Une batterie de véhicule électrique intègre plusieurs métaux et minerais qui permettent le stockage de l’électricité. Si le lithium est la substance la plus connue, il n’est pas le seul à être nécessaire. Et il n’est pas le seul non plus extrait au Québec. Tour d’horizon de ces métaux et minerais indispensables à la mobilité électrique.

Lithium

Le lithium est un élément essentiel pour les batteries des véhicules électriques. Durant le chargement d’une batterie, la cathode envoie des électrons vers l’anode. L’atome de lithium ayant une bonne capacité à libérer les électrons, le lithium accélère la recharge et offre une grande capacité de stockage. Le sous-sol québécois contient du spodumène, un minéral riche en lithium. À La Corne, en Abitibi-Témiscamingue, Sayona a investi plus de 60 millions de dollars pour relancer sa production en mars dernier. C’est la seule mine de lithium en activité actuellement au Québec, mais d’autres projets sont en développement. « Le Québec est un peu sur la carte, mais il manque les étapes de transformation », commente Jean-François Boulanger, professeur de métallurgie extractive des éléments critiques et stratégiques à l’Université du Québec en Abitibi-Témiscamingue. « Il faudra quatre ou cinq années au Québec avant de pouvoir transformer du lithium prêt à aller dans les batteries. »

Graphite

Le graphite est un minéral non métallique, dont les propriétés lui permettent de stocker les atomes de lithium au moment du chargement de la batterie. C’est le matériau principal utilisé pour fabriquer l’anode des batteries lithium-ion.

PHOTO KARENE-ISABELLE JEAN-BAPTISTE, COLLABORATION SPÉCIALE

Du graphite

Le Québec ne compte qu’une seule mine de graphite, celle de Northern Graphite à Lac-des-Îles, mais il est le neuvième producteur mondial. En 2021, sa part de marché était modeste, les 7700 tonnes produites ici représentant à peine 1 % de la production mondiale de graphite. La production québécoise pourrait augmenter avec les projets de développement de Northern Graphite, ainsi que par le projet de Nouveau Monde Graphite qui s’approche d’une production commerciale, précise M. Boulanger. Nouveau Monde Graphite compte exploiter la mine Matawinie à Saint-Michel-des-Saints, dans Lanaudière, pour produire 100 000 tonnes de graphite par année. Et quatre autres firmes étudient des projets miniers de graphite au Québec.

Nickel

Le Québec compte deux mines de nickel en activité. Exploitée par Glencore dans le nord du Nunavik, la mine Raglan produit un concentré de nickel, qui est transformé en Ontario puis en Norvège, pour en faire du sulfate de nickel qu’on retrouve dans les cathodes des batteries. Le projet Nunavik Nickel de Canadian Royalties, dans le même secteur géographique que la mine Raglan, produit lui aussi du concentré de nickel qui est transformé à l’étranger. De son côté, Magneto Investments travaille sur son projet Dumont Nickel au nord-est de Rouyn-Noranda. La Chine, l’Australie et la Russie sont les principaux fournisseurs de nickel de la planète. Pourrait-on imaginer que cette transformation puisse s’opérer au Québec ? Jean-François Boulanger n’y croit pas à court terme. « Construire une fonderie de nickel est un projet qui nécessiterait entre cinq et dix milliards de dollars », souligne-t-il.

Cuivre

On parle moins du cuivre, mais ce métal demeure indispensable à la transition vers la mobilité électrique. « Le cuivre est un métal important dans toute électrification, car il possède de très bonnes propriétés de conductivité pour un prix très raisonnable », explique M. Boulanger. On trouve du cuivre dans le Nord-du-Québec, en Abitibi-Témiscamingue et en Gaspésie. La province est aussi capable de transformer le concentré de cuivre, comme le fait la Fonderie Horne à Rouyn-Noranda, en produisant des anodes de cuivre pures à 99,1 %. Le cuivre pourrait voir son prix augmenter en raison de la forte demande due à l’électrification. Cela pourrait contribuer à augmenter l’intérêt pour des mines de cuivre comme celle de Murdochville, en Gaspésie, dont Métaux Osisko compte relancer l’exploitation en 2030. Mais plusieurs années seront nécessaires pour mener les études environnementales avant d’entreprendre l’aménagement de la mine.