Guy Bélanger parcourt les hôpitaux de la planète. Il n'est pourtant pas médecin. L'entrepreneur a plutôt inventé un bracelet de compression utilisé par les chirurgiens cardiaques.

« J'ai voulu donner plus de confort aux patients qui viennent de subir une intervention cardiaque pour débloquer leurs artères », raconte le président fondateur du Groupe Ates, à Saint-Bruno-de-Montarville.

Il assure que son bracelet made in Québec est de plus en plus utilisé par le personnel médical dans le milieu hospitalier, non seulement au Québec, mais ailleurs sur la planète.

DU PÉTROLE AUX SALLES D'OPÉRATION

L'ingénieur chimique de formation, que rien ne destinait au monde médical - il a été impliqué dans le design de la plateforme de forage Hibernia, à Terre-Neuve, et dans de la construction de l'usine de magnésium Norsk Hydro, à Bécancour -, s'étonne de voir à quelle vitesse la science médicale évolue.

Il est à même de le constater lorsqu'il en discute avec les plus éminents spécialistes qui réparent les coeurs brisés.

« Il y a 20 ans, se souvient-il, on sciait le thorax et on faisait un pontage. Il y a 10 ans, on passait par l'aine et le patient devait rester couché pendant six heures. »

« Il y a eu des avancées scientifiques spectaculaires qui permettent de passer par l'artère radiale. On fait un petit trou de deux millimètres dans l'artère du poignet et, par la suite, on pose un de nos bracelets de compression. Deux heures plus tard, le patient rentre à la maison ! »

AVEC PEU DE MOYENS

Guy Bélanger admet s'être lancé en affaires avec très peu de moyens. « Au Québec, avec peu d'argent, on fait des miracles, rappelle-t-il. J'ai mis seulement neuf mois pour inventer le bracelet confort avec un coussin en silicone. Le succès a été instantané. »

Depuis, Guy Bélanger affirme vendre 100 000 bracelets par année à 15 $ l'unité, partout dans le monde.

Il vient de remporter un appel d'offres pour fournir 20 000 bracelets aux hôpitaux de la région de Montréal et un peu partout au Québec.

« Nous visons maintenant le marché américain. Il y a là un marché considérable, étant donné qu'il s'y pratique 2,5 millions d'interventions cardiaques par année. Au Canada, à titre comparatif, ce nombre atteint 125 000 annuellement. » - Guy Bélanger, président fondateur du Groupe Ates

La PME compte quatre employés au petit siège social de la Rive-Sud et une dizaine de représentants aux ventes. L'ingénieur de procédés industriels ne cache pas qu'il demeure un petit acteur dans un marché mondial dominé par le géant Medtronic. « Notre petite taille nous permet de réagir plus rapidement », insiste-t-il.

UNE COLLABORATION À SAINT-DAMIEN-DE-BUCKLAND

Guy Bélanger tient à souligner la collaboration étroite avec l'ingénieur Normand Mercier, propriétaire de l'entreprise Plastiques Moore, à Saint-Damien-de-Buckland, dans Bellechasse, où sont produits les bracelets « dans des salles sans poussières et sans particules ».

Et quand il regarde tout le chemin parcouru, il a quasiment le vertige.

« J'ai misé le tout pour le tout, résume-t-il. J'ai hypothéqué ma maison et je dois dire un gros merci à ma femme, qui m'a encouragé à persister. »

« J'ai travaillé dans mon sous-sol pendant deux ans, insiste-t-il. Je suis maintenant le patron d'une PME internationale que peu de gens connaissent, mais qui est reconnue par le monde médical. C'est ma récompense. »

Fait singulier, c'est après avoir été perdu son emploi chez St. Jude Medical, une entreprise spécialisée dans le matériel médical installée à St. Paul, au Minnesota, qu'il a démarré son entreprise.

Comme quoi la perte d'un emploi constitue parfois une occasion rêvée pour se redéployer avec encore plus de vivacité.