Le nombre de tentatives d'escroquerie par hameçonnage a bondi l'an dernier, révèlent des chiffres obtenus par La Presse et qui seront bientôt dévoilés par le Centre antifraude du Canada (CAFC).

Quelque 27 200 incidents ont été recensés au pays par le CAFC en 2011, contre 17 000 en 2010. Ce sont surtout les stratagèmes ciblant les banques et leurs clients qui se sont multipliés. Entre janvier et juin de l'an dernier, le CAFC comptait 6256 signalements. Une hausse de 78% par rapport à la même période en 2010.

Hausse constante

«Ça augmente de manière constante depuis quelques années, note le sergent d'état-major Paul Proulx, spécialiste de la fraude à la Gendarmerie royale du Canada (GRC). Les fraudeurs sont de plus en plus raffinés. Ils arrivent à reproduire les logos et les sites web des institutions dont ils usurpent l'identité.»

La tactique est simple. Comme quatre internautes canadiens sur dix, vous en avez peut-être déjà été victime. Vous recevez un courriel qui semble venir de votre banque, de votre compagnie de carte de crédit, d'un site d'achats en ligne ou même d'un organisme gouvernemental comme Revenu Québec. Même logo, même ton officiel.

«Cher client, pourrait dire le message. Dans le cadre des efforts continus que nous déployons pour protéger votre compte et réduire les cas de fraude, nous avons remarqué que votre profil bancaire en ligne a besoin d'être mis à jour. Nous vous prions de mettre les renseignements de votre compte à jour en cliquant sur le lien ci-dessous.»

La page web où vous arrivez est une copie quasi conforme de celle de votre institution. On vous demande d'y entrer des informations confidentielles comme votre numéro de carte de crédit ou votre mot de passe bancaire.

«Une fois que ces informations sont compromises, ça va mal», dit le sergent Proulx, qui ajoute que lorsque les fraudeurs ont accès à votre compte, ils le videront dans les 24 heures.

«Leur piège est assez bien fait pour que beaucoup de gens tombent dans le panneau. Surtout que le message demandera une réaction immédiate en créant chez la victime un sentiment d'urgence. Elle n'aura donc pas le temps de se méfier.»

Se prémunir

Comment se prémunir contre de telles arnaques, alors? «C'est simple, répond le policier. Ne donnez jamais d'informations personnelles sur l'internet. De toute façon, aucune banque ou autre institution du même genre ne vous demandera de le faire.»

Nathalie Genest, porte-parole du Mouvement Desjardins, confirme. «Jamais nous n'enverrons un courriel à nos membres pour leur demander de confirmer un numéro de compte ou quelque chose comme ça», dit-elle.

L'an dernier, l'institution a reçu 37 000 courriels de membres lui signalant la réception d'un courriel hameçon. Elle a fait fermer près de 700 sites web usurpant son identité et son image dans le but de flouer ses clients.

«Si jamais nos membres se font avoir, on a une politique selon laquelle on leur rembourse les sommes perdues, dit Mme Genest. On les accompagne aussi au cas où ils se seraient fait voler leur identité.» Mieux vaut tout de même ne pas se faire prendre.

Plus à risque

Selon Statistique Canada, les internautes de sexe masculin sont plus nombreux que les femmes à avoir reçu un courriel frauduleux. Aussi, les utilisateurs de l'internet qui sont titulaires d'un grade universitaire qui ont un revenu personnel supérieur à 100 000$ ou qui habitent dans une région métropolitaine sont plus susceptibles d'être victimes d'une tentative d'hameçonnage.

Mais surtout, le risque de fraude est beaucoup plus élevé pour les anglophones (43%) et les allophones (36%) que pour les francophones (25%). «Cela peut signifier que plusieurs tentatives d'hameçonnage sont effectuées en anglais», indique Statistique Canada.

Même chose pour ceux qui magasinent en ligne. Près des deux tiers des gens ayant fait des achats en ligne au moins une fois par semaine ont subi au moins une tentative d'hameçonnage, contre moins du quart pour ceux qui n'en font que rarement ou carrément jamais.

Comment reconnaître un courriel hameçon?

L'expéditeur, en apparence une institution crédible comme une banque, vous demande des renseignements personnels en utilisant généralement l'un des prétextes suivants :

- Il annonce que votre compte bancaire est sur le point d'être fermé, ou votre carte de crédit résiliée.

- Il indique qu'une quelconque commande a été faite en utilisant votre nom.

- Il écrit que vos renseignements personnels ont été perdus en raison d'une erreur ou d'une défectuosité informatique

- Il explique qu'on soupçonne que votre compte ou votre carte de crédit a fait l'objet d'une fraude