'ici la fin de l'année. De plus, 20% des habitations seront des logements sociaux.

Christian Yaccarini

Vivre

«Nous voulons créer un milieu de vie, c'est ce que cherchent les entreprises en ce moment, croit M. Yaccarini. Quand nous avons commencé, il y a environ 20 ans, elles regardaient les parcs industriels. Ce n'est plus le cas. Maintenant, elles s'intéressent aux services à proximité.»

D'ailleurs, le Technopôle Angus commence à être bien pourvu. On y retrouve notamment un gymnase, un spa, une épicerie, une clinique, des restaurants, deux pharmacies, des terrains de sport et un marché fermier estival. D'ici peu, la première de quatre places publiques sera d'ailleurs inaugurée. «Elle sera bordée de trois nouveaux commerces: un steak house, une pizzéria et une boulangerie artisanale», précise Martine Rochon, directrice communication-marketing de la Société de développement Angus.

Il manque néanmoins encore quelques services comme une quincaillerie, un nettoyeur, un optométriste et un dentiste, énumère M. Yaccarini. Il aimerait également ajouter un troisième centre de la petite enfance.

Verdir

L'environnement occupe également une place prépondérante dans le développement du Technopôle Angus. «L'objectif, c'est de faire partie des leaders mondiaux en termes de développement économique durable, note Mme Rochon. On ne veut pas seulement avoir un effet neutre, nous voulons avoir un impact positif sur l'environnement.»

Plusieurs édifices ont d'ailleurs reçu des certifications témoignant de leurs caractéristiques écologiques. Parmi celles-ci: toits verts, récupération de l'eau de pluie pour les toilettes, géothermie, panneaux solaires, etc.

Malgré les technologies utilisées, les bâtiments sont construits au même prix que des édifices traditionnels, assure-t-elle. Et elles permettent jusqu'à 40% d'économie d'énergie! De plus, une boucle énergétique dans le quartier permettra de prendre la chaleur générée par une salle de serveurs, par exemple, de l'emmagasiner puis d'utiliser cette énergie pour le chauffage des résidences.

Enfin, le projet prévoit l'aménagement d'une érablière et de jardins potagers.

La phase 2 en chiffres

> 250 millions en investissements d'ici sept à dix ans (excluant les améliorations locatives)

> 69 677 m2 à développer

> 41 806 m2 pour de nouveaux bâtiments commerciaux à construire (une dizaine d'édifices)

> 27 871 m2 pour de nouveaux logements en copropriétés dans six édifices résidentiels (325 à 350 unités)

> 800 nouveaux résidants

> 1500 emplois supplémentaires

> 20% de la superficie pour les espaces publics

> 542 cases de stationnement en sous-sol

Développement

> Nom: Effigis

> Nombre d'employés: 150, dont 130 à Montréal

> Dans le quartier depuis 2001

Effigis a d'abord été séduite par l'emplacement du Technopôle Angus, idéal par rapport aux résidences de ses employés. «Il fallait y croire, lance cependant Denis Parrot, président. À l'époque, il n'y avait rien à part le Locoshop qui était transformé. Nous étions les premiers locataires de notre édifice.» Il a donc été un témoin privilégié du développement du secteur. «Une garderie a été construite peu après et mes enfants l'ont fréquentée, raconte M. Parrot. Maintenant, il y a des endroits où s'entraîner et des restaurants.» Ses employés aiment d'ailleurs jouer au tennis et au volleyball le midi dans le parc tout près. L'entreprise envisage aujourd'hui de louer un local additionnel dans le secteur afin de poursuivre sa croissance.



PHOTO ALAIN ROBERGE, LA PRESSE

Denis Parrot, président d'Effigis, estime que l'aspect écologique des bâtiments est un avantage intéressant.

Accès

> Nom: Medpharmagene

> Nombre d'employés: 6

> Dans le quartier depuis 2011



C'est d'abord pour recevoir 9800 personnes dans le cadre d'un projet de recherche que Pharmagene a loué un local au Technopôle Angus. La facilité d'accès a ensuite convaincu l'entreprise spécialisée en recherche clinique de haut niveau d'y emménager. Marie- Renée Guertin, infirmière et chargée de projet, se dit maintenant séduite par la qualité de vie dans le secteur. «Il y a des espaces verts et on ne se sent pas coincés comme à d'autres endroits à Montréal, note-t-elle. C'est agréable et convivial. Des restaurants ont ouvert et il y a une belle vie de quartier.» Femme de la campagne, cette résidante des Cantonsde- l'Est assure qu'elle choisirait ce secteur si elle devait habiter à Montréal.

PHOTO MARTIN CHAMBERLAND, LA PRESSE

Marie-Renée Guertin, infirmière et chargée de projet juge que le quartier offre de plus en plus de services.