Les écoles de formation aux métiers du secteur aérospatial tentent d’attirer la main-d’œuvre dont l’industrie a besoin, alors que les carnets de commandes des entreprises sont pleins. Les établissements d’enseignement misent sur l’expérience concrète pour faire naître l’intérêt et attiser la passion.

La mise à l’arrêt du secteur aérien, causée par la pandémie de COVID-19, n’est plus qu’un lointain souvenir. « Nous sommes revenus au niveau prépandémique, et les carnets de commandes sont tous en croissance », observe Mélanie Lussier, PDG d’Aéro Montréal.

Pour répondre à l’expansion de la demande, les entreprises du secteur spatial ont grand besoin de trouver du personnel formé. Or, le contexte de pénurie de main-d’œuvre ne facilite pas les choses. « La difficulté à trouver une main-d’œuvre qualifiée est une préoccupation croissante qui pourrait devenir un frein à la croissance, prévient Mélanie Lussier. Si les entreprises veulent pouvoir livrer la totalité de leurs carnets de commandes dans un délai raisonnable, elles doivent être capables de pourvoir les postes vacants et de remplacer les départs à la retraite. »

D’ici 2033, ce sont 41 569 postes qui seront à pourvoir dans le secteur de l’aérospatiale et du transport aérien au Québec, selon le dernier recensement du Comité sectoriel de main-d’œuvre en aérospatiale (CAMAQ).

Un bond d’inscriptions

Les formations semblent attirer de plus en plus de gens. C’est en tout cas le constat réalisé à l’École des métiers de l’aérospatiale de Montréal (EMAM), où, en un an, le nombre d’élèves a bondi pour passer de 220 à 380, signale Karine Fournier, directrice de l’école.

Malgré cette croissance fulgurante, l’école est toujours prête à accueillir davantage de candidats à son programme d’usinage pour former les machinistes dont l’industrie a un besoin criant. L’école ne parvient pas à satisfaire toutes les demandes des entreprises. Les autres programmes de l’EMAM assurent également des emplois garantis en fin de formation, à savoir le montage mécanique, le montage de structures, la tôlerie de précision, ainsi que le montage de câbles et de circuits.

Les entreprises ne sont pas en reste pour aider l’EMAM à attirer des candidats. Certaines offrent une rémunération aux élèves inscrits à l’alternance études-travail (ATE), qui permet à la fois aux inscrits d’être sur le plancher très tôt dans leur formation, et aux entreprises d’accompagner l’évolution de leur future main-d’œuvre. « C’est une voie où tout le monde est gagnant », se félicite Karine Fournier.

Il n’y a pas une journée qui passe sans qu’une entreprise me dise qu’elle cherche de la main-d’œuvre.

Pascal Désilets, directeur de l’École nationale d’aérotechnique

Recrutement et expansion à l’ENA

Or, l’École nationale d’aérotechnique (ENA) ne remplit pas tous ses programmes de maintenance d’aéronefs, de génie aérospatial et d’avionique. Ce manque a poussé l’école à se tourner vers les régions depuis deux ans. L’ENA s’associe à des entreprises qui la représentent auprès des écoles secondaires, comme en Abitibi-Témiscamingue, où le transporteur aérien Propair fait la promotion des formations offertes par l’école située à Longueuil.

L’ENA ouvre de plus en plus les portes de ses installations pour que les jeunes susceptibles d’être intéressés puissent voir de près la réalité de l’aérospatiale. Avec 38 avions et hélicoptères, dont un A220, l’école a de quoi faire briller les yeux.

Cela semble lui réussir si on se fie à la hausse de plus de 25 % de la fréquentation lors des dernières portes ouvertes de l’établissement. « C’est significatif parce que la moitié des étudiants admis sont d’abord venus à nos portes ouvertes », souligne Pascal Désilets. Et l’école accueillera un spectacle aérien en juin, avec la participation des Snowbirds et d’avions de combat F-18. Plus de 25 000 personnes sont attendues, avec la possibilité de découvrir les installations de l’école.

Sur un autre plan, l’École de technologie supérieure (ETS) s’assure aussi que ses élèves soient souvent sur le terrain. Chaque année, ce sont « facilement 300 à 400 stagiaires » qui vont dans des entreprises de l’aérospatiale, affirme Hany Moustapha, professeur à l’ETS et titulaire de la chaire de recherche industrielle CRSNG-P&WC sur l’intégration et l’optimisation du système de propulsion.

Aussi, l’ETS déploiera son futur département d’aérospatiale sur un campus voisin de l’ENA à Longueuil, permettant aux deux établissements d’enseignement de trouver des synergies, notamment des passerelles facilitant la poursuite d’études des diplômés de l’ENA. Trente millions de dollars seront investis dans ce campus. Et en septembre 2025, l’ETS recevra la première cohorte de son nouveau baccalauréat en aérospatiale, qui apportera sa contribution pour combler les besoins des entreprises du secteur.