L'industrie laitière québécoise se porte bien. «Grâce au système de gestion de l'offre, le niveau du prix est resté stable dans le temps, explique Daniel Mercier-Gouin, professeur en agroéconomie à l'Université Laval. Le Québec est le principal producteur laitier du pays, avec 37% de la production. Au Québec même, il représente plus du quart des revenus de l'agriculture. Autre élément intéressant, c'est une culture qui se pratique sur tout le territoire.»

Mais cette industrie a un prix. Les Fermes Belvache vient de s'offrir un tracteur dernier cri. Prix: 280 000$. C'est cher, mais chaque investissement se traduit en rentabilité accrue.

Fondée en 1958 par Bernard Gauthier et Thérèse Poulin, Les Fermes Belvache est une entreprise familiale. Les quatre enfants du couple - qui continue d'y travailler à l'âge de 76 ans - ont pris la relève dans les années 1980, puis les petits-enfants s'y sont joints. Avec un troupeau de 75 vaches laitières adultes et 45 génisses de 0 à 2 ans, l'exploitation se situe au-dessus de la moyenne des exploitations québécoises, qui comptent environ 50 bêtes adultes. Mais produire 700 000 litres de lait annuellement, destinés à la Fédération des producteurs de lait du Québec, demande des investissements constants, explique Guy Gauthier, un des fils du couple qui travaille sur l'exploitation depuis 1983.

«Nos revenus augmentent depuis 25 ans, raconte Guy Gauthier. Nous essayons de rentabiliser chaque investissement, mais nous ne sommes jamais sûrs des résultats. Je suis un éternel optimiste et, même si certaines années sont plus difficiles, les résultats sont assez satisfaisants. Avec 2,2 à 2,3 millions de chiffres d'affaires et des dettes à rembourser, nous n'avons pas le choix d'être efficaces.»

Guy Gauthier rêve de convaincre sa famille, qui est aussi son conseil d'administration, d'investir dans une nouvelle étable robotisée qui allègerait le travail. «L'entretien de l'étable demande beaucoup de travail manuel, précise l'exploitant. Le renouvellement de la litière demande l'étalement de 10 à 12 kilos de paille par tête adulte tous les jours. Une étable avec un système de tapis robotisé demanderait un kilo quotidien par vache, une économie jusqu'à 350 000$ par année.» Surtout, cet investissement libérerait des heures de travail. Le prix: environ 300 000$ à rembourser en six ans.

LES ENTREPRISES LAITIÈRES QUÉBÉCOISES

Année / Nombre de fermes/ Production totale Québec (x106 litres/an)/ Production par ferme (litres/an)

1966/ 62 000/ 2814/ 45 387

1996 /10 946/ 2735 /249 843

2010* /5000/ 2800/ 560000

(R. Martin, agr., MAPAQ et B. Farmer, agr., PATLQ) * Nombres projetés