Miser sur le traitement de surface de l'aluminium pour stopper le développement de bactéries. Voilà ce que propose l'entreprise saguenéenne A3 Surfaces. Après des mois de recherche, la jeune pousse passe maintenant à l'étape de la commercialisation en visant plusieurs segments de marché.

On cherche depuis plusieurs années déjà à faire de l'aluminium un matériau de choix pour lutter contre la transmission d'infections bactériennes.

Une petite équipe du Saguenay y est parvenue en 2009, au terme d'un projet piloté par Daniel Gaudet, actuellement directeur du Centre de recherche et développement de l'hôpital de Chicoutimi. Les premiers résultats se sont avérés prometteurs et ont conduit au dépôt d'un brevet. Personne, à l'époque, n'a toutefois donné suite à ces travaux.

Le scénario prend une autre tournure en 2015 lorsque l'un des membres de l'équipe, Martin Lambert, propose de porter le flambeau. Il fonde alors A3 Surfaces et poursuit les recherches afin de commercialiser un produit.

« Notre idée, c'était de tirer profit du même traitement de surface qui fait en sorte qu'on peut colorer l'aluminium », explique celui qui est désormais vice-président, Développement des affaires, chez A3 Surfaces.

« L'anodisation permet de créer des pores dans le matériau. Au lieu d'y injecter un colorant, on y injecte un mélange bactéricide fait de molécules d'ammonium et de sels d'argent. »

- Martin Lambert

Le secret d'A3 Surfaces tient toutefois dans sa méthode de colmatage des pores, selon lui. « On a développé un colmatage perméable, ajoute Martin Lambert. Les molécules antimicrobiennes remontent à la surface seulement au contact de quelque chose avec le matériau. »

COMBATTRE LA LÉGIONELLOSE

L'aluminium anodisé antimicrobien d'A3 Surfaces pourrait trouver des applications dans plusieurs secteurs, selon son représentant.

« Le premier marché que l'on vise, c'est celui des tours de refroidissement, indique-t-il. Des bactéries comme la légionellose peuvent s'y développer et devenir une menace pour la santé publique. »

Pour ce faire, l'entreprise a testé au cours des huit derniers mois une cinquantaine de combinaisons, modifiant des paramètres comme le type d'alliage, le procédé d'anodisation et de colmatage ainsi que la méthode d'imprégnation de la solution antimicrobienne.

« Le défi, c'était de trouver un matériau qui résiste à des températures allant de - 40 à 56 °C, explique-t-il. Et on en a identifié un qui résiste aux conditions d'une tour de refroidissement tout en restant efficace. »

A3 Surfaces rencontre actuellement des fabricants afin de tester avec eux son produit. « On cherche à se positionner comme un fournisseur de matériaux pour les fabricants de tours de refroidissement », précise M. Lambert.

AMÉNAGEMENTS INTÉRIEURS

Si A3 Surfaces lorgne du côté des tours de refroidissement, elle ne néglige pas pour autant d'autres marchés qui pourraient s'avérer porteurs, comme celui des équipements sanitaires et médicaux.

« Au départ, le matériau a été développé pour des applications intérieures comme celles-là », souligne d'ailleurs son représentant.

L'entreprise entamera d'ailleurs d'ici quelques semaines un projet pilote en collaboration avec le ministère de la Santé. « On prévoit aménager deux salles d'isolement avec salle de bains à l'hôpital de Chicoutimi », explique Martin Lambert.

Le projet devrait s'étaler sur trois mois et permettre à l'entreprise de mesurer l'impact de ses surfaces antimicrobiennes sur la transmission de maladies nosocomiales comme celle impliquant la bactérie C. difficile.

On a aussi comme projet de fabriquer des petites pièces comme des plaques et des poignées de porte pour salles de bains, ajoute le représentant d'A3 Surfaces.