L'actif sous gestion dans les fonds communs de placement canadiens a connu un taux de croissance annuel de plus de 12 % depuis 20 ans et représente aujourd'hui 31 % du patrimoine financier des Canadiens, selon les données fournies par le Conseil des fonds d'investissement du Québec (CFIQ). Mais cela n'empêche pas l'industrie de se transformer. Des experts nous expliquent les grandes tendances qui guident ces changements.

LES FRAIS

Beaucoup d'attention a été portée à la question des frais liés à l'achat et à la détention des fonds communs au cours des dernières années, et cette tendance va certainement se poursuivre, explique Stéphane Blanchette, vice-président, finances et opérations, d'Investia Services financiers et président du conseil de la CFIQ. « Les frais diminuent de façon continue depuis quelques années, et il y a de la place pour des baisses additionnelles », dit-il. La baisse des frais n'est probablement pas terminée, croit également Jonathan Durocher, président de Banque Nationale Investissements (BNI). « Par ailleurs, la question des frais chez nous est directement liée à la proposition de valeur des produits offerts », dit-il. L'objectif demeure d'aller chercher les meilleurs gestionnaires.

CHANGEMENTS RÉGLEMENTAIRES

L'ensemble de l'industrie des services financiers fait face à des changements réglementaires importants depuis quelques années, et le secteur des fonds communs n'y échappe pas. La mise en place du Modèle de relation client-conseiller (MRCC 2) permettra à tous les investisseurs à compter de janvier 2017 de recevoir des rapports financiers de leurs conseillers qui identifieront de façon précise les frais qui leur sont facturés, ainsi que les rendements qu'ils ont obtenus sur leurs différents investissements, dont les fonds communs. Réduire l'opacité qui entoure souvent l'industrie des services financiers est une tendance lourde qui se poursuivra, selon Stéphane Blanchette.

LES FONDS DE FONDS

Plus de 90 % de nos ventes de fonds communs proviennent des fonds de fonds, estime Sébastien Vallée, directeur principal, Solutions de placement, au Mouvement Desjardins. Un fonds de fonds est un portefeuille composé de plusieurs fonds communs. « Il s'agit d'une offre simple qui rejoint facilement la répartition d'actifs voulue et permet un rééquilibrage à fréquence régulière afin de maintenir cette répartition », dit-il. Les fonds de fonds permettent aux investisseurs d'avoir accès aux meilleurs gestionnaires dans chacun des secteurs. Cette tendance se retrouve chez toutes les sociétés de fonds, ajoute Jonathan Durocher.

LE BÊTA STRATÉGIQUE

Pour contrer les imperfections des fonds indiciels bâties en fonction de la capitalisation boursière, de plus en plus de fonds communs sont construits de façon mécanique en utilisant des critères de sélection précis. Parmi les critères les plus répandus, on note entre autres les titres à faible volatilité et les titres offrant un bon dividende. D'autres fonds recherchent les titres ayant un faible ratio cours/bénéfices, alors que certains autres visent les titres dont le prix profite d'un fort élan (momentum). « Ces fonds bâtis à partir d'un modèle s'appuyant sur des critères d'investissement précis s'avèrent un bon compromis entre la gestion active et la gestion passive », dit Sébastien Vallée.

L'OFFRE EN LIGNE ET LE CONSEILLER-ROBOT

L'industrie des fonds communs n'y échappera pas non plus : les avancées technologiques et l'arrivée d'une nouvelle génération de jeunes investisseurs font que le conseil en ligne et l'utilisation de conseillers-robots risquent de devenir des tendances lourdes. « Le défi de l'industrie des fonds communs sera de s'y adapter sans perdre l'interaction humaine », dit Stéphane Blanchette. Le conseil en ligne offre des conseils en matière d'investissement par l'entremise d'un site web interactif. Les conseillers-robots risquent de se multiplier au cours des prochaines années. Bien qu'ils s'adressent principalement aux investisseurs autonomes, ils seront probablement utilisés également comme outils de soutien par les conseillers.

CONVERSION VERS LA SÉRIE F

Un fonds commun peut être offert sous différentes versions, bien que le contenu de chacune d'elles demeure absolument identique. La version Série F se distingue par le fait qu'elle n'inclut que les frais du manufacturier. Ainsi, il n'y a pas de frais de distribution, telle la commission de suivi aux conseillers, qui sont perçus à même le fonds. Les conseillers vendent de plus en plus de fonds Série F parce qu'ils sont de plus en plus rémunérés sur une base d'honoraires et non pas de commissions, explique Jonathan Durocher. La rémunération sur une base d'honoraires constitue actuellement une tendance lourde dans l'ensemble du secteur de la gestion de patrimoine.

EN CHIFFRES

197 000 000 000

La valeur des fonds communs de placement au Québec s'élève à 197,1 milliards $ (+ 2,3 %) au second trimestre de 2016, tandis qu'elle s'élève à 851,3 milliards $ (+ 2,4 %) pour l'ensemble des Canadiens.

23,2

La part du marché canadien des fonds communs de placement appartenant aux personnes résidant au Québec est de 23,2 %.

4 900 000

En 2015, 33 % (4,9 millions) de ménages canadiens détenaient des fonds communs de placement.

87

Pourcentage des Canadiens qui font davantage confiance dans les fonds communs de placement (87 %) que dans d'autres produits financiers comme les CPG (61 %), les obligations (55 %) et les actions (62 %).

Sources : Institut de la statistique du Québec et Institut des fonds d'investissement du Canada