Réduire les coûts, améliorer l'image de l'entreprise, attirer et retenir les talents, rassurer les investisseurs: une démarche de développement durable est une excellente façon d'atteindre ces objectifs. Mais comment s'y prendre? La Presse vous présente cette série de six dossiers pour en savoir plus. Pour la première chronique, nous présentons l'ABC d'une démarche de développement durable réussie.

D'ici à 2013, le gouvernement du Québec vise à ce que 20% des organisations aient adopté une démarche de développement durable. Beaucoup de chefs d'entreprise aimeraient amorcer une telle démarche, mais ne savent pas par où commencer.

C'est pour les aider que le Conseil patronal en environnement (CPEQ) a lancé en août dernier un nouveau guide pratique intitulé «Entreprendre une démarche de développement durable en entreprise».

Cet outil présente une liste d'actions à déployer dans chaque service d'une entreprise: approvisionnement, comptabilité, logistique, immobilier et ainsi de suite. Il prend aussi en compte les trois dimensions liées au développement durable: économique, sociale et environnementale.

«Une entreprise de petite taille ne pourra pas mettre tout cela en place au départ, mais le guide suggère comment chaque service puisse intégrer la démarche. Il s'agit d'un processus d'amélioration continue et à long terme», explique Hélène Lauzon, présidente du CPEQ.

Les clés du succès

Pour qu'une démarche de développement durable soit réussie, il faut un engagement sérieux de la haute direction.

«Une fois que les dirigeants ont la volonté de le faire parce que ça correspond à leurs valeurs et à leur stratégie, il faut préparer un plan d'action et le mettre en oeuvre, dit Emmanuelle Géhin, présidente de la firme Ozone et écostratège. Ce qui est complexe, c'est de bien faire comprendre la démarche aux employés, aux clients, aux fournisseurs et à la communauté.»

Mieux vaut, au départ, se fixer des objectifs simples que d'y aller avec un plan trop ambitieux qui risque d'être décourageant plutôt qu'efficace, ajoute Mme Géhin.

«Comme pour tout projet de changement, il faut donner du temps à l'organisation pour que la démarche se fasse convenablement», dit-elle.

Et pour que le processus soit rigoureux, il est très important que les résultats soient mesurés par des indicateurs de performance valables, dit Hélène Lauzon. «Si on a intégré des initiatives, il faut voir comment elles ont eu un effet par rapport à nos objectifs en mesurant des paramètres quantifiables», dit-elle.

Ainsi, on pourrait, par exemple, mesurer la quantité de déchets détournés des terrains d'enfouissement, les tonnes de gaz à effet de serre produites en moins, entre autres.

Marketing vert et écoblanchiment

Pour les entreprises qui se lancent dans le développement durable, il est tentant d'en faire état publiquement pour rehausser leur image. Attention, cependant, de ne pas tomber dans le greenwashing ou écoblanchiment!

«Pour la plupart des entreprises, l'intérêt premier d'une démarche de développement durable est le marketing, dit Emmanuelle Géhin. C'est un avantage concurrentiel. Les sondages révèlent que 97% des consommateurs sont sensibles aux sujets environnementaux, donc énormément de gens prêtent une oreille attentive aux actions des organisations. La première entreprise qui entreprend une démarche dans son secteur devient leader de son marché et gagne en notoriété.»

Mais avant de se lancer dans le marketing vert, il est indispensable d'avoir des données tangibles à communiquer, ajoute-t-elle. Sinon, on risque d'être accusé d'écoblanchiment, cette pratique consistant à verdir l'image de son entreprise par des allégations environnementales non fondées.

Mobiliser les employés

Implanter une démarche de développement durable sans faire appel à la participation des employés relève de la mission impossible. Ceux-ci doivent être mobilisés et prêts à changer certaines méthodes de travail pour que la mise en oeuvre du plan d'action soit un succès.

«Il faut communiquer clairement la démarche à l'interne, dit Emmanuelle Géhin. C'est une bonne chose de s'appuyer sur les employés qui ont déjà une sensibilité à l'environnement et de leur demander d'être les ambassadeurs du projet auprès des autres. De plus, il faut choisir une personne ressource qui aura parmi ses tâches la gestion du projet de développement durable.»