Lancée il y a seulement deux ans, NordiaSoft fait déjà sa marque à l'international, particulièrement en Israël où des entreprises ont intégré la technologie logicielle développée par cette entreprise de Gatineau dans la fabrication de leurs équipements de communication destinés au marché militaire.

NordiaSoft doit une fière chandelle à l'ancien premier ministre Stephen Harper. Car, sans les coupures du gouvernement canadien dans plusieurs programmes de recherche, dont ceux du Centre de recherches sur les communications Canada (CRC), l'entreprise n'aurait probablement jamais vu le jour.

« Au lieu de voir 10 ans de recherche disparaître, un groupe de chercheurs a décidé d'obtenir une licence d'exploitation pour la technologie développée, et de tenter sa chance », raconte Claude Bélisle, chef de l'exploitation de NordiaSoft, qui était vice-président à l'élaboration de programmes en R-D au CRC et cumule près de 30 ans de recherche dans le domaine des communications par satellite. Aujourd'hui, les logiciels de NordiaSoft se retrouvent dans plusieurs systèmes de communication utilisés par les militaires à travers le monde.

L'ÉLÉMENT DÉCLENCHEUR

Le CRC est le principal laboratoire de recherche et développement du gouvernement canadien dans le domaine des télécommunications de pointe sans fil et la photonique. Au début des années 2000, le CRC cherchait une façon efficace de développer des prototypes de systèmes avancés de communications, soit par satellite soit terrestre.

Au même moment, l'armée américaine se penchait aussi sur la question et les deux organisations, de même que l'industrie militaire des communications, ont travaillé ensemble à l'élaboration d'une norme de développement de radios de communication appelée SCA (software communication architecture ou architecture logicielle de communications). En clair, les radios conçues selon cette norme assurent une meilleure connectivité entre elles.

En 2012, le gouvernement coupe dans le programme de recherche du CRC portant sur le développement de logiciels de systèmes embarqués. Les systèmes embarqués sont des systèmes électroniques et informatiques autonomes intégrés à des appareils dits « intelligents », comme des téléphones. Ces systèmes conçoivent par exemple des ordinateurs pour des avions ou des voitures à des fins de surveillance, de contrôle ou encore de communication.

« Nous étions reconnus internationalement pour notre expertise dans le domaine et nous connaissions le potentiel commercial de cette technologie », souligne M. Bélisle, qui possède un baccalauréat en génie physique du Collège militaire royal du Canada et une maîtrise en physique et optique de l'Université Laval.

Le CRC avait déjà établi plusieurs contacts avec des fabricants internationaux de radios militaires. Parmi eux, les trois principales compagnies israéliennes d'équipements de communication qui ont sauté sur l'occasion de collaborer avec la nouvelle entreprise. 

« Au CRC, on avait surtout le mandat de soutenir l'industrie canadienne. Mais dès que l'entreprise a été lancée, nos projets avec les entreprises israéliennes ont augmenté de façon significative. » - Claude Bélisle, chef de l'exploitation de NordiaSoft

STRATÉGIE

Or, ces fabricants israéliens ne vendent pas seulement leurs radios à l'armée israélienne, mais aussi dans d'autres pays. Ce qui ouvre les portes d'autres marchés pour NordiaSoft. « Initialement, nous avons développé notre marché externe en s'associant avec des compagnies qui avaient déjà une présence à l'international », précise M. Bélisle.

Mais les États-Unis demeurent le principal marché de NordiaSoft qui a aussi fait une percée en Inde où l'entreprise vient d'ouvrir un bureau pour accroître sa présence à l'international. « Il y a 24 fuseaux horaires dans le monde, cela nous permet de réagir plus rapidement aux demandes des clients », explique-t-il.

Consciente que la même technologie pouvait aussi être applicable dans les domaines de l'aérospatial, de l'instrumentation médicale ou encore de la robotique, l'entreprise mise aussi sur la diversification de ces marchés pour assurer sa croissance.

ANECDOTE

Plusieurs pays exigent que les radios militaires qu'ils achètent soient conçues selon la norme SCA. Divers tests sont exigés, dont un qui demande aux fournisseurs de créer une nouvelle application et de la faire fonctionner sur leur radio. Lors d'une de ces compétitions, « nos clients israéliens ont été les seuls à pouvoir rencontrer les exigences de l'acheteur. Les autres compagnies, qui n'utilisaient pas nos produits sont reparties bredouilles. Depuis, plusieurs d'entre elles nous ont contactés », dit fièrement M. Bélisle.

EN CHIFFRES

386,8 millions

Valeur des exportations (222,2 millions) et importations (164,6 millions) entre le Québec et Israël en 2014, en hausse de 32,7 % par rapport à 2013

PRINCIPALES EXPORTATIONS DU QUÉBEC

Pièces de véhicules aériens (113,9 millions)

Véhicules aériens (25,7 millions)

Papier journal (17,1 millions).

PRINCIPALES IMPORTATIONS AU QUÉBEC

Turboréacteurs, turbopropulseurs et autres turbines à gaz (21,7 millions)

Fils et câbles (19,2 millions)

Ouvrages en ciment, en béton ou en pierre artificielle (8,3 millions)

Sources : Statistique Canada et Institut de la statistique du Québec