Oubliez l’image du mineur avec sa pioche. Les mines ont fait des bonds de géant en matière de technologies, en adoptant notamment l’automatisation ou les opérations à distance. La dernière en date : la valorisation de données. Sébastien Laflamme, aviseur en transformation numérique chez Agnico Eagle, explique cette évolution.

Sur le terrain de la mine La Ronde, exploitée par Agnico Eagle à Preissac, rien n’est laissé au hasard. La vitesse, la conduite et le trajet des camions sont scrutés et analysés pour optimiser les déplacements. Ces améliorations n’auraient pas été possibles avant la venue du Centre intégré des opérations (CIO), construit l’été dernier.

Ce projet, sur lequel la société minière planche depuis plusieurs années, regroupe l’ensemble des données de l’entreprise.

On a cartographié nos 47 processus, du forage au diamant au traitement du minerai, en passant par le dynamitage ou le traitement des eaux, pour comprendre chacune de nos activités.

Sébastien Laflamme, aviseur en transformation numérique chez Agnico Eagle

Agnico Eagle dispose désormais d’une panoplie de détails, comme le niveau d’essence des camions ou la quantité de chargement. « On suit des indicateurs de performance à haut niveau pour s’assurer de déchiffrer les impacts de chaque activité sur le reste de la chaîne de valeur. Le but, c’est d’intervenir au bon moment et au bon endroit quand il y a un enjeu », ajoute-t-il.

Des tonnes d’avantages

La minière entend mettre à profit les nouvelles technologies, comme l’intelligence artificielle, pour élaborer des modèles améliorant ses performances. « On pourra exporter nos connaissances à travers toute l’entreprise et partager les bons coups », souligne Sébastien Laflamme.

Les ajustements visent à accroître la productivité tout en mettant l’accent sur d’autres aspects, dont la santé et la sécurité des travailleurs. « Pour moi, offrir une paix d’esprit à nos employés en leur offrant une stabilité, ça a aussi une valeur. »

L’accès à ces informations offre un avantage de taille en cette ère de lutte climatique. « On peut observer des données comme la consommation d’énergie ou d’eau fraîche en temps réel. On peut ainsi considérer notre impact sur l’environnement au quotidien et atteindre plus facilement nos objectifs de développement durable. »

Un environnement collaboratif

Construire de telles infrastructures dans la mine la plus profonde en Amérique peut sembler un pari risqué. C’était pourtant la partie facile, selon Sébastien Laflamme. Les capteurs étaient déjà là, les données aussi, même si elles n’étaient pas utilisées à leur plein potentiel.

Le vrai défi, c’est la gestion du changement. C’est un défi humain, pas technologique.

Sébastien Laflamme, aviseur en transformation numérique chez Agnico Eagle

En rassemblant les cinq salles d’opération de La Ronde en un seul endroit, le CIO favorise la communication et la collaboration entre les employés. « On prend des décisions d’équipe. Ça brise les silos. »

Sébastien Laflamme insiste : le Centre intégré des opérations n’est pas une salle de contrôle. « On est des conseillers, on fait des recommandations que les sites sont libres d’appliquer ou non. »

La suite des choses

Le CIO n’en est encore qu’à ses balbutiements. À la fin de son implantation à La Ronde en 2024, il sera déployé graduellement au complexe minier LZ5, puis à Goldex, et finalement à Canadian Malartic. « Ça prendra de deux à trois ans pour intégrer tous les complexes d’Agnico Eagle en Abitibi », estime Sébastien Laflamme. La minière compte d’ailleurs plus de 4000 employés dans la région.

Le reste du monde suivra. « On veut étendre le principe dans chacune des régions où on fait affaire : au Québec, au Nunavut, en Ontario, en Finlande, en Australie et au Mexique. »