Populaires auprès des grands investisseurs institutionnels depuis un certain temps, les investissements alternatifs sont maintenant plus présents dans les portefeuilles des clients en gestion privée. Entrevue avec Élyse Léger, vice-présidente gestionnaire de portefeuille privé chez Fiera Capital.

Qu'est-ce qu'un investissement alternatif ?

Les investissements traditionnels sont composés d'actions, d'actions privilégiées et d'obligations. Les investissements alternatifs vont chercher d'autres sources de rendement en infrastructure, en agriculture, en immobilier, dans les fonds d'investissement privés et dans les hedge funds.

Pourquoi ces produits sont-ils plus populaires qu'avant ?

Il y a vingt ans, les portefeuilles étaient essentiellement composés d'investissements traditionnels. Avec les bas taux d'intérêt et les perspectives de rendement moins élevées, les investisseurs et les gestionnaires se sont mis à innover pour trouver de nouvelles sources de rendement.

Les taux d'intérêt ont atteint des niveaux historiquement bas. Cette conjoncture comporte des risques importants pour les classes d'actifs traditionnels. Quand les taux d'intérêt vont augmenter, cela va mettre une pression sur les prix des obligations. Leur valeur marchande va diminuer parce que le taux d'intérêt disponible sera plus intéressant. Même chose pour les actions.

De plus, les perspectives de rendements sont moindres que ce qu'on a déjà connu, notamment parce que la croissance économique des pays développés s'est stabilisée et stagne un peu plus.

Quels sont les avantages de ces investissements ?

Ils nous permettent d'aller chercher de nouvelles sources de rendement pour optimiser le rendement du portefeuille. Cela permet aussi de diversifier le portefeuille, ce qui réduit le risque et la volatilité.

Nous n'anticipons pas de récession à court terme, mais s'il y en avait une, nous sommes convaincus que les portefeuilles auxquels nous ajoutons des stratégies alternatives vont bien traverser cette période tumultueuse.

L'agriculture, par exemple, est une des stratégies qui seraient les moins impactées parce que les gens vont continuer de manger. De plus, les rendements sont intéressants parce que la demande mondiale est en hausse et le prix des commodités également. La grande source de valeur ajoutée de cette stratégie, c'est la valeur des terres. En 2008, par exemple, il y a eu une baisse de 3 %, mais c'est très loin de la correction qu'on a eue dans les marchés.

Quels en sont les inconvénients ?

Ce sont des stratégies plus complexes à concevoir, donc cela prend une expertise pointue. Elles sont souvent plus coûteuses parce que la gestion est plus complexe et que la capacité est plus restreinte, car il faut trouver les projets intéressants.

La liquidité est aussi moins grande, car on investit dans des actifs à long terme. Nous avons acheté le tunnel Billy-Bishop qui relie l'île de Toronto au centre-ville, par exemple. Si on veut le vendre demain matin, ça ne se fera pas nécessairement dans la journée. La liquidité est plus limitée, mais nous la rendons accessible à travers nos fonds qui, eux, détiennent les liquidités pour permettre à nos investisseurs de vendre une partie leurs investissements s'ils le souhaitent.

Photo André Pichette, Archives La Presse

Élyse Léger, vice-présidente, gestionnaire de portefeuille privé chez Fiera Capital, croit que les investissements alternatifs constituent une voie d'avenir.