Dans la construction, secteur en pleine effervescence au Québec, de nombreux matériaux utilisés sont importés. Si bien que l'empreinte écologique est élevée, ne serait-ce qu'à cause du transport nécessaire à l'acheminement de tout ce matériel. Une seule solution pour la réduire: acheter localement.

Construire une maison uniquement avec des matériaux locaux (qu'on se procure dans un rayon de 150 km maximum), c'est le défi lancé au public par l'Architecture Foundation of BC (British Columbia), à Vancouver, il y a quelques mois.

Serait-il possible de relever ce défi au Québec? Les ressources existent-elles? «Il n'y a pas grand-chose qu'on ne puisse pas trouver ici», affirme Lucie Langlois, du cabinet Alias architecture. La preuve : Pascal Morel a construit une résidence écologique en utilisant seulement des matériaux locaux.

Par local, on entend généralement des matériaux qui proviennent d'un rayon de 150 km, mais la certification LEED autorise 800 km si le transport se fait par camion ou 2400 km si c'est par bateau ou par train.

Pour construire avec des matériaux d'ici, «c'est la filière naturelle qui s'y prête le mieux: du bois qui est en abondance au Québec, des ballots de paille pour l'isolation, etc.», explique Pascal Morel, également directeur d'Archibio, un organisme à but non lucratif qui vise la promotion de la construction écologique.

L'utilisation exclusive de matériaux locaux est possible dans le domaine de l'autoconstruction, c'est-à-dire au niveau individuel, mais «ce n'est pas jouable à grande échelle, reconnaît Pascal Morel. Ça coûterait trop cher, et l'industrie de la construction au Québec est très organisée, ses méthodes de travail sont standardisées.»

Avoir recours aux matériaux locaux pour toutes les phases de construction d'un logement demanderait beaucoup d'efforts, car les produits sont peu connus et difficilement accessibles.

«Le côté pratique fait qu'on va se fournir dans une quincaillerie. Avec des produits naturels locaux, c'est plus de l'artisanat. Il n'existe pas de manuel pour savoir comment les utiliser, alors que pour les autres, les codes sont ancrés», constate Alec Derghazarian, coordonnateur de La Ruche, un service d'information sur l'écoconstruction.

Difficile de convaincre

Néanmoins, «il est important de se poser la question de l'achat local des matériaux, affirme André Fauteux, éditeur du magazine La maison du 21e siècle. Pour une question de protection de l'environnement, mais aussi pour les emplois».

Ça reste pourtant difficile d'amener les consommateurs à acheter local, car «leurs critères pour choisir les matériaux dans leur résidence sont souvent d'abord l'esthétique, l'entretien et le coût. C'est rare de réussir à les convaincre s'ils ne sont pas déjà sensibilisés à l'écologie», remarque Lucie Langlois.

Par exemple, pour leur terrasse, des clients ont récemment préféré un bois tropical à un bois local pour des questions d'esthétisme.

Acheter local, pourquoi pas? Reste à savoir si les matériaux locaux sont garantis écologiques. Lorsqu'ils sont naturels, tout porte à croire qu'ils le sont.

Mais, par exemple, la question de la préservation des forêts s'est cruellement posée il y a quelques années. Des progrès ont été faits et de nouvelles certifications ont vu le jour.

Le FSC (Forest Stewardship Council) permet notamment une traçabilité et la garantie de la gestion durable des forêts d'où est issu le bois acheté. Néanmoins, selon Greenpeace, moins de 12 % du territoire forestier québécois est certifié par le FSC.