À l'Agence spatiale canadienne, on profite au maximum des programmes de stages permettant à des étudiants, de l'université pour la plupart, de venir se faire la main dans les spécialités pointues liées au domaine spatial. Ainsi, chaque été, 200 étudiants viennent passer quatre mois, rémunérés, à goûter aux professions de l'espace.

«Nous nous servons du Programme fédéral postsecondaire d'enseignement coopératif (programme CO-OP) pour admettre et rémunérer nos stagiaires, précise Yves Saulnier, directeur des ressources humaines à l'Agence spatiale canadienne à Saint-Hubert. Au départ, cette philosophie de formation équilibrée cours/stage relevait quasi exclusivement de l'Université de Sherbrooke. Cette alternance études-travail a eu beaucoup de succès. Depuis, à peu près toutes les maisons d'enseignement postsecondaire ont emboîté le pas.»

À titre d'indication, les salaires horaires des stagiaires varient de 11,55$ à 15,46$ pour un cégépien. Les étudiants à la maîtrise reçoivent entre 16,89$ et 21,24$.

Ingénieurs et spécialistes

On ne s'étonnera pas que de ces stagiaires, environ le tiers étudie en génie. C'est que près d'un employé sur trois à l'Agence est ingénieur, 240 sur un total de 680 employés au Canada. Les disciplines que l'Agence recherche le plus sont les génies mécanique, électrique, physique, spatial et informatique.

«Mais nous commençons à recruter davantage de spécialistes en biologie, confirme M.Saulnier. C'est que la Station spatiale n'est plus un chantier de construction. C'est maintenant une structure totalement opérationnelle, un lieu de résidence sur de longues périodes de temps. Il devient impérieux d'approfondir nos connaissances sur les effets à long terme de l'apesanteur sur les organismes vivants.»

Beaucoup d'appelés, peu d'élus

Il serait surprenant que l'Agence spatiale tombe en panne de ressources humaines. Sa capacité de séduire les jeunes est phénoménale. «Le gouvernement fédéral a son programme de recrutement postsecondaire, rappelle M. Saulnier. Nous transmettons aux responsables du programme nos besoins précis en main-d'oeuvre de relève. La caravane fédérale fait alors la tournée des collèges et universités du pays.»

Et ça marche. Très fort.

En 2010-2011 l'Agence a reçu 1000 CV à la suite de la tournée de recrutement fédérale. Il y avait huit postes à combler, surtout en génies optique et électronique.

«Dans le choix de nos recrues, nous devons rester alignés sur les créneaux où le Canada a déjà une longueur d'avance au niveau mondial.» La robotique, bras canadien oblige, figure au haut de la liste. Pas très loin suivent l'optique (comme dans fibre), le génie des matériaux et des structures.

Du sang neuf

Il n'y a pas que les planètes qui font des tours et des ronds. La relève de l'Agence a son orbite, elle aussi. C'est cette orbite qui empêche que l'âge moyen des spécialistes suive le même chemin que celui des Canadiens en général.

«Il est certain, reconnaît M Saulnier, que nous devons avoir le souci constant d'équilibrer notre brigade de vétérans aguerris par un afflux régulier de sang neuf.» C'est là que l'orbite des stagiaires entre en jeu.

Ça marche à peu près comme ceci. Une étudiante fait quelques stages à l'Agence, pendant les étés ou même selon le programme cours/stages de son université. Quand elle a obtenu son diplôme, ses stages à l'Agence lui procurent l'expérience requise pour être recherchée par des entreprises privées qui se spécialisent dans l'aérospatiale.

«Quant à nous, les règles fédérales d'embauche font que nous demandons souvent quatre années d'expérience au minimum pour embaucher des candidats. Grâce à nos stages, l'étudiante diplômée trouve son emploi au privé, y acquiert ses quatre années d'expérience et peut alors fermer l'orbite en revenant à l'Agence.» Du pur Newton.