Les 1700 mises à pied annoncées le mois dernier par Bombardier Aéronautique ne devraient pas dissuader les candidats à une carrière dans l'aérospatiale.

Et ce, même si le chef de file de l'aéronautique québécoise a connu une forte déconvenue boursière la semaine dernière, quand il a reconnu devoir engager 1,1 milliard de dollars supplémentaires d'ici 2016 pour mettre au point sa gamme CSeries.

Malgré les suppressions de postes, «les perspectives d'emploi demeurent excellentes dans le secteur», affirme Suzanne Benoit, PDG d'Aéro Montréal, grappe aéronautique montréalaise.

La croissance continue de la flotte mondiale d'avions ne laisse pas présager d'accalmie. «Quelque 40 000 nouveaux avions sont attendus dans les 20 années à venir, précise Mme Benoit. Ça prend des gens pour les concevoir!»

Dans la région de Montréal, Bombardier Aéronautique a prévu de supprimer 1100 postes, essentiellement en ingénierie, en fabrication, en assemblage et aux ventes.

«Dans les faits, les employés en ingénierie savaient que leur contrat ne serait pas renouvelé, explique Éric Edström, chargé de projet au Comité sectoriel de main-d'oeuvre en aérospatiale au Québec (CAMAQ). On s'y attendait un peu.»

«Mains intelligentes»

Et la mise en construction de la gamme d'avions régionaux CSeries n'est que reportée, tempère M. Edström. La production fera appel aux «mains intelligentes», explique-t-il, celles des employés qui poseront le câblage et intégreront les structures.

Or, ces mains intelligentes sont mises de côté pour huit à neuf mois, explique M. Edström. Puis elles seront de nouveau sollicitées pour revenir construire et assembler la gamme CSeries, quand les tests logiciels sur l'intégration des différentes structures auront abouti.

D'ici là, une partie des 1100 employés mis à pied aura postulé d'autres emplois offerts chez Bombardier, ajoute M. Edström, qui évalue le nombre de postes ouverts à 600.

Dès la fin de l'année 2014, les usines de Bombardier devraient se garnir de nouveau. Et les établissements de formation adapteront leurs cohortes à la demande. «Comme c'est une chaîne de montage, les embauches seront progressives durant deux à trois ans», précise M. Edström.

«Les formations professionnelles durent entre 9 et 18 mois, on pourra ajuster le nombre de diplômés aux besoins de l'industrie.»

À la recherche de près de 3200 travailleurs

Avant l'annonce de Bombardier, le CAMAQ prévoyait la création de 1063 nouveaux postes en 2014 dans l'ensemble de l'industrie, selon son recensement annuel des emplois. Cela n'inclut pas les 2127 travailleurs qui devront pourvoir les postes laissés vacants, pour cause de départs à la retraite ou de simple rotation du personnel.

Au total, «c'est donc près de 3200 travailleurs que les entreprises manufacturières en aérospatiale devront trouver pour atteindre leurs objectifs de production», souligne le CAMAQ.