L'épargnant moyen est peut-être grognon, mais l'industrie canadienne des fonds communs demeure solide.

À la fin du mois de septembre, les actifs sous gestion s'élevaient à 827 milliards de dollars, en hausse de 57 milliards depuis le début de l'année. Plus du tiers de cette croissance de 7,5% est attribuable aux ventes de nouvelles parts.

À la fin du mois de septembre 2012, les ventes nettes de fonds communs au Canada totalisaient 23,8 milliards de dollars, en hausse par rapport aux 19,4 milliards engrangés durant la même période l'an dernier.

«Un sondage indépendant nous indique que 87% des gens ont confiance dans les fonds communs pour atteindre leurs objectifs, souligne le président du conseil d'administration du Conseil des fonds d'investissement du Québec, Stéphane Langlois. C'est le produit dans lequel ils ont le plus confiance.»

Cette confiance semble cependant tempérée par une bonne dose de circonspection. Les Canadiens confient 29,5% de leurs actifs investissables - immobilier excepté - aux fonds communs à long terme, et 31% si on inclut les fonds à court terme. Mais la plus grande part de leurs actifs, soit 42%, est conservée en liquide, comptes d'épargne et autres dépôts à terme.

Le Québec à la remorque

Au Canada, 34,4% des ménages détiennent des parts dans un ou plusieurs fonds communs. La proportion est nettement moins élevée au Québec, où elle s'établit à 24%.

«Les investisseurs québécois semblent plus prudents, car ils ont plus de dépôts à terme, analyse Stéphane Langlois. Au Canada, ils occupent 18% de l'actif investissable, alors qu'au Québec, nous sommes à 22%.»

L'explication? «Il y a peut-être une plus grande aversion au risque, précise-t-il. On a peut-être commencé plus tard à investir dans les fonds communs.»

Cependant, le Québec rattrape son retard... à petits pas. De 2002 à 2012, les actifs québécois en fonds communs sont passés de 63 milliards à 139,6 milliards. Alors que la part du Québec comptait pour 15% du marché canadien des fonds communs en 2002, elle a atteint 17% en 2012.

À ce rythme, il faudra encore trois décennies pour qu'elle équivaille aux 23% qu'occupe le Québec dans la population canadienne.

Pencher vers l'équilibre

«Ce qui est intéressant de regarder au cours de la dernière année, c'est le choix des investisseurs, soulève M. Langlois. Les gens choisissent en grand nombre des fonds équilibrés ou des fonds de fonds. C'est une solution complète pour le client.»

On sent tout de même une nette réticence envers les marchés boursiers. Durant les neuf premiers mois de l'année, les ventes nettes des fonds équilibrés, avec 20,8 milliards, sont en repli par rapport aux 25,1 milliards réalisés dans le même intervalle en 2011.

Pendant ce temps, les fonds d'actions accroissent... leur impopularité. Après neuf mois, leurs ventes nettes affichaient un bilan négatif de -10,1 milliards, une désaffection encore plus marquée que le déficit de 6,02 milliards encaissé durant la même période en 2011.

Les fonds du marché monétaire, dont l'électrocardiogramme est proche de la mort clinique, sont eux aussi délaissés en 2012. Les rachats ont encore dominé en septembre, pour un bilan négatif de -4,78 milliards après neuf mois.

Les fonds d'obligations à court terme en bénéficient largement, question pour les investisseurs d'obtenir «un peu de rendement sans trop de risque», souligne Stéphane Langlois. De janvier à septembre, les ventes nettes des fonds d'obligations ont totalisé 14,9 milliards, comparativement à 4,16 milliards pour la même période en 2011.

En somme, prudence renforcée de pondération et bardée de précautions.