Annulation du projet de FerroQuébec à Port-Cartier, mise en veilleuse du projet de la Mine Arnaud à Sept-Îles, pire bilan migratoire régional de la province en 2014-2015. Les Nord-Côtiers pourraient voir les choses en gris, mais les raisons de croire en leur région sont encore nombreuses, comme en témoignent les entrepreneurs Steeve St-Gelais et Marcel Furlong.

En chiffres

Côte-Nord

Population active : 57 900

Taux de chômage : 10,0 %

Revenu disponible par habitant : 26 917 $

Québec

Population active : 4 444 900

Taux de chômage : 7,6 %

Revenu disponible par habitant : 26 046 $

* Source : Institut de la statistique du Québec

Infrastructures

Marcel Furlong

Profession : président d'Évaluations Manicouagan et PDG de l'organisme ID Manicouagan

Âge : 59 ans

Dans la région depuis 1980

Les installations portuaires s'avèrent un avantage stratégique majeur, mais elles pourraient être davantage exploitées, selon Marcel Furlong. Spécialement le port de mer en eau profonde de Baie-Comeau, libre de glace à longueur d'année. « Sur les cinq quais du port, quatre appartiennent au privé et un au gouvernement fédéral, explique-t-il. On voudrait attirer les investisseurs en mettant de l'avant nos installations, mais le gouvernement refuse de faire la promotion d'un port en particulier. On lui demande donc de nous céder le quai fédéral pour l'utiliser comme outil de développement. »

Les barrages hydroélectriques, comme ceux de la rivière aux Outardes et de la rivière Manicouagan, représentent également une valeur ajoutée. « Hydro-Québec a des ententes avec plusieurs entreprises qui s'installent chez nous, avec de grands besoins d'électricité. En raison de la proximité de la source, Hydro perd moins de courant et d'argent, ce qui lui permet d'offrir des tarifs avantageux. »

Photo fournie par Évaluations Manicouagan

Marcel Furlong, président d'Évaluations Manicouagan et PDG de l'organisme ID Manicouagan.

Mobilisation

Steeve St-Gelais

Profession : président chez Boisaco

Âge : 43 ans

Originaire de la région

Président de Boisaco, une entreprise née en 1985 d'une volonté de prise en charge économique des gens du secteur, Steeve St-Gelais sent que la mobilisation des différents acteurs régionaux est en croissance depuis quelques années. « Au-delà des ressources naturelles qui peuvent être valorisées, l'élément porteur pour la Côte-Nord est la concertation des citoyens et des intervenants », souligne-t-il.

Un exemple : la solidarité régionale au sujet d'une épidémie de la tordeuse des bourgeons de l'épinette, qui faisait des ravages dans l'industrie forestière régionale. « L'été dernier, les gens du milieu se sont regroupés pour élaborer une démarche concertée, afin que le problème soit reconnu et qu'on trouve des moyens de valoriser cette fibre. Ils ont fait en sorte que l'écoute des gouvernements soit plus importante. » Le 31 août 2015, une entente découlant de ces démarches a été signée entre les gouvernements et les industriels forestiers de la Côte-Nord, afin de repositionner le secteur.

Photo fournie par Boisaco

Steeve St-Gelais, président chez Boisaco.

Forces

Plus d'un projet minier a été annulé ou reporté dans les derniers mois, mais les ressources naturelles demeurent un élément phare de l'économie. « Il faut que le prix du fer remonte pour relancer certains projets laissés sur la table à dessin, mais de nombreuses entreprises vont bien, nuance Jacques Chiasson, directeur du bureau régional du ministère de l'Économie. Les alumineries Alcoa et Alouette sont des leaders mondiaux, alors que la minière ArcelorMittal fonctionne au maximum de sa capacité, après un investissement récent de 2 milliards. » Il cite les papetières de Baie-Comeau, Port-Cartier, Pointe-Label et Sacré-Coeur pour illustrer la santé du secteur forestier. Sans oublier de rappeler l'importance des produits marins pour les petites localités de la Côte-Nord.

Afin d'attirer les investisseurs, la région compte également sur des infrastructures portuaires de classe internationale et un réseau ferroviaire donnant accès à la fosse du Labrador. « Nous sommes particulièrement bien placés sur l'échiquier mondial », dit-il.

Défis

Ces mêmes ressources naturelles sont au coeur d'un problème régional criant : le manque de diversification économique. « Ailleurs au Québec, le milieu manufacturier est axé sur plusieurs secteurs, alors que la plupart des entreprises manufacturières nord-côtières sont orientées sur les ressources naturelles, illustre Jacques Chiasson. Les PME sont aussi très dépendantes du prix des matières premières. Avec le faible prix du fer actuellement, ça fait mal à beaucoup de monde. »

Cette dépendance amplifie le solde migratoire négatif. « Quand ça ne va pas bien, les gens perdent leur emploi. Et comme la durée du chômage est limitée, plusieurs personnes quittent la région pour trouver du travail ailleurs. C'est difficile de les retenir ou de les faire revenir. » Autre problème majeur : la faible attraction de la main-d'oeuvre spécialisée. « La main d'oeuvre dans l'industrie est vieillissante et on manque de relève pour combler les départs à la retraite. Ça se fait sentir de plus en plus. »

Les plus grands employeurs

1) ArcelorMittal Mines Canada (2500)

2) Aluminerie Alouette (1000)

3) Alcoa - Aluminerie de Baie-Comeau (900)

4) Compagnie minière I.O.C. et Chemin de fer Q.N.S. & L. (520)

5) Produits forestiers Résolu (381)

* Source : Emploi-Québec et entreprises

Nombre de parcs industriels

21

Plus grands secteurs d'activité

1) Extraction minière, de pétrole et de gaz

2) Construction

3) Fabrication

* Source : Bulletin statistique régional, Institut de la statistique du Québec

Les sièges sociaux

Alouette (Sept-Îles)

Boisaco (Sacré-Coeur)