L'industrie de l'aluminium veut transformer davantage ce métal au Québec. Objectif : un chiffre d'affaires de 10 milliards en 2025, comparativement à 6,7 milliards actuellement. Plusieurs avenues pourront être empruntées pour y parvenir.

« Les transformateurs du Québec totalisent près de 1500 entreprises et 17 000 emplois, indique Marie Lapointe, présidente-directrice générale d'AluQuébec. Environ la moitié sont dans la région métropolitaine. C'est le deuxième secteur d'exportation en importance au Québec ! » Un transformateur typique compte une centaine d'employés et a un chiffre d'affaires entre 10 et 50 millions.

L'aluminium est utilisé dans différents secteurs d'activité. Les principaux sont la fabrication de pièces d'automobiles, la machinerie, la construction et les énergies durables.

En plus des propriétés du métal, l'un des avantages de l'aluminium québécois est son empreinte de carbone. « Elle est parmi les plus basses au monde », indique Mme Lapointe.

PLUS DE TRANSFORMATION ET D'UTILISATION

L'augmentation de la transformation devrait notamment passer par une plus grande utilisation de l'aluminium dans la province. « Nous avons été parmi les premiers à en fabriquer, mais nous sommes loin d'être les premiers utilisateurs, note Malika Cherry, directrice générale de la Société de la Vallée de l'aluminium. Nous sommes très en retard par rapport à l'Europe, notamment. Nous transformons beaucoup d'aluminium, mais c'est en grande partie pour l'exportation. »

Cela pourrait changer, car une des grandes tendances actuellement est le remplacement d'autres métaux par de l'aluminium. « Dans le transport, par exemple, on remplace l'acier par de l'aluminium parce que c'est moins lourd, illustre Mme Cherry. Comme c'est un bon conducteur électrique et thermique, il peut aussi remplacer le cuivre dans différents produits. »

De nombreux travaux de recherche visent également à créer de nouveaux alliages avec l'aluminium.

« Il y a des recherches pour faire un alliage d'aluminium et de scandium, par exemple. Cela pourrait avoir des applications dans le domaine de l'automobile parce que le scandium augmenterait la résistance mécanique. »

- Malika Cherry, directrice générale de la Société de la Vallée de l'aluminium

D'ailleurs, l'industrie a l'avantage de bénéficier de huit centres de recherche dans la province.

CONJUGUER AVEC L'INSTABILITÉ POLITIQUE

L'industrie doit cependant faire face à différents défis, dont les surprises du président américain. « Normalement, c'est très stable économiquement et politiquement au Canada et aux États-Unis, indique Mme Cherry. Ce n'est plus le cas depuis que Donald Trump est au pouvoir. Certaines entreprises voudraient investir en Amérique du Nord, mais freinent leurs projets. »

De plus, les tarifs imposés par nos voisins américains font mal à plusieurs entreprises. Selon un sondage réalisé l'été dernier, environ les trois quarts des transformateurs québécois exportent aux États-Unis.

« Les mesures et contre-mesures sont contre-productives pour les transformateurs, tranche Mme Lapointe. Les entreprises ne peuvent pas refiler la hausse de prix à leurs clients, elles doivent l'absorber. En plus, les transformateurs doivent importer des éléments des États-Unis pour en arriver au produit fini. Ils sont donc pénalisés par les contre-mesures adoptées par le Canada en juillet. » Plusieurs envisagent notamment de revoir certains projets d'investissement et appréhendent des problèmes de flux de trésorerie.

Comme bien d'autres, l'industrie de l'aluminium doit également composer avec une pénurie de main-d'oeuvre. « Sur les 28 professions et métiers dans le domaine, 17 connaissent des problèmes de disponibilité de main-d'oeuvre, indique Mme Lapointe, citant une étude de KPMG. De plus, nous sommes en concurrence avec d'autres secteurs pour 16 métiers. »

Photo André Pichette, La Presse

Marie Lapointe, présidente-directrice générale d'AluQuébec