Avoir ou non un conseiller? Voilà une question qui revient chaque fois qu'il est question de gestion de portefeuille.

D'un côté, les prétentions de l'industrie, de l'autre, les interrogations du public.

C'est que le conseil comporte un coût qui, pour certains, peut sembler élevé. Est-il justifié? L'investisseur qui utilise les services d'un conseiller obtient-il vraiment un meilleur rendement?

Les frais de gestion et la valeur du conseil sont des éléments indissociables, explique Claude Paquin, président pour le Québec du Groupe Investors.

D'entrée de jeu, il semble que les investisseurs souhaitent être conseillés, car 87% des fonds communs vendus au Québec le sont par l'intermédiaire d'un conseiller, note M. Paquin. «C'est une tendance de fond», constate-t-il.

Mais ont-ils vraiment le choix, compte tenu de l'importance des grandes institutions dans la confection et la distribution des fonds communs?

Une étude de Pollara pour le compte de l'Institut des fonds d'investissement du Canada (IFIC) démontre que le niveau de confiance des investisseurs envers les conseillers serait de 94%, indique Claude Paquin.

Meilleurs rendements

À la question de savoir s'ils obtiennent un meilleur rendement, une étude économétrique a été réalisée l'an dernier par Claude Montmarquette, professeur à l'Université de Montréal, et président-directeur général du Centre interuniversitaire de recherche en analyse des organisations (CIRANO). Et le résultat est sans équivoque. «Les investisseurs qui utilisent les services d'un conseiller obtiennent un bien meilleur rendement à moyen et à long terme», dit-il.

L'étude s'appuie sur une enquête réalisée auprès de 3610 Canadiens âgés de 25 à 65 ans avec des revenus de ménage de moins de 250 000$. La moitié des répondants faisait appel à un conseiller, alors que les autres géraient eux-mêmes leur portefeuille. Parmi le deuxième groupe, 227 étaient des investisseurs qui transigeaient fréquemment.

Impacts positifs

La première question de l'étude était d'établir si, objectivement, ça donne quelque chose de faire appel à un conseiller. Il s'agissait donc d'établir l'impact sur la valeur du portefeuille, toutes autres choses étant égales par ailleurs, explique M. Montmarquette.

L'étude conclut que ce n'est qu'après quatre ans que l'impact du conseiller se fait sentir sur la valeur du portefeuille. Mais après cette période, les résultats sont probants. La valeur du portefeuille après 5 à 7 ans sera en moyenne 58% plus élevée pour l'investisseur utilisant les services d'un conseiller. Après 7 à 15 ans, elle sera deux fois plus élevée.

Comment explique-t-on ces résultats? «On a constaté que ce n'est pas parce qu'ils font un meilleur choix de titres que les investisseurs qui se font conseiller réussissent mieux, mais plutôt pour d'autres raisons», dit Claude Montmarquette.

D'abord, le conseiller incite l'investisseur à l'épargne, ce qui lui permet une croissance plus rapide de son patrimoine. De plus, le conseiller assure que l'investisseur atteigne un meilleur niveau de diversification de son portefeuille, donc qu'il soit mieux protégé contre les fluctuations des marchés. «Enfin, c'est sous-entendu, mais on peut croire que le conseiller évite que l'investisseur soit pris de panique et prenne les mauvaises décisions aux mauvais moments», dit M. Montmarquette.

La deuxième question était plus subjective et portait sur la confiance que pouvait générer le fait de faire appel à un conseiller. «Là, la réponse est oui, et le résultat est très robuste, dit le PDG du CIRANO. Les investisseurs qui font appel à un conseiller sont satisfaits et veulent absolument en avoir un», ajoute-t-il.

L'étude effectuée par le professeur Montmarquette n'a pas porté sur les coûts de l'utilisation d'un conseiller. Mais il croit qu'il y aurait beaucoup à faire de ce côté également, car les gens ne les connaissent pas nécessairement.