Hydro-Québec est le principal fournisseur et producteur d’hydroélectricité dans la province, c’est bien connu. Mais il n’est pas le seul acteur de son domaine. Innergex a près d’une centaine de barrages à son actif, autant ici qu’à l’étranger. Et pour la première fois en 14 ans, l’entreprise répondra à des appels d’offres en Colombie-Britannique, une sorte de « retour aux sources ».

Fondé en 1990, le producteur indépendant d’énergie renouvelable mène des affaires au Canada, aux États-Unis, en France et au Chili. À 54 % dans l’énergie éolienne, à 30 % dans l’hydroélectricité et à 16 % dans l’énergie solaire, Innergex gère un portefeuille d’actifs composé de 86 centrales en exploitation.

« C’est toujours agréable de voyager, mais c’est aussi toujours le fun de revenir chez toi. Nous sommes très fiers d’être présents ailleurs, mais il y a ce sentiment de bien-être de revenir à la maison où on a déjà toutes nos équipes. C’est comme aller revoir tes anciens chums », image d’entrée de jeu Michel Letellier, président-directeur général d’Innergex, en entrevue téléphonique.

Au Québec, la planification hydroélectrique à long terme a permis de prendre conscience de besoins grandissants en matière d’énergie, ce qui a fait réagir en chaîne les autres provinces canadiennes. En fait, d’ici 2050, il faudra doubler le parc hydroélectrique de la province, et ça va encore plus loin ailleurs au pays, comme dans l’Ouest ou en Ontario.

Juste pour comprendre, la tarte d’énergie au Québec, c’est environ 50-50 entre l’énergie électrique propre et le reste c’est de l’huile, du mazout, du gaz naturel, du pétrole. Si on fait cette projection en Colombie-Britannique, c’est juste 25 % de l’énergie qui est électrique, il leur reste 75 % à décarboner.

Michel Letellier, président-directeur général d’Innergex

Partenariats autochtones

Parmi les nouveautés qui figurent dans les cartons de l’entreprise longueuilloise, on retrouve également deux projets éoliens totalisant 400 mégawatts dans les MRC de Lotbinière et Manicouagan, réalisés respectivement en partenariat avec les communautés autochtones des conseils des Abénakis d’Odanak et de Wôlinak, puis du Conseil des Innus de Pessamit.

Ces deux projets s’ajoutent à un catalogue de projets réalisés de pair avec les communautés autochtones canadiennes : des centrales électriques à Innavik, à Kwoiek Creek, à Umbata Falls et à Walden North, puis des parcs éoliens à Mesgi’g Ugju’s’n et à Viger-Denonville.

Pour Innergex, il s’agit d’un angle qui permet de se différencier de la concurrence, mais également une source de fierté provenant de relations établies sur « du respect et de la transparence ».

« Pendant la construction des grandes infrastructures des années 1940-1950-1960, la société avait une moins bonne compréhension de comment partager le territoire et penser au développement durable », raconte le PDG.

« Nous, quand on a commencé, on avait déjà un souci ; ça a toujours été au premier plan chez nous. On a fait une transition assez rapide entre le besoin de consultation/compensation et l’ouverture à être partenaires avec les communautés. On a embrassé cette philosophie. »

Aujourd’hui, l’entreprise se qualifie de groupe proactif qui « veut fournir de l’électricité de qualité à un prix compétitif tout en étant un rôle de moteur économique à l’échelle régionale », à qui les communautés et les MRC font confiance en tant que « sous-traitant important pour Hydro-Québec et partenaire de choix pour les Premières Nations. »

PHOTO DENIS GERMAIN, COLLABORATION SPÉCIALE

Michel Letellier, président-directeur général d’Innergex

On pense qu’à long terme, une participation régionale, c’est la clé. On trouve normal que les citoyens aient une retombée directe des projets réalisés sur leur territoire. Et ça, je pense que ça doit faire son chemin dans les mines ou dans l’industrie forestière.

Michel Letellier, président-directeur général d’Innergex

À l’avenir, dans le cadre de la transition énergétique, celui-ci estime que les Québécois devront « revoir leur relation avec l’énergie ».

« On a toujours tenu pour acquis que l’énergie était disponible instantanément. On allume la switch, il y a de la lumière. Ce qui va être le plus difficile à gérer, la demande de pointe. L’Europe, par exemple, s’est développé des réflexes. Nous aussi, il va falloir qu’on apprenne autrement. C’est là le défi. »