En 2016, pour la 25e année de suite, la ville de Québec a connu une croissance. Le coeur de la Capitale-Nationale vient donc de connaître la plus longue période expansionniste observée parmi les régions métropolitaines en importance au Canada.

Une telle croissance est attribuable à une économie diversifiée et à des créneaux d'excellence en forte expansion qui, fait intéressant, collaborent entre eux, explique Louis Gagnon, économiste principal à Québec International, l'organisme de développement économique de la région métropolitaine de Québec.

« Les technologies de l'information, l'optique et la photonique, les services-conseils, les sciences de la vie, les biopharmaceutiques, les équipements médicaux, les services financiers et les assurances sont en expansion. Et il y a une telle concertation que les entreprises, peu importe leur secteur, échangent des technologies, des idées, etc. Ça donne lieu à des innovations et à des solutions. »

UNE VILLE « CONNECTÉE SUR LA PLANÈTE »

Le créneau d'excellence des arts numériques et du divertissement interactif est particulièrement en ébullition. Dans le quartier Saint-Roch, dans la Basse-Ville, on assiste au développement d'une petite Silicon Valley. Les start-up et les entreprises technos matures de propriétés québécoises, dont certaines reconnues mondialement, se multiplient.

Québec a d'ailleurs fait parler de lui l'an passé dans l'étude de Start-Up Genome. Dans un rapport sur les écosystèmes d'entreprises technologiques, cette firme californienne dépeint la ville de Québec comme un endroit « connecté sur la planète », selon Sébastien Tanguay, directeur à l'incubateur-accélérateur Le Camp.

« On est sur la "mappe" ; c'est déjà quelque chose. Notre attractivité à l'international est de plus en plus forte. Des entreprises du Brésil, de la Belgique ou de la France ont choisi Québec pour "starter" leur entreprise. » - Sébastien Tanguay

CLIMAT FAVORABLE

L'attraction de nouveaux capitaux (surtout du capital de risque) pour soutenir les PME technos fait partie des priorités du milieu, dit-il. Malgré le manque d'argent, le climat est particulièrement favorable pour se lancer en affaires à Québec.

« Il y a vraiment ici un écosystème techno. On se sent soutenu par les différents organismes d'aide, la ville et même les gouvernements. Il y a une pensée politique orientée vers les entrepreneurs », explique Denis Doré, président et cofondateur de Squeeze Studio. On doit notamment à ce prolifique studio d'animation de 60 employés la série télé Cracké, vendue et distribuée dans 185 pays.

Pour rien au monde Denis Doré ne voudrait quitter Saint-Roch, où les cafés, les microbrasseries, les transports en commun et la « vibe » sont incomparables. Alexandre Fiset, PDG de Parabole, aime lui aussi le coin, mais trouve les loyers trop chers. Il songe sérieusement à déménager ses pénates dans Limoilou, autre quartier en effervescence, dit-il.

Développeur du jeu KONA (60 000 exemplaires vendus), Parabole fait partie de la dizaine de studios indépendants d'importance de la Basse-Ville. La PME table sur trois nouveaux jeux. « Les entreprises du secteur partagent beaucoup entre elles, dit Alexandre Fiset. Que ce soit les ressources, l'intelligence, les technologies. Sans ce genre de collaboration, on ne serait pas là où on est. »

MANQUE DE MAIN-D'OEUVRE

Malgré toutes ces bonnes nouvelles, malgré le fait que 300 projets d'envergure (résidentiels et non résidentiels ; en cours et annoncés) généreront environ 10 milliards d'investissements d'ici 10 ans, le coeur de la région de la Capitale-Nationale fait face à un problème de main-d'oeuvre qui ira en s'accentuant.

En effet, près de 73 000 postes seront à pourvoir d'ici 2021, ce qui comprend les nouveaux emplois, les départs à la retraite et le roulement de personnel.

Bref, l'emploi croit plus rapidement que la population active dans la région métropolitaine de Québec. Selon l'Indice de remplacement, la région compte actuellement neuf jeunes prêts à entrer sur le marché du travail pour pallier le départ à la retraite de 10 travailleurs. D'ici cinq à dix ans, ce ratio pourrait atteindre un niveau de huit contre dix.

La rumeur voulant que Québec soit une ville de fonctionnaires ne tient plus tout à fait. De la fin des années 80 jusqu'au milieu des années 90, un emploi sur six relevait du secteur de l'administration publique (niveaux municipal, provincial et fédéral), en excluant la santé et l'éducation. Aujourd'hui, c'est un emploi sur dix.