Avianor travaille depuis trois ans à un projet visant à révolutionner le divertissement à bord des avions. La PME de Mirabel est devenue actionnaire minoritaire de l'entreprise irlandaise Airvod, dont l'écran tactile, installé sur la partie arrière de chaque siège, permet notamment aux voyageurs de regarder des films, jouer à des jeux vidéo ou naviguer sur l'internet.

Pourquoi Avianor croit-elle autant en ce projet? Parce que c'est elle qui installera les écrans Airvod dans les avions qu'elle prend en charge. L'entreprise québécoise est spécialisée dans la maintenance, mais surtout dans la remise à neuf d'aéronefs de 180 à 450 places. La PME a entre autres reconfiguré les avions utilisés par U2 et les Rolling Stones.

Bref, Avianor peut reconfigurer complètement l'intérieur d'un avion, s'occuper de sa mécanique, voire repeindre ses ailes. La PME se présente d'ailleurs comme l'entreprise la plus intégrée au Canada dans le secteur de la remise à neuf d'avions. Une sorte de guichet unique. Pour le remplacement de sièges, elle emploie ses propres couturières et importe elle-même ses cuirs. Avec l'arrivée des écrans Airvod, Avianor ajoute une corde à son arc.

«On ne s'en cache pas: c'est pour attirer encore plus d'avions à Mirabel qu'on est associé au projet Airvod. C'est majeur comme innovation. C'est du WiFi. L'Airvod est comme un iPad à partir duquel un passager peut tout faire, que ce soit appeler l'agent de bord, allumer le plafonnier, visionner le film de son choix, réserver des billets sur l'internet, etc.», s'enthousiasme Sylvain Savard, président d'Avianor.

Selon lui, l'Airvod est le socle d'une «véritable révolution dans l'Inflight Entertainment» (systèmes de divertissement dans les avions). Airvod serait en concurrence avec deux autres entreprises dans la fabrication de ce type d'écran récréatif.

Avianor aurait déjà signé un contrat pour installer en 2012 des écrans Airvod dans deux Boeing 777 du transporteur américain Omni Air International. De telles commandes peuvent coûter entre 1 et 2 millions, selon le type d'aéronefs.

Avianor a été fondée en 1995 par Sylvain Savard. À l'époque, il était le seul employé de la PME et faisait appel à des sous-traitants. Dès la deuxième année, son chiffre d'affaires était de 1,8 million$. Les choses allaient trop rapidement et M. Savard, ingénieur industriel, s'est associé à un autre ingénieur: Earl Diamond.

Aujourd'hui, M. Diamond est coactionnaire à hauteur de 50%. Les deux associés enregistrent des ventes de près de 30 millions. Leur croissance est soutenue.

Le chiffre d'affaires n'est cependant pas une fin en soi. «Nous ne sommes pas des financiers, mais plutôt des ingénieurs. Ce sont les projets qui nous allument. On investit dans l'amélioration continue et dans l'achat d'équipement. En parallèle, cela fera augmenter notre clientèle et donc nos revenus», explique Sylvain Savard, 46 ans.

L'adepte d'arts martiaux, détenteur d'une ceinture noire en kung-fu, se félicite qu'Avianor ait maintenu l'objectif d'être intégrée verticalement. «Au début, les financiers ne comprenaient pas où on s'en allait; ils trouvaient qu'on était trop diversifiés. Or, c'est justement parce qu'on offre autant de services sous un même toit que des transporteurs de l'autre bout du monde viennent nous porter leurs avions pour qu'on s'en occupe», dit-il.

La PME compte actuellement 260 employés. Elle a une vingtaine de postes à combler.