Après avoir peiné depuis trois ans, le secteur des mines semble vouloir redécoller. À elles seules, les activités d'exploration montrent des signes encourageants. Autres constats : les travaux de recherche privés et publics battent leur plein dans un contexte où, lentement mais sûrement, des sociétés minières changent leur modèle d'affaires. Explication en trois points.

REPRISE

Tout le monde le dit : la reprise dans le secteur minier est à nos portes. Et plus particulièrement en exploration. « Depuis le début de l'année, on sent une nette amélioration du climat en général. On le voit avec les financements plus avancés de certains projets », explique Valérie Fillion, directrice générale de l'Association de l'exploration minière du Québec (AMEQ). Mais la prudence est de mise, ajoute-t-elle. « On reste sur nos gardes. Les investissements étaient à un sommet en 2001 avec 833 millions. En 2015, ça a baissé à 220 millions. »

L'exploration minière a été malmenée au cours des dernières années, rappelle Mme Fillion. Et pour plusieurs raisons. « Ça nous a pris quatre versions du projet de loi sur les mines, rappelle-t-elle. Ce n'est rien pour attirer des partenaires étrangers ni installer un climat de confiance. Le recul du prix des métaux n'a pas aidé. Et là, le gouvernement s'apprête à réviser la Loi sur la qualité de l'environnement. Je dirais que les enjeux dans notre secteur sont pratiquement les mêmes qu'il y a 40 ans, quand l'AMEQ a été fondée : l'accès au territoire, la cohabitation, la fiscalité, etc. »

« Depuis le début de l'année, on sent une nette amélioration du climat en général. On le voit avec les financements plus avancés de certains projets. » - Valérie Fillion, directrice générale de l'Association de l'exploration minière du Québec (AMEQ)

REDEVANCES

De plus en plus d'entreprises minières établies au Québec choisissent un modèle d'affaires basé sur les redevances. « Jusqu'à tout récemment, c'était un modèle quasi inexistant ici », explique Valérie Fillion, directrice générale de l'AMEQ.

L'exemple le plus frappant est celui d'Osisko qui est passée de minière junior à intermédiaire, pour ensuite devenir carrément un producteur à Malartic. Depuis qu'elle a été vendue à Agnico Eagle Mines et à Yamana Gold, elle porte désormais le nom d'Osisko Redevances aurifères.

« Dans notre cas, c'était pour trouver une option de rechange à une offre d'achat non sollicitée. En choisissant Agnico et Yamana, nous avons choisi le modèle des redevances, explique Kevin Conan, coordonnateur marketing à Osisko. Aujourd'hui, on est au TSX et au NYSE. On investit dans les juniors en échange de redevances. On a 425 millions en liquidités. Si ce modèle est en émergence, c'est parce que les risques y sont faibles. »

Autres exemples d'entreprises québécoises basées, en tout ou en partie, sur les redevances : Abitibi Royalties, de même que la Société québécoise d'exploration minière (SOQUEM). Les plus importantes entreprises du genre au Canada sont situées à Toronto, dont Franco-Nevada, présidée par le Maskoutain Pierre Lassonde.

RECHERCHE

La recherche liée à l'exploration minière se porte très bien au Québec. D'une part, les travaux universitaires battent leur plein. L'Université du Québec en Abitibi-Témiscamingue (UQAT) planche actuellement sur des méthodes d'exploration basées sur le champ gravitationnel terrestre et les mesures électromagnétiques. « Ces deux techniques existent depuis longtemps. On travaille sur les façons d'interpréter les résultats. On cherche à donner une plus grande précision sur ce qu'on peut percevoir », explique Denis Bois, directeur de l'Unité de recherche et de service en technologie minérale (URSTM) de l'UQAT.

D'autre part, le secteur privé est lui aussi très actif. Versadrill, une entreprise de Val-d'Or qui jouit d'une excellente réputation dans une quinzaine de pays, en est la preuve. La PME de 25 personnes a profité du plus récent ralentissement pour dessiner et concevoir une foreuse de surface qui ne laisse aucune trace de son passage grâce à des chenillettes surdimensionnées. L'entreprise met la dernière touche en ce moment à une foreuse souterraine automatisée. « On aimerait devenir l'un des meilleurs fabricants du monde », confie Mario Rouillier, président de Versadrill et de Forages Rouillier, située à Amos.

Photo fournie par l’Association de l’exploration minière du Québec

Valérie Fillion, directrice générale de l'Association de l'exploration minière du Québec (AMEQ)

PHOTO OLIVIER JEAN, Archives LA PRESSE

Osisko Redevances aurifères fait partie des entreprises minières établies au Québec dont le modèle d'affaires est basé sur les redevances.